Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Dans les filières engagées dans la décarbonation ou l’agriculture régénérative, la question de la gestion des données s’avère essentielle afin de justifier le paiement de primes aux différents stades de la filière. La perspective de la mise en place de la CSRD (Directive relative à la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises) par l’Union européenne a également poussé les entreprises du secteur des grains à se saisir du sujet. En effet, celles-ci devront rendre des comptes sur leurs impacts et leurs investissements en matière de durabilité. Plusieurs points sont concernés, avec en priorité l’élaboration d’un bilan carbone et d’un plan de transition énergétique, mais également les thèmes de la gestion de l’eau et des incidences sur la biodiversité. Si la CSRD est actuellement remise en cause (son champ d’application pourrait être restreint et son entrée en vigueur différée), les entreprises avaient cependant largement anticipé sa mise en place, notamment les groupes agro-alimentaires des secteurs de la meunerie et de la malterie, dont 80 % des émissions carbone proviennent de l’amont agricole.

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SynApps, une application de suivi des traitements phytosanitaires

Plusieurs sociétés de service ont ainsi lancé des applications ou logiciels afin de suivre les données environnementales le long de la chaîne de valeur. SynApps, développée par SynDev, met à la disposition des agriculteurs de plusieurs filières agricoles en agriculture régénérative un cahier de ressources personnalisé pour l’utilisation de produits phytosanitaires. « SynApps permet au producteur de saisir ses traitements effectués sur blé tendre et restitue à l’agriculteur et à la filière des indicateurs sur l’évolution des pratiques, comme l’indice de fréquence de traitement (IFT) en direct » explique Damien Cariou, fondateur et président de Syndev. Si pour l’instant « ce n’est pas vraiment un outil de traçabilité » selon son fondateur, « nous verrons avec le développeur pour l’utiliser à l’avenir pour plus de traçabilité dans la filière » signale Coralie Chuberre, chargée de mission Agronomie et labellisation Terres de Sources pour la collectivité Eau du Bassin rennais. SynApps est en effet utilisée par Terres de Source dans la filière blé – farine – pain sur le volet biodiversité et eau (ESRS 2 et 3 des standards européens de rapport d’activité sur la durabilité du cadre de la CSRD).

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Tennaxia, des outils pour le suivi carbone et le reporting extra-financier

La question du suivi des données d’une entreprise dans un but de reporting extra-financier a été prise à bras-le-corps par Tennaxia, le leader français dans l’édition de logiciels en développement durable. Forte de vingt années d’expérience et du rachat de la start-up Traace, la société propose des solutions de mesure et de pilotage de l’empreinte carbone, de gestion des déchets dangereux (ce qui permet ainsi à une entreprise de s’engager sur les volets eau et biodiversité de la CSRD) et de veille réglementaire et de conformité. « Le groupe Soufflet nous a fait confiance sur le volet des déchets et du suivi réglementaire, ainsi qu’Eurogerm et 90 % du marché des boulangeries industrielles » signale ainsi Thomas Guyot, directeur de la stratégie (CSO) chez Tennaxia. L’entreprise redirige ses clients vers des partenaires qui les accompagnent dans le changement des procédés industriels, ou la promotion de pratiques agricoles moins émissives et favorisant la séquestration du carbone. « Les données produites par l’entreprise sont réintégrées dans nos logiciels » précise le CSO. « Nous disposons de consultants spécialisés en agriculture pour accompagner les clients dans la définition et le suivi sur le long terme de leur plan d’action sur la décarbonation » ajoute Thomas Guyot.

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Des solutions développées en interne par l’Alliance BFC

Le groupe coopératif Alliance BFC, qui regroupe les coopératives Bourgogne du Sud, Dijon Céréales et Terre Comtoise a quant à lui préféré élaborer ses propres méthodes et outils pour le suivi des données. Une stratégie qui a un coût : « La coopérative et les unions de commercialisations prennent 5 €/t pour assumer ces frais de gestion de la donnée dans les filières d’agriculture régénérative » révèle Martin Lechenet, responsable data chez Alliance BFC. La demande de fiabilité dans la donnée vient notamment de la part des clients de la coopérative (amidonniers, malteurs, meuniers) qui doivent eux-mêmes répondre aux demandes des industriels de la seconde transformation. « Nous ne vendons pas une promesse, mais des données de décarbonation, et ceci est largement apprécié des clients » conclut-il.

 « La coopérative et les unions de commercialisations prennent 5 €/t pour assumer les frais de gestion de la donnée dans les filières d’agriculture régénérative » Martin Lechenet, responsable data chez Alliance BFC

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