Aide alimentaire : «attention, si ça continue, ça va claquer»
En France, à peu près 3 millions de personnes auraient recours à l'aide alimentaire et ce chiffre est en croissance. La fédération française des banques alimentaires (FFBA) vient de réaliser une enquête édifiante auprès de ses associations et des caisses centrales d'activités sociales (CCAS) partenaires Etude réalisée par l'institut CSA du 6 au 15 avril dernier grâce à un questionnaire envoyé à 4112 (38% de retour).. Premier enseignement : le profil des destinataires de l'aide n'est pas toujours celui que l'on croit. Si certaines sont marginalisées, une sur dix est salariée et 16% sont retraités. 23% sont chefs de famille monoparentale et un quart des bénéficiaires a moins de 26 ans ou plus de 70 ans. Contrairement aux idées reçues, 65% des personnes ayant recours à l'aide alimentaire bénéficient d'un logement durable. Alors que ce devrait être un secours d'appoint, l'enquête révèle qu'une personne sur trois reçoit l'aide depuis 2 ou 3 ans et une sur deux depuis plus d'un an. Plus grave : un partenaire sur deux estime être confronté à une augmentation de la demande. « Nous vivons dans un environnement social tragiquement délabré. Nous ne pouvons pas continuer comme ça, ça va claquer», s'alarme Pierre de Poret, président de la FFBA. Les Banques alimentaires qui ont fourni 71 000 tonnes de denrées l'an dernier, auront-elles toujours les volumes suffisants pour répondre à la demande ?
Plus de produits frais et surgelés
« Jusqu'à présent, nous avons plutôt été bons. Mais cela nécessite une bataille plus soutenue», répond, Jean-Marie Dupont, directeur fédéral, qui ajoute « nous nous sommes quand même fait peur quand l'Union européenne a fait craindre à une baisse de l'aide au bénéfice de la France après l'entrée des pays de l'Est». Si le maintien de l'aide européenne est assuré pour 2007, le président de la FFBA souligne toutefois qu'un doute persiste encore sur les volumes. Autre combat de l'association : récupérer davantage de produits frais (auprès de la grande distribution qui face à ses propres difficultés gère de manière de plus en plus stricte ses achats) et de surgelés (auprès des industriels) dans un souci de plus grande diversification de l'offre. Récemment les banques alimentaires ont résolu un problème en parvenant à faire transformer des produits laitiers en aliments premiers âge pour bébés.