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Soja biologique
Relocaliser la production en France pour une traçabilité optimisée

Le soja est de plus en plus convoité en bio, pour alimenter la croissance des filières de monogastriques, notamment de volailles, surtout des pondeuses. Or sa culture ne couvre qu'un peu plus 9.000 ha, et les besoins en graines tracées et françaises augmentent.

Les besoins en protéines végétales bio pour le bétail estampillé AB s'accentuent, estimés au moins à 60.000 t, en majorité sous forme de tourteaux. L'obligation, en 2015, d'une formulation 100 % bio des rations pour les monogastriques, risque d'accentuer le déficit. On estime qu'il faudrait 16.000 ha de soja bio supplémentaires pour le combler *. La filière AB s'approvisionne facilement à l'étranger, en Italie, en Europe de l'Est, mais aussi en Amérique du Sud (au Brésil) et ” depuis peu en Inde et en Chine. Or, face aux risques OGM et de fraudes, les transformateurs, ainsi que les éleveurs, sont vigilants. La nécessité d'une traçabilité sans faille est attendue, d'où l'intérêt de relocaliser la production.

Environ 80 % de la production nationale de soja bio partent en alimentation humaine.

Actuellement, 80 % des volumes de soja bio français partent en alimentation humaine : la demande nationale – évaluée à plus de 9.000 t – est aussi en plein boom, en substitut de la viande et du poisson.

Boosteurs, le lait et le tofu

« Dès le départ, en 1982, nous avons privilégié au maximum l'origine Sud-Ouest, rappelle Bernard Storup, fondateur de la marque Soy, et directeur de Nutrition et Nature à Revel. Aujourd'hui, les 4.000 t de graines transformées annuellement sont totalement régionales. Grâce à un travail sur les variétés et les itinéraires techniques, elles sont de qualité, avec un taux de protéines supérieur à 42 % pouvant atteindre 50 %, et 1 % maximum d'impuretés. » Dans cette zone favorable à sa culture (60 % en irrigué), l'association Sojadoc a beaucoup contribué à cette réussite.

Principal opérateur en soja bio français, Agribio Union lui consacre 20 % de sa sole avec 6.000 t collectées en 2013 (dont 500 t en C2*), « en deçà des prévisions, du fait de la météo », déplore Nicolas Lecat, son directeur. Seuls les grains déclassés partent en nutrition animale. C'est insignifiant face à la demande. Quelques outils de trituration existent en France, des projets sont à l'étude. Sojapress, l'usine de Terre du Sud à Saint-Livrade-sur-Lot, d'une capacité de transformation en tourteaux de 6.000 t de graines, est demandeuse, utilisant au mieux 30 % de soja français.

L'appel de la nutrition animale

Plus au Nord, l'Ufab qui le triture depuis 2011 dans son usine de Craon en Mayenne, d'une capacité de 10.000 t, est confrontée à cette limite : « Nous nous approvisionnons en graines françaises quand cela est possible, notamment en C2, mais la disponibilité est réduite. À l'étranger, des filières sécurisées sont en place, dans des zones où le risque OGM est faible », concède Carine Maret, directrice de l'Ufab. Pour elle, soutenir les conversions devient une urgence : « Actuellement, compte-tenu des rotations et de la diversification, le potentiel est trop réduit. Il faut convaincre de nouveaux producteurs à s'engager et inclure le soja dans leur assolement. » Massifier la production est indispensable. « Celle-ci reste fragile. 2013 le prouve, surtout sur des cultures plus risquées, s'inquiète-t-elle. Les aides au maintien sont plus que jamais nécessaires. »

* C2 : produits issus de terres en 2e année de conversion à l'agriculture biologique.

Le soja bio en chiffres

- 9.000 ha bio et conversion en 2012 (+ 10 %)
- 5 % des grandes cultures bio
- 24 % de la sole totale nationale en soja
- 18.000 t (20 q/ha moyenne)
- 80 % alimentation humaine, 20 % alimentation animale
- Besoins en alimentation humaine en France : 9.000 t
- Besoins en alimentation animale : entre 60.000 et 70.000 t (équivalent graines), soit plus de 30.000 ha/soja.
- Régions productrices : 60 % de la surface en Aquitaine et Midi-Pyrénées (6.582 ha en 2012). Rhône-Alpes (910 ha).

Source : Agence Bio + estimations des opérateurs.

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