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PROTÉAGINEUX des prix et marges brutes en progression

La campagne qui s’ouvre a de quoi rassurer les producteurs malgré la baisse sensible des surfaces, qu’une légère hausse des rendements ne suffit pas à compenser pour stabiliser la production

« C’EST UNE ANNÉE très difficile pour notre filière, en raison du décrochement sensible des surfaces en 2006 » , a souligné en substance Benoît Carrouée, chef du service technique de l’Unip, lors de la conférence de rentrée de la filière protéagineuse. Mais la bonne qualité de la récolte et le redressement des prix en ce début de campagne de commercialisation ont de quoi rassurer les producteurs. « Contrairement à 2005 où les mauvais rendements n’ont pas été compensés par de bons prix », la flambée des cours du pois, dans le sillage du blé, est de bon augure.

Ainsi les pois et féveroles voient-ils leurs marges brutes augmenter dans un contexte où d’autres cultures ont souffert du climat. Ils retrouvent un niveau de rentabilité relatif plus conforme à la moyenne pluriannuelle et montrent qu’ils font partie des assolements performants sur le plan économique, au vu de leurs bénéfices dans la rotation.

Des marchés prometteurs

« Contrairement au discours infondé selon lequel les fabricants d’aliments pour animaux ne veulent plus de pois, l’activité fonctionne normalement avec des marchés directeurs que sont le blé tendre et le soja », affirme Benoît Carrouée. Un avis partagé par Gérard Debaene, l’actuel président de l’Unip qui devrait dans quelques semaines laisser sa place à son successeur, dont le nom n’a pas été dévoilé : « On n’a jamais eu de soucis de débouchés ou de stocks à gérer en pois – juste le report de sécurité – alors qu’il n’y a aucun instrument de marché». Et de rajouter : « Le pois est utilisé ! » De fait, malgré la flambée de ses cours depuis la fin du mois d’août, la demande est présente – de façon plus ou moins marquée, certes – mais c’est davantage le manque de disponibités qui bloque les affaires. Ce renchérissement a été trop tardif pour influencer les prix d’acompte payés aux producteurs pour les livraisons à la moisson. Cependant, ils étaient en légère hausse par rapport à l’an dernier, à 108 E/t (+4 E/t). Et la situation actuelle des marchés laisse espérer des compléments de prix plus importants que sur la campagne passée où ils n’ont été que de 4,5 E/t en moyenne.

Concernant l’alimentation humaine, alors que le marché du pois jaune pour le sous-continent indien ne présente pas de « très fortes » perspectives « sauf accident climatique qui bloquerait la logistique canadienne », les Français sont « bien placés sur celui de la féverole » à destination de l’Égypte. Tandis que la sécheresse aurait dégradé le potentiel de rendement de la récolte australienne et que des grains bruchés handicapent les marchandises anglaises, la production hexagonale semble présenter une « qualité meilleure que certains le craignaient après les pluies du mois d’août ». Dans les régions tardives du Nord-Ouest, les féveroles ont finalement été récoltées sans trop de dommages concernant la couleur des grains. À l’inverse, les plus précoces (Ouest et Sud-Ouest) ont parfois subi des décolorations et des déformations liées à la chaleur interne au cours de la maturation.

Des performances économiques accrues

Concernant le pois, on peut s’attendre à une légère baisse des charges d’intrants (engrais, semences, phytosanitaires). D’une part, la pression de maladie et ravageurs a été faible en général, d’autre part, le changement de la législation sur les mélanges en avril 2006 a rendu à nouveau possible des désherbages de post-levée à coût réduit, en particulier le mélange Challenge + bentazone. À l’inverse, pour les autres cultures non fixatrices d’azote, la forte hausse du prix des engrais azotés a probablement accru leurs charges d’intrants.

Avec des rendements en légère progression en moyenne nationale (à 44 q/ha selon la dernière estimation de l’Unip), des prix en hausse, des charges sans doute plus faibles, les marges brutes du pois se sont donc bien redressées par rapport à 2005 où elles avaient nettement décroché. Compte tenu de la prime couplée de 55,57 E/ha qui s’ajoute à l’aide de base pour chaque hectare de protéagineux, le pois retrouve donc sa place dans le groupe des grandes cultures en terme de rentabilité.

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