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L’agriculteur producteur d’énergie : quels garde-fous mettre en place ?

« Agriculture énergiculteur : synergie ou compétition » ? Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture et le député PS Dominique Potier ont débattu sur le sujet lors des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation organisées le 14 février par le groupe Réussir-Agra.

Produire de l’énergie renouvelable est un enjeu pour l’agriculture française face aux défis du changement climatique et à la nécessité de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Mais comment faire en sorte que cette activité ne vienne pas concurrencer la vocation principale alimentaire des agriculteurs et comment bien répartir la valeur ? Dominique Potier, agriculteur et député PS de Meurthe-et-Moselle et Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture de France ont échangé leurs points de vue sur le sujet lors des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation, organisées par le groupe Réussir-Agra le 14 février à Paris.

C’est très compliqué. Les équilibres vont être durs à trouver, on a besoin de toute la science là-dessus

« Le vrai enjeu, selon Sébastien Windsor, c’est de produire avec des énergies renouvelables plus de biomasse dans une période de changement climatique et en réduisant notre empreinte énergétique ». « C’est très compliqué. Les équilibres vont être durs à trouver, on a besoin de toute la science là-dessus. On n’a pas d’autre choix que réussir », exprime le président des Chambres d’agriculture. Selon lui pour parvenir à relever le défi toutes les énergies doivent être poussées : aussi bien la méthanisation que le photovoltaïque

Lire aussi : « Il va falloir démondialiser l’agriculture » selon Jean-Marc Jancovici

Petite méthanisation en élevages : une piste pas assez exploitée

Pour Dominique Potier, l’enjeu est essentiel et avec la baisse du rôle de puits de carbone des forêts en France, l’agriculture « va devoir faire plus » sur le plan énergétique. Mais pour cela une « planification écologique » est nécessaire. Et le député PS de s’étonner du manque de visibilité actuelle d’Antoine Peillon secrétaire général à la Planification écologique.

Lire aussi : Quelles perspectives pour les producteurs d'énergie à la ferme ?

Sur la méthanisation, le député regrette que la « petite méthanisation » intégralement fondée sur l’élevage ne soit pas assez exploitée en France. 

70 000 fosses à lisier ne sont pas couvertes en France

« 70 000 fosses à lisier ne sont pas couvertes en France, on pourrait ne serait-ce qu’en couvrir 30 000, ce qui générerait moins d’émissions de gaz à effet de serre et permettrait de produire de l’énergie moins grise », exprime Dominique Potier qui regrette que cette « vision, comme elle n’est pas marchande, n’a pas été portée ».

Lire aussi : Méthanisation : pourquoi Hervé Morin suspend toute instruction de dossier de financement en Normandie ?

Photovoltaïque : « attention aux marchands de soleil »

« Le solaire, en revanche est un secteur très marchand, avec un rendement plus fort que la biomasse. Là-dessus on a laissé les marchands de soleil faire leur business, ils auraient un million d’hectares dans leurs portefeuilles, qu’est-ce qui va rester pour l’agriculture ? », déplore en revanche le député PS. 

Dominique Potier et Sébastien Windsor sont d’accord sur le fait d’empêcher les panneaux photovoltaïques au sol sur les terrains agricoles. Le président de Chambres d’agriculture de France rappelle que son organisation est chargée de cartographier les seuls « terrains réellement improductifs » qui pourront en accueillir. 

Lire aussi : Centrales photovoltaïques au sol : quelles règles pour qu’elles soient exclues de l’artificialisation

Un recours prévu contre le décret sur l’agrivoltaïsme

Sur l’agrivoltaïsme, le décret qui se fait attendre focalise les critiques. « Il y’ aura un recours contre le décret » prévoit déjà Dominique Potier. Le projet de décret présenté en décembre « ne respecte ni la science ni la démocratie » déplore le député. A l’issue de son intervention aux Controverses de l’agriculture et de l’alimentation, Dominique Potier a expliqué à nos confrères d’Agrafil que le recours, motivé par une association, porterait sur « les taux de couvertures (trop élevés selon le député, ndlr), le manque d'effectivité des mesures de contrôle et l'absence de garanties concernant le respect du droit du sol et de régulation foncière pour contrer le risque d'emphytéose et de spéculation ». 

Je ne veux pas que des GFA explosent à cause de la rente foncière sur l'agrivoltaïsme

« Il faut régler la question du fermage, ça fait des mois que nous demandons une mission du CGAAER sur le sujet », a déclaré en tribune le député PS, affirmant qu’il ne voulait pas « que des GFA explosent à cause de la rente foncière sur l’agrivoltaïsme ».

Lire aussi : Agrivoltaïsme : quelles perspectives de développement au bénéfice de l’agriculture ?

Sébastien Windsor réclame un observatoire sur l’agrivoltaïsme

Pour Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture, afin que l’agriculture bénéficie de l’agrivoltaïsme, « la décision sur l’autorisation d’un projet devra être prise localement », au niveau des CDpenaf (Commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers). Il réclame aussi un observatoire sur l’agrivoltaïsme, indiquant que les Chambres d’agriculture disposent déjà de 200 expérimentations sur le sujet.

Il faut des sanctions y compris pour l'énergéticien

Le président des Chambres d’agriculture rappelle aussi que chaque chambre doit développer une doctrine locale pour définir un développement maîtrisé de l’agrivoltaïsme avec un nombre maximal d’hectare.

Sur les sanctions, il rejoint Dominique Potier estimant que « pour qu’il reste de l’agriculture sous les panneaux, il faut des sanctions y compris pour l’énergéticien » en cas de manquements aux règles. Sébastien Windsor réclame aussi comme le député un cadre réglementaire pour un meilleur partage de la valeur créée par l’agrivoltaïsme.

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