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Deux tiers des parcelles viticoles étudiées par EcoVitiSol sont dans un état biologique correct

En comparant les pratiques de cent cinquante viticulteurs en conventionnel, bio et biodynamie, le projet EcoVitiSol a permis de mieux comprendre l’effet des modes de culture sur la biologie du sol.

Les scientifiques de l'Inrae ont prélevé des échantillons de sol dans cent-cinqunate parcelles en Bourgogne et en Alsace pour en analyser la microbiologie.
Les scientifiques de l'Inrae ont prélevé des échantillons de sol dans cent-cinqunate parcelles en Bourgogne et en Alsace pour en analyser la microbiologie.
© Inrae

Le premier volet du projet EcoVitiSol a été mené dans trois zones viticoles que sont l’Alsace, la Bourgogne sud et la Bourgogne nord. Le tout sur un réseau de cinquante parcelles pour chacun des territoires, équitablement réparties entre conventionnel, biologique ou biodynamique. L’objectif était simple : analyser la qualité microbiologique des sols viticoles et l’impact des modes de production. « Nous avons mis en place pour cela une approche de science participative, explique Lionel Ranjard, à l’Inrae. C’est-à-dire que nous sommes allés analyser la qualité des sols directement chez les viticulteurs. » Les scientifiques ont effectué des prélèvements chez chacun des cent cinquante participants pour des analyses physico-chimiques et biologiques, ces dernières étant faites à l’aide de technologies moléculaires. Ils ont réalisé en parallèle une enquête fine des pratiques pour chaque viticulteur. Pour chaque parcelle a été défini un indicateur de biomasse microbienne, deux autres correspondant à la diversité des champignons puis des bactéries, et un ratio entre bactéries et champignons. Ces quatre indicateurs pondérés ont donné une note globale. « Le premier enseignement que nous avons tiré est que seul un tiers des parcelles, de façon générale, est dans un état biologique vraiment déprécié », relate le chercheur.

Le travail du sol, premier facteur de dépréciation microbiologique

Il en ressort également des tendances concernant la microbiologie des sols. Notamment une amélioration graduelle de la qualité quand on part du conventionnel pour aller vers la biodynamie. « Attention, cela ne veut pas dire que les viticulteurs en biodynamie soient systématiquement mieux notés, mais il y a chez eux proportionnellement plus de bon diagnostics », souligne Lionel Ranjard. L’analyse des pratiques montre que la plus délétère, d’un point de vue microbiologique, reste le travail du sol, un peu avant l’utilisation de biocides. L’aspect vertueux des engrais organiques est également ressorti, de même que, dans une moindre mesure, la restitution des sarments.

Un autre outil a été utilisé par les chercheurs : les réseaux d’interaction. « Plus les réseaux sont complexes, plus cela signifie que les microorganismes interagissent entre eux, et plus la communauté est stable et fonctionnelle », décrypte le scientifique. On dénombre ainsi en moyenne près de 90 000 interactions dans un sol en agriculture conventionnelle, un peu plus de 60 000 en bio et 150 000 en biodynamie. Diverses hypothèses peuvent expliquer ces différences. Le travail du sol par exemple, qui stimule les bactéries opportunistes et détruit la porosité du sol, est souvent plus répandu en bio. Les biodynamistes ont quant à eux tendance à porter davantage d’attention à leur sol, certaines préparations lui étant dédiées. Mais ce ne sont que des hypothèses…

EcoVitiSol se lance dans un tour des régions

 

 
Les échantillons de sols de vignes en Provence seront analysés dans l'hiver afin d'estimer la qualité microbiologique des parcelles de la région. © Syndicat des côtes-de-provence
Forts de leur expérience en Bourgogne et en Alsace, les scientifiques de l’Inrae de Dijon ont décidé de poursuivre le projet en allant explorer de nouveaux territoires. Dans les dix prochaines années, une bonne partie de la diversité des sols viticoles français devrait ainsi être étudiée. Le déploiement a commencé dès le mois de décembre dernier, en partenariat avec le syndicat des côtes-de-provence. « Un sol mieux structuré c’est une réserve utile optimisée, observe Nicolas Garcia, le directeur du syndicat. C’est pourquoi il nous a semblé important, dans ce contexte de changement climatique, de faire un point 0 pour ensuite bâtir une stratégie. Les vignerons ont d’ailleurs vite adhéré au projet. » La première réunion d’information a eu lieu avec soixante viticulteurs volontaires, toujours en respectant la règle des trois tiers (conventionnel, bio, biodynamie). Les scientifiques ont également passé une semaine sur le terrain pour réaliser l’enquête détaillée des pratiques et prélever les échantillons de sol. Ils organiseront à l’automne prochain un rendu de groupe avec échanges et interprétations, au cours duquel chaque participant recevra une fiche de synthèse individualisée de ces résultats. L’an prochain, le projet sera déployé en Gironde. « Nous pourrons également revenir sur les territoires pour suivre ceux qui souhaitent évaluer leurs changements de pratiques », assure Lionel Ranjard, qui précise qu’EcoVitiSol n’est plus financé par l’Office français de la biodiversité (OFB) mais par des cofinancements avec les acteurs viticoles territoriaux.

 

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