Près d’un tiers d’exploitations en moins aux Pays-Bas d’ici à 2040 ?
Entre moratoire sur les élevages caprins, lois environnementales et limitation des émissions d’azote, l’élevage néerlandais est sous pression.
Entre moratoire sur les élevages caprins, lois environnementales et limitation des émissions d’azote, l’élevage néerlandais est sous pression.
Martijn Weijtens, conseiller agricole à l’ambassade des Pays-Bas, et Jos Tolboom, éleveur et président de la section caprine du syndicat d’agriculteurs néerlandais LTO, sont intervenus à l’assemblée générale de la Fnec pour présenter la filière caprine néerlandaise. 440 millions de litres de lait y sont valorisés principalement en fromages et poudre de lait infantile. « Les plus grands défis pour les 440 éleveurs caprins des Pays-Bas sont le bien-être animal et la viande caprine », a annoncé d’emblée Jos Tolboom.
Statu quo dans les élevages caprins
L’environnement et le climat tiennent une place importante dans l’actualité néerlandaise depuis plusieurs années : directives sur la protection de la nature, l’environnement et le climat ; directive nitrate, sur les eaux de surface et souterraines, et la loi azote, sur l’ammoniac dans l’air. Ce dernier dossier est particulièrement explosif comme l’ont montré les manifestations très importantes l’été dernier. « Nous pensons que la production agricole néerlandaise pourrait diminuer de 30 % d’ici dix à quinze ans en raison de ces trois contraintes réglementaires sur les émissions », s’inquiète Jos Tolboom.
Côté bien-être animal, la législation est en cours de construction.
Absence de débouché en viande
L’influence de la santé publique sur la production caprine est forte depuis une quinzaine d’années avec des cas de fièvre Q humains importants entre 2007 et 2010. Plus récemment, des habitants proches d’élevages caprins ont déclaré des pneumonies de façon plus fréquente que dans la population générale, conduisant le gouvernement à adopter un moratoire spécifique à l’élevage caprin. Tous les projets, modernisation ou agrandissement, sont bloqués. L’origine des contaminations est en cours d’identification, et c’est le statu quo en attendant.
12 euros par chevreau…
Sur la viande caprine, les difficultés sont encore plus importantes qu’en France, avec une absence totale de débouché local et très peu de producteurs fermiers qui pourraient développer cette production (20 à 30 sur les 440 éleveurs caprins néerlandais). Aujourd’hui, les éleveurs payent 12 euros par chevreau à l’engraisseur pour une valorisation finale de la viande de 4,50 €/kg. De plus, un certain nombre de chevreaux sont abattus entre 5 et 10 jours et orientés vers l’alimentation animale.
… payés par le naisseur
Les lactations longues sont très développées, avec une mise bas unique, et juste le bon nombre de naissances pour assurer le renouvellement. Il y a de moins en moins d’engraisseurs, et ceux qui voudraient se lancer ne le peuvent pas à cause du moratoire. L’objectif est de développer l’engraissement à la ferme, à condition de lever certains freins, dont le moratoire. Et depuis 2018, les éleveurs doivent être engagés dans la démarche qualité « Kwaligeit », obligatoire pour livrer du lait. Un des critères de qualification est la mortalité des chevreaux suivie en atelier d’engraissement. Le naisseur est tenu responsable si elle est trop élevée. Côté abattoir, les difficultés sont là aussi nombreuses entre sous capacité d’abattage et de vétérinaires sanitaires.
Malgré toutes ces contraintes, Jos Tolboom a le sourire et est confiant : « Nous avons un produit très apprécié et un métier valorisé par nos concitoyens. De bonnes raisons d’être optimiste ! »