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Un recul préoccupant de l’alimentation animale

Les difficultés des filières animales engendrent un recul continu des fabrications d’aliments composés en France. Les effets s’en ressentent sur les incorporations de céréales françaises.

La production française d’aliments composés poursuit sa lente érosion. Après un recul de 0,5 % en 2012, elle devrait encore diminuer de 1,2 % en 2013 avec une perte de 200 000 tonnes pour passer en dessous de la barre des 21 millions de tonnes, selon les prévisions de Coop de France Nutrition animale et du Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia). Il s’agit en fait d’une tendance structurelle depuis le début des années 2000 (voir graphique 1). « Les chiffres de l’activité du secteur de l’alimentation animale restent très préoccupants, a souligné le Snia suite à son assemblée générale. Depuis 2001, la production française a chuté de plus de 10 % tandis que d’autres pays en Europe, ont connu sur la même période une progression de leur activité. » En effet, si la production française d’aliments composés recule de 0,67 % en moyenne par an depuis 2004, elle augmente de 0,7 % au niveau européen. L’Allemagne en tire profit, obligeant la France à céder son premier rang de producteur européen d’aliments pour bétail en 2010.
Toutes les catégories sont atteintes. La production d’aliments porcins, qui représente un quart du volume total, est le plus à la peine. On observe ainsi, sur les onze premiers mois, un recul de 4 % de la production par rapport à la même période en 2013. À cela plusieurs explications. Le premier facteur souvent évoqué est celui de la fabrication à la ferme. « Il est réel, mais ce n’est pas forcément le plus important, considère Michel Dochez de Coop de France Nutrition animale. On constate surtout une baisse des abattages de porcs de 2 % en un an. Par ailleurs, il ne faut pas négliger l’amélioration des indices de consommation, ce qui veut dire que, même à effectif de porcs constant, le volume d’aliments composés utilisés diminuerait. » Il y a dix ans, il fallait ainsi 3 kg d’aliments pour produire un kilo de porc. Il suffit aujourd’hui de 2,8 kilos et les meilleurs élevages atteignent un indice de 2,6.

La volaille française en souffrance


La production en aliments pour volaille (41 % du total) est aussi en baisse, de près de 1 %, avec des écarts considérables selon les secteurs. Celui de la dinde est le plus en souffrance, d’où un recul de 12 % en un an. En revanche, les aliments poulets de chair et poules pondeuses sont en légère hausse. Mais les perspectives du secteur ne sont pas bonnes, avec de nombreuses entreprises en difficulté financière et la fin des restitutions à l’exportation. Les industriels Doux et de Tilly-Sabco ont échappé au pire, mais ils restent extrêmement fragiles, même si la France a obtenu l’autorisation de débloquer pour 2014 une enveloppe exceptionnelle de 15 millions d’euros dans le cadre de la PAC pour aider les éleveurs, et si Doux a bouclé son tour de table en faisant entrer dans son capital un fonds d’investissement saoudien.
Quant aux aliments bovins, qui ont longtemps soutenu l’ensemble de la production d’aliments composés, ils se sont tout juste stabilisés en 2013 (- 0,3 %). La production d’aliments pour bovin viande a progressé de 1 %, la baisse des prix des céréales courant 2013 ayant permis d’améliorer leur compétitivité, et les intempéries ayant perturbé la production de maïs fourrage.


Les incorporations à la faveur du maïs


Cette diminution des fabrications se traduit inévitablement par un recul des incorporations de céréales par les fabricants d’aliments du bétail. Avec une prévision à 10 millions de tonnes, toutes céréales confondues, 2013-2014 sera la sixième campagne de baisse consécutive, selon FranceAgriMer. Les fabricants d’aliments français consomment un million de tonnes de céréales de moins qu’au début des années 2000. La campagne passée, l’utilisation du blé dans les formulations a été pénalisée par son niveau de prix élevé. L’écart entre le blé tendre et le maïs a atteint jusqu’à 17 euros la tonne en faveur du maïs en avril 2013 pour la cotation rendue Pontivy. La situation s’est inversée à partir de l’été 2013, le blé voyant ses prix se rétracter. Mais en raison de la reprise de la fermeté des cours du blé, on se retrouve à nouveau depuis l’automne dans la configuration d’avril 2013 (voir graphique 2). Ainsi en décembre 2013, le maïs rendu Bretagne était 18 euros la tonne moins cher que le blé. Mais il y a une différence de taille : les deux cotations ont perdu entre temps 40 euros la tonne ! Le maïs se retrouve même sept euros moins cher que l’orge, ce qui une situation très inhabituelle. Cet écart s’est estompé en janvier 2014.
La meilleure compétitivité du maïs dans les formulations devrait perdurer sur la deuxième moitié de la campagne. FranceAgriMer prévoit d’ailleurs une incorporation de 3,7 millions de tonnes (Mt) de maïs par les industries de la nutrition animale soit 210 000 tonnes de plus que l’an dernier.
Dans le même temps, les utilisations en blé baissent de 290 000 tonnes (à 4,3 Mt) et en orge de 90 000 tonnes (à 1,2 Mt). Pour autant, le maïs français est concurrencé par le maïs ukrainien qui a commencé à entrer dans les ports bretons et du nord de l’Europe en janvier, ce qui risque de compliquer encore plus la situation pour cette céréale.

La protéine reste chère


Côté protéines, le tourteau de soja reste à des niveaux de prix élevés, autour de 440 euros la tonne départ Lorient, alors que les tourteaux de colza et de tournesol ont décroché depuis le début de la campagne, ce qui leur redonne de la compétitivité. « Si le prix de l’énergie, apportée par les céréales dans la formulation, a baissé, celui de la protéine reste toujours élevé, souligne Michel Dochez. Ce qui fait qu’au final, sur un an, le prix de l’aliment composé pour les éleveurs a reculé de seulement 8 %. » Il n’y a pas que des céréales dans l’aliment composé. Celles-ci représentent environ la moitié des matières premières (voir graphique 4). Les tourteaux d’oléagineux représentent près de 30 %. Les fabricants d’aliments français utilisent à 77 % des matières premières d’origine française et l’autonomie protéique de la France se situe à 63 %.

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