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Panneaux retournés : qui est derrière cette opération qui se répand en France ?

Depuis trois semaines, des panneaux à l’entrée des villes sont retournés. Qui est à l’origine de cette opération de communication amorcée dans le Tarn et qui se déploie aujourd’hui dans toute l’Occitanie et même autour de Lille et dans la Sarthe ? Quel est le message derrière ce geste symbolique ?

panneau de la ville St Martin-Lauguépie retourné
Les Jeunes agriculteurs du Tarn revendiquent avoir retourné 300 panneaux de ville dans leur département.
© JA du Tarn

[Mis à jour le 23 novembre 2023]

Depuis quelques semaines, les journaux de presse quotidienne régionale d’Occitanie font état d’une « épidémie » de panneaux retournés à l’entrée des villes. Initié dans le Tarn le mouvement s’étend dans la région Occitanie et déborde désormais des frontières régionales touchant même le Nord. Le 3 novembre Le Parisien titrait « le gang des « retourneurs » de panneaux du Tarn a été identifié ». Reussir.fr a interviewé Christopher Régis, président des Jeunes agriculteurs du Tarn, qui lève le voile sur cette opération de communication originale.

 

Qui a eu l’idée de retourner des panneaux à l’entrée des villes ?

« Nous avons commencé le dimanche 22 octobre », souligne Christopher Régis, président des Jeunes agriculteurs du Tarn. « L’idée est venue au fil de discussion. En réunion avec la FDSEA du Tarn, on s’est dit qu’on en avait marre et qu’il fallait faire une manifestation. Et puis autour d’un verre on a trouvé le slogan « on marche sur la tête » et quelqu’un a lancé l’idée de retourner des panneaux à l’entrée des villes. « Début septembre, des panneaux avaient été mélangés autour de Toulouse. Nous on a eu l’idée de les retourner proprement sans dégâts », poursuit l’élu du syndicat agricole. En tout les deux syndicats agricoles du Tarn vont retourner 300 panneaux du département « entre 22h et minuit », raconte Christopher Régis.       
 

Une opération retournement de panneaux accompagnée de messages sur les réseaux sociaux

Le 26 octobre, les Jeunes agriculteurs du Tarn commencent à dévoiler être à l’origine de l’opération sur les réseaux sociaux et décident de diffuser une vidéo par jour pour expliquer leurs revendications. Ils collent en parallèle sur les panneaux retournés le slogan « on marche sur la tête ».

Le slogan « on marche sur la tête »

« Oui l’agriculture tarnaise est en difficulté, nos jeunes sur l’installation nous n’avons pas de visibilité pour les nouvelles générations. Nous n’avons pas le moyen de transmettre nos exploitations comme nous le souhaitons. La transition dans le renouvellement des générations est primordiale ce n’est pas avec des retraités que nous allons faire l’avenir de l’agriculture tarnaise », déclare Christopher Régis, face caméra.

Plusieurs représentants du syndicat Jeunes agriculteurs du Tarn expriment leur « ras-le-bol » sur Facebook. Christophe Rieunau, agriculteur et Secrétaire général FDSEA du Tarn, met en avant « l’accumulation de normes », « la pression des GMS », « des accords commerciaux internationaux déloyaux » ou encore une réglementation « chronophage ».

Parmi les mesures contestées par le syndicat : la hausse de la taxation sur le GNR dans le cadre du projet de loi de finances 2024, qui selon eux, va obliger les agriculteurs tarnais à puiser dans leur trésorerie.

 

Lire aussi : GNR : les agriculteurs touchés dès 2024 par la fin de la défiscalisation mais pas les transporteurs

Céline Imart, trésorière-adjointe de la FDSEA du Tarn, met pour sa part en avant dans une vidéo « les incohérences auxquelles font face les agriculteurs sur la réglementation environnementale », en citant la disparition de solutions phytosanitaires comme le prosulfocarbe et la hausse de la redevance pour les pollutions diffuses.

 

Lire aussi : GNR, pesticides, irrigation : les agriculteurs davantage taxés en 2024 

Les Jeunes agriculteurs du Tarn reçoivent des marques de solidarité

Cette opération des panneaux retournés est matérialisée sur le réseau Facebook par l’image retournée du profil des initiateurs. Une démarche reprise en signe de soutien par des organisations agricoles comme la Chambre d’agriculture du Tarn ou des fournisseurs comme Caste Aliment, RAGT. Des maires de petites communes marquent aussi leur solidarité, en laissant les panneaux retournés à l’entrée de leur ville.    
 

D’autres départements rejoignent le mouvement des panneaux retournés

Alors que le mouvement des panneaux retournés commence à faire parler de lui dans la presse, d’autres départements décident d’imiter la démarche de la FDSEA et des JA du Tarn. « La Haute-Garonne nous a suivis, puis les Hautes-Pyrénées, l’Aude, l’Hérault… Tous les départements d’Occitanie s’y mettent » affirme Christopher Régis. D’autres départements tels que la Meuse, le Nord ou encore la Sarthe ont appelé les Jeunes agriculteurs du Tarn avant de déployer eux aussi l’opération sur leur territoire.

 

Une manifestation à Albi ce mardi 14 novembre

Ce mardi 14 novembre, FDSEA et JA du Tarn comptent aussi manifester à Albi pour exprimer leur ras-le-bol, 80 tracteurs et 300 à 400 agriculteurs sont attendus. Une délégation devrait être reçue à la préfecture à 11h.

Lire aussi : Tous à Albi le 14 novembre pour défendre l'agriculture ! 

 

 

Arnaud Rousseau retourne aussi le panneau de sa mairie

A noter que plusieurs semaines après le mouvement qui s'étend comme une trainée de poudre sur toute la France, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a repris le message "On marche sur la tête" et annoncé se joindre à l'initiative en retournant les panneaux signalétiques de la commune de Trocy-en-Multien en Seine-et-Marne dont il est maire. Et ce dans le cadre de la mobilisation nationale à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs organisée depuis le 20 novembre.

Nous appelons à une véritable respiration normative

Le président de la FNSEA reprend un certain nombre des doléances exprimées dès le départ par les jeunes agriculteurs du Tarn, à l'exception de la hausse du GNR négociée par le syndicat majoritaire agricole avec Bercy en échange de contreparties, fiscales notamment. « Hausse de la RPD, de la redevance sur l’eau, #IED, usage durable de produits phytosanitaires, accords de libre-échange, dérogation #jachères… : face au constat que nos dirigeants marchent sur la tête, nous appelons à une véritable respiration normative » écrit ainsi Arnaud Rousseau sur le réseau X (ex-Twitter).
 

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