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Ils ont contractualisé leurs productions maraîchères

La famille Breau a sécurisé ses exploitations en contractualisant ses productions maraîchères avec la coopérative Rosée des champs. Un choix qu’elle juge avant tout rassurant.

« On ne se serait pas installé sur l’exploitation s’il n’y avait pas eu la contractualisation », assure Sébastien Breau, maraîcher à Villebernier près de Saumur. Sébastien Breau s’est installé sur l’exploitation familiale avec son frère et son beau-frère il y a dix ans. Les trois associés ont eu un parcours professionnel en dehors de l’agriculture, dans la maintenance industrielle pour Rodolphe Breau, en tant que charcutier-traiteur pour Christophe Lissonnet, le beau-frère, et aux services des eaux de la ville de Loudun pour Sébastien Breau, sans toutefois s’écarter de l’agriculture et de l’activité de leurs parents.

Se soustraire aux aléas du marché

L’adhésion de la ferme maraîchère familiale à la coopérative Rosée des champs avait été initiée par ces derniers. « Ils ont commencé à gagner de l’argent le jour où ils ont contractualisé leurs productions maraîchères et assuré leurs débouchés », témoigne Sébastien Breau. Ainsi, cette démarche a été déterminante dans leur décision de reprendre le flambeau au départ en retraite des parents, en 2006. Tous avaient l’envie de s’établir sur les terres de Villebernier, mais ils désiraient aussi se soustraire aux aléas du marché et limiter au maximum les pertes de marchandise. « On ne produit pas pour jeter, insiste en effet Sébastien Breau. Du jour où mes parents sont entrés à la coop’, il n’y a plus eu de perte ». De 7 ha au départ, la production de légumes s’est développée et se déploie aujourd’hui sur 50 ha dont 40 ha en agriculture conventionnelle et 10 ha en bio. Elle se structure autour de l’EARL Breau-Lissonnet et de la SCEA Bio Brelis. En production conventionnelle, la salade destinée à la transformation est la culture estivale principale. L’exploitation fournit 1 300 tonnes de salades à la coopérative. L’hiver, la culture de poireau prend le relais sur 12 ha. S’ajoutent 5 000 m2 en serre verre et 5 000 m2 en serre plastique pour la production de concombre.

Le bio, pour « prendre de l’avance »

Pour répondre à une demande de la coopérative, l’exploitation a également commencé à produire des surfaces en bio à partir de 2009. « D’un hectare de carottes et potirons au départ, nous avons étendu la surface bio jusqu’à dix hectares cultivés, et cela sur des terres que nous avons achetées au fur et à mesure autour du corps de ferme », explique l’agriculteur. Certaines, en prairie, n’ont pas nécessité de conversion. La ferme a donc élargi sa gamme et fournit aujourd’hui en plus des salades, poireaux et concombres en agriculture conventionnelle, du fenouil, des salades, des pommes de terre, des carottes, des betteraves rouges, des poireaux et des courges butternut en agriculture biologique. La réduction des moyens phytosanitaires, notamment en matière de désherbage et le développement de production en agriculture biologique, ont aussi fait évoluer les pratiques culturales. L’entreprise s’est donc équipée en outillage spécialisé, notamment une bineuse Gardford et plus récemment un robot de désherbage Dino (voir encadré). « Notre volonté était de « prendre de l’avance » vis-à-vis d’une réglementation phytosanitaire de plus en plus restrictive, même s’il n’est pas question pour l’heure de convertir l’ensemble des surfaces en AB », explique Sébastien Breau. Et ça marche ! « Aujourd’hui, nous utilisons des itinéraires techniques, notamment en désherbage, identiques en conventionnel et en bio en utilisant notre matériel de désherbage mécanique indifféremment sur les parcelles en bio et en conventionnel de salade et de poireau », témoigne le producteur. Certains modes de protection, en particulier l’utilisation d’huiles essentielles, sont aussi généralisées sur l’ensemble des cultures. Il n’y a pas non plus de temps mort sur l’exploitation pour les trois associés qui emploient sept salariés en CDI. La période la plus chargée est le mois de juin, lorsqu’il faut en même temps planter les poireaux, gérer les semis et le désherbage en bio. A ce moment-là, l’exploitation embauche jusqu’à 28 saisonniers.

Augmenter la part de l’agriculture biologique

Aujourd’hui, 90 % du chiffre d’affaires de l’exploitation est assuré par des productions sous contrat avec la coopérative Rosée des Champs qui, selon sa vocation première, est le prolongement de l’entreprise de production. Seule une part de la production de poireau et de fenouil n'est pas contractualisée. Le service agronomique de la coopérative construit les plannings de production selon les besoins des marchés visés et s’assure des volumes à produire auprès des adhérents. « Nous avons ensuite à produire le mieux possible. La rémunération est établie selon un prix en tenant compte des coûts de production des producteurs », explique Sébastien Breau. « Il faut s’abstraire des cours ponctuels du marché du frais et regarder la rémunération de nos productions à long terme, sur trois à cinq ans », mentionne-t-il. La contractualisation sécurise donc le revenu des exploitations et rassure les partenaires financiers, notamment les banques. Celles-ci se montrent moins réticentes à réaliser des prêts pour l’investissement avec des débouchés assurés. Pour l’avenir, Sébastien Breau estime que l’exploitation a atteint une taille suffisante. Le peu de possibilité d’agrandissement dans un périmètre proche limite son développement. Les associés envisagent plutôt d’augmenter la part de l’agriculture biologique et de faire des échanges de parcelles pour allonger les rotations. A moyen terme, un fils viendra reprendre les parts de son père…

Il faut s’abstraire des cours ponctuels du marché du frais et regarder à long terme

A savoir

L’exploitation

- 3 associés : Sébastien et Rodolphe Breau, Christophe Lissonnet

- 7 salariés en CDI

- 50 ha de SAU (dont 10 ha en agriculture biologique)

- 1 ha de serre

Rosée des champs, spécialiste 4e gamme

Investi depuis plusieurs années et vice-président depuis trois ans, Sébastien Breau a pris, fin 2017, la présidence de la coopérative Rosée des champs, à Doué-en-Anjou. Il succède à Jean-Maurice Fouchet, un maraîcher de Saint-Martin-de-Sanzay (Deux-Sèvres). La coopérative rassemble 45 adhérents, apporteurs à 100 %, principalement installés en Maine-et-Loire et un peu dans les Deux-Sèvres. Des exploitations de moins en moins nombreuses, puisqu’elles étaient encore 60 adhérentes il y a quelques années. Mais elles sont de plus en plus grandes et cultivent une large diversité de légumes. La Coop’ est spécialisée dans la 4e gamme (conditionnement de salades et de crudités), la 5e gamme (légumes pasteurisés) et la 1re gamme (frais). Le site de Doué emploie 220 personnes. Un second site, situé à Plan-d’Orgon (13) a ouvert il y a quatre ans et emploie 80 salariés. Rosée des champs répond aux besoins du marché RHD (Restauration hors domicile).

Le binage se robotise

 

Le manque d’efficacité des herbicides pour la maîtrise de l’enherbement des parcelles de salade a conduit à investir dans une bineuse de précision Gardford. L’engin permet de travailler l’ensemble de la parcelle, planche et passage de roue. Equipé de caméras et de différents éléments mobiles de binage, il assure un binage entre rang et sur le rang. « Nous réalisons un binage six et douze jours après plantation. L’important est d’intervenir au stade jeune des adventices pour une meilleure efficacité du binage et une bonne différenciation entre plantules de mauvaises herbes et plants de salade par le système de vision de la bineuse », explique Sébastien Breau. Il est toutefois possible d’intervenir plus tardivement si l’état d’enherbement de la parcelle l’impose en effectuant certains réglages. Depuis sa mise en circulation, l’exploitant estime économiser 20 000 euros de temps de travail, essentiellement de main-d’œuvre pour le binage manuel sur le rang. Toutefois depuis deux ans, l’entreprise a investi dans un robot Dino, avec un partenariat de développement avec son constructeur Naïo. Dès la plantation, le robot enregistre son passage dans la parcelle qu’il reprend par la suite. Pour l’heure, le robot assure le désherbage entre rang mais le producteur espère pouvoir rapidement désherber sur le rang avec l’adaptation de modules motorisés. D’autres tâches sont également possibles notamment l’apport d’engrais dans les poireaux. Pour l’heure, le robot fonctionne seul dans la parcelle avec toutefois la présente d’une personne à maximum 250 m de lui. « Avec une autonomie totale et 100 % de fonctionnalité, Dino pourrait faire gagner au moins dix heures de travail de binage par semaine pendant trente semaines dans l’année », mentionne le producteur, précisant que le gain de temps avec sa bineuse est déjà très conséquent.

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