Guillaume s’est installé à peu de frais avec des poitevines bio dans le Finistère
Installé depuis 2018 dans le Finistère, Guillaume Quéré élève 50 chèvres poitevines en semi-plein air et transforme leur lait en fromages fermiers, vendus en restauration collective, restaurants et épiceries fines.
Installé depuis 2018 dans le Finistère, Guillaume Quéré élève 50 chèvres poitevines en semi-plein air et transforme leur lait en fromages fermiers, vendus en restauration collective, restaurants et épiceries fines.





Ancien commercial dans le secteur agricole, Guillaume Quéré décide en 2018 de revenir sur les terres familiales au cœur des Monts d’Arrée pour y développer un projet qui lui tient à cœur : un petit élevage de chèvres, reposant sur la transformation fermière. Il commence par une vingtaine de chevrettes, tout en poursuivant la production de miel, sa passion de toujours.
Des chèvres rustiques, adaptées au terrain
Le choix de la chèvre s’impose naturellement. Sur une mosaïque de bois, landes et prairies vallonnées, en bordure du Douron, à la limite entre Finistère et Côtes-d’Armor, Guillaume Quéré mise sur une race rustique, mobile et bien adaptée à l’humidité : la poitevine. « Grâce à mon ancien métier, j’ai pu visiter beaucoup d’élevages caprins, des plus petites structures aux plus importantes. C’est en m’inspirant de cette diversité que j’ai conçu mon propre système, en tenant compte de mes contraintes », explique-t-il.
Pendant deux ans, les chèvres sont élevées dehors toute l’année. Aujourd’hui encore, le système en agriculture biologique repose largement sur le pâturage, en valorisant au mieux la diversité de ressources fourragères naturelles de la dizaine d’hectares.
Traite mobile
Sans bâtiment au départ, Guillaume Quéré aménage une ancienne bétaillère en quai de traite mobile, tractée par un quad, pour traire directement en plein champ. En 2022, il construit un petit hangar à proximité de son domicile, utilisé uniquement pour les mises bas, afin d’économiser ses efforts… et ceux de ses chèvres.
« C’est plus confortable en hiver, les chèvres reprennent mieux de l’état et démarrent plus facilement leur lactation. Dès la mi-mars, elles sortent la journée et, un mois plus tard, elles passent dehors en continu, jusqu’au début octobre. »
Chaque matin et chaque soir, Guillaume amène la traite aux chèvres, en déplaçant son quai mobile de dix places directement là où se trouve le troupeau d’une cinquantaine de têtes. Ce système lui permet de valoriser l’ensemble des surfaces disponibles, y compris les fonds de vallée les plus reculés, sans perte de temps ni d’énergie.
« Je compte une minute par chèvre. Elles montent par série de quatre, puis les deux dernières. Le système est semi-automatique, sans décrochage, je branche d’abord celles qui ont le plus de débit. Le plus long, finalement, c’est de les faire monter et descendre, même si elles ne se font pas prier : elles savent qu’il y a de l’orge à la clé. En une heure, la traite est bouclée », précise-t-il.
Miser sur le rendement fromager
Ici, la recherche de productivité laitière n’est pas une priorité. Chaque chèvre produit entre 400 et 450 litres par an, mais l’objectif est avant tout de maximiser le rendement en fromages.
« Je préfère un lait que je valorise bien, plutôt qu’un volume important que je dois ensuite remonter jusqu’au labo. Je privilégie aussi des animaux bien conformés, avec de bons aplombs et des mamelles qui se tiennent bien. Je m’oriente donc vers des boucs très typés fromagers, et amenant une bonne conformation », témoigne l’éleveur.
Une fromagerie à prix imbattable
Pour lancer l’atelier de transformation sans investissement lourd, l’éleveur fait un choix original : deux caissons frigorifiques accolés, achetés d’occasion.
Chacun mesure environ deux mètres cinquante sur six. Coût total de l’ensemble : 4 000 euros. Pour circuler entre les deux modules, Guillaume Quéré crée une ouverture en abattant une partie des cloisons. Résultat, l’espace de travail fait environ cinquante mètres carrés. « En ajoutant l’eau, l’électricité, les évacuations, j’arrive à un budget global de moins de 10 000 euros. Pour une structure entièrement fonctionnelle, c’est imbattable », souligne-t-il.
Facile d’entretien, l’infrastructure est également parfaitement hermétique et donc peu énergivore. L’éleveur a aussi installé un petit panneau solaire à 500 euros, qui couvre environ 10 % de la consommation annuelle.
Ce choix technique lui permet de dégager un revenu dès la première année de transformation, sans passer par un lourd endettement. Une fois l’agrément européen obtenu, il peut amorcer la commercialisation et construire progressivement son réseau. Il privilégie les circuits indirects, en nouant des partenariats avec des collèges, des Ehpad ou des restaurants gastronomiques.