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Les prix du blé tendre pourraient rebondir dans les prochains mois, selon le CIC

L’écart de prix entre blé tendre meunier et blé tendre fourrager risque de se creuser, selon le Conseil international des céréales (CIC).

Alexander Karavaytsev, analyste du CIC (Conseil International des Céréales)
© Kévin Cler

« Au vu des bilans offre et demande mondiales, nous jugeons le marché du blé tendre comme haussier. Les cours pourraient donc rebondir lors des prochains mois », s’est exprimé Alexander Karavaytsev, analyste du Conseil international des céréales, lors du Global Grain à Genève le 7 novembre, organisé par Fastmarkets.

Rappelons que les prix de la céréale ont fortement décroché entre 2022 et 2023. Sur Euronext, le blé tendre s’échangeait en mai 2022 à plus de 430 €/t en « spot », contre un peu plus de 230 €/t au 7 novembre 2023. Ceci en raison notamment d'importantes disponibilités mondiales.

La consommation de blé dépassera la production en 2023/2024

Mais en prenant du recul, le CIC estime que les éléments haussiers l’emportent sur les baissiers pour le moment. « En volume, la production mondiale 2023 de blé reste certes très élevée, la deuxième meilleure après le record de 2022, à 785 Mt, en recul de seulement 2% par rapport à l’an passé. En revanche, la consommation dépasserait les 800 Mt (804 Mt exactement), engendrant un recul des stocks mondiaux entre 2022/2023 et 2023/2024, passant de 281 Mt à 263 Mt. Les stocks records de 2022/2023 ne suffiront pas à compenser totalement l’effritement de la production 2023/2024. Nous aurons donc des stocks mondiaux à un plus bas niveau depuis 2018/2019 », commente Alexander Karavaytsev.

Des problèmes de qualité du blé plus importants que l’an dernier

A la baisse de la production et la hausse de la consommation s’ajoute un autre phénomène : la qualité 2023 semble inférieure à celle de 2022. Le CIC estime par exemple que seulement 40% de la récolte ukrainienne sera acceptable pour le débouché meunerie, contre 70% l’an dernier. En Chine, l’organisation rapporte les dires d’analystes privés, qui s’attendent à ce que 15% de la production nationale soit impropre à la consommation humaine, soit environ 20 Mt qui n'auront pas d'autres choix que d'alimenter les débouchés alimentation animale et biocarburant, en hausse par rapport à 2022. 

Au Brésil, les pluies ont pénalisé les cultures lors de la moisson. En Russie, les régions du Centre et de la Volga ont davantage de lots de blé d’hiver de qualité dégradé comparé à l’an dernier. De plus, de fortes inquiétudes ont émergé concernant les blés de printemps dans l’est du pays, ainsi qu’au Kazakhstan. Enfin, « les producteurs du nord de l’Europe et des pays Baltes ont réduit l’usage de fertilisant, et les conditions météorologiques n’ont guère été clémentes en fin de cycle dans ces régions, expliquant la baisse des taux de protéine d’une année à l’autre. (…) La production de blé au Canada et aux Etats-Unis, qui ont pour habitude d’offrir des lots très protéinés, s’avère plus faible en 2023 par rapport à 2022 », complète Alexandre Karavaytsev.

Lire aussi : Moisson 2023 : plus de peur que de mal sur la qualité du blé tendre et du blé dur

Lire aussi : Blé russe - Les prix minimums vont-ils durer ?

Ces éléments plaident pour une augmentation de l’offre globale de volumes disponibles de qualité fourragère, pesant déjà sur leurs prix, et élargissant l’écart de valeur entre qualité humaine et animale. « Le blé fourrager est tellement compétitif qu’on a vu l’Indonésie importer du blé fourrager brésilien, alors que l’Australie est juste à côté. (…) On a constaté du blé ukrainien fourrager départ ports à 170 $/t Fob », rapporte l’expert du CIC. 

Le maïs, une bonne alternative au blé fourrager en 2023/2024

La Chine devrait certes augmenter sa consommation de blé fourrager d'après le CIC. Mais le maïs, dont les volumes internationaux sont attendus comme abondants, s’avérerait une solution de substitution intéressante pour les fabricants d’aliments mondiaux, compensant ainsi la progression de la demande chinoise. L’organisation internationale prévoit entre 2022/2023 et 2023/2024 une amélioration des rendements et des surfaces planétaires de maïs. Les volumes sont espérés à 1 219 Mt, en progression de 5% par rapport à l’an dernier, et les assolements à 205,4 Mha, soit une augmentation de 2% d’un an sur l’autre.

Ainsi, les industriels des autres pays diminueraient leur consommation de blé fourrager au bénéfice de la graine jaune, sachant que l’Empire du Milieu a également la possibilité de procéder à des changements de formulation, rappelle le CIC. La demande mondiale de maïs est projetée légèrement en-dessous de l'offre en 2023/2024, à 1 208 Mt, permettant aux réserves de fin de campagne de rebondir d'approximativement 10 Mt annuellement, à 283 Mt.

Lire aussi : Blé dur : pourquoi les prix baissent-ils ?

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