Baguette
Lancée par un habile minotier, la « baguette qui fait maigrir » est un petit pas pour la boulangerie, mais un grand pas pour l’humanité. Elle va nous sauver de l’embonpoint qui tue. Bravo pour l’innovation… encore que je rêve parfois de faire passer le goût du pain à certains. Ce qui est diablement post-moderne, c’est l’alliance des contraires pour un résultat opposé à la somme des effets supposés. Manger du pain pour maigrir ouvre des perspectives infinies. Bientôt, nous boirons du vin pour soulager notre foie, et fumerons des havanes pour améliorer notre souffle. Pour le moment, les limites du système ne sont pas connues. Une star’ac’ sans le son peut-elle rendre nos enfants moins idiots ? L’élégance et la précision de la langue renaîtront-elles d’un rap pétri de meilleures intentions ? Un budget à fibres européennes fera-t-il maigrir l’État obèse ? Des syndicats moins glucosés par les avantages acquis pourraient-ils servir la réforme ? Et enfin : des Turcs sans farine de pois chiche peuvent-ils devenir européens ? Oui, mais à deux conditions : qu’ils rendent Sainte-Sophie à la Croix, et que les hommes politiques qui s’y opposent le fassent avec toujours autant de platitude et d’inavouables arrière-pensées. Attiré d’un côté, repoussé de l’autre, je me ferais peut-être alors une raison…