Protéagineux : le GIE SVP crée de la valeur en aval pour doper les surfaces
Créé par des opérateurs bretons, le GIE SVP veut développer la production française de protéagineux en améliorant leur valorisation en alimentation animale grâce à un processus industriel de cuisson des graines.
Créé par des opérateurs bretons, le GIE SVP veut développer la production française de protéagineux en améliorant leur valorisation en alimentation animale grâce à un processus industriel de cuisson des graines.
Mieux valoriser les protéines en alimentation animale et gagner en rentabilité au champ : tel est l’objectif du GIE Services de valorisation des protéines (SVP). « Créé en 2019, le GIE SVP est un prolongement du projet de recherche Proleval conduit par Valorex, qui visait à réduire la dépendance de la France au soja importé en relançant la culture de protéagineux, explique Stéphane Deleau, directeur général de Valorex. Les trois acteurs bretons importants que sont Eureden, Valorex et Tromelin Nutrition ont décidé d’unir leurs forces pour relancer la production et l’utilisation de protéagineux. La Bretagne est une région d’élevage où les débouchés sont importants. »
« Créer de la valeur à tous les niveaux »
La création de valeur sous-tend l’ensemble du programme : un processus breveté de cuisson des graines de protéagineux, développé par Valorex, les rend plus digestibles et améliore leur valorisation par les animaux. « Pour retrouver de la marge sur les protéagineux, il faut créer de la valeur à tous les niveaux, aux champs et dans l’utilisation des graines », insiste Philippe André, agriculteur et administrateur d’Eureden.
Le processus, déjà en place à l’usine Valorex de Combourtillé (35) a été transféré à Tromelin Nutrition qui a investi dans un nouvel outil à Plounéventer (29). La production des protéagineux est assurée par la coopérative Eureden. Le programme s’est traduit dès 2020 par la mise en place de féverole, pois et, à un moindre niveau, lupin et soja. « Le but est d’avoir une diversité d’espèces, précise Stéphane Deleau. La féverole et le pois sont adaptés à toute la Bretagne. Mais il y a aussi des essais prometteurs de lupin et soja. Et avec l’amélioration variétale, des variétés adaptées à la région pourront sans doute y être développées. » Eureden se charge de la collecte des graines.
Procédés de cuisson et garantie non OGM : des atouts pour la valorisation
Pour intéresser les agriculteurs, les surfaces sont contractualisées avec un prix plancher et un prix plafond. « La sécurisation des débouchés et un prix plancher sont nécessaires pour intéresser les producteurs de graines, souligne Stéphane Deleau. Mais il faut aussi que les éleveurs les achètent. Le procédé de cuisson et les résultats du projet Proleval permettent une bonne utilisation par les animaux. Le lait, la viande, les œufs ou les volailles produits à partir de ces protéagineux sont mieux valorisés dans le cadre des filières Bleu-Blanc-Cœur, initiées par Valorex. Le fait de pouvoir garantir une alimentation non OGM est également intéressant. Il faut tout de même un prix plafond pour permettre la production d’un aliment compétitif pour les éleveurs. » Les prix, évolutifs, sont indexés sur le prix du blé.
Des expérimentations pour gagner en productivité
L’appui technique constitue un autre axe important. Des expérimentations sont menées par le GIE SVP sur les animaux et sur les variétés, le travail du sol, les solutions de biocontrôle… en prenant en compte des contextes pédoclimatiques différents sur les stations expérimentales d’Eureden et chez des agriculteurs. « Actuellement, les rendements en féverole sont en moyenne de 3,5 t/ha, précise Philippe André. Mais il y a une grande variabilité. Grâce aux essais, les techniciens et les agriculteurs vont acquérir de l’expérience. L’objectif d’ici 4-5 ans est un rendement moyen de 4,5 t/ha. »
L’objectif pour le GIE SVP est de contractualiser 2 700 hectares de protéagineux chez les adhérents d’Eureden en 2021 et 5 000 hectares en 2022. Et au-delà d’Eureden, le GIE veut développer la production de protéagineux chez des agriculteurs bretons non adhérents d’Eureden. « Les outils industriels existants en Bretagne et l’importance des débouchés vont intéresser d’autres agriculteurs, assure Stéphane Deleau. La Bretagne ne suffira pas à produire tous les protéagineux nécessaires pour ses filières d’élevage et pourra donc faire appel à d’autres régions. Valorex possède des usines dans d’autres régions d’élevage, et a transféré son process à des partenaires. Des surfaces de protéagineux sont contractualisées pour ces usines depuis 7-8 ans. L’objectif est de développer ces partenariats et de dupliquer le système du GIE SVP dans des régions où il y a des outils, des agriculteurs et des éleveurs. »
Un projet est en cours dans les Hauts-de-France, en plus de ceux déjà engagés dans le Sud-Ouest et en Poitou-Charentes. Des débouchés sont envisagés aussi en alimentation humaine, une des usines fabriquant déjà des ingrédients à base de protéagineux pour la pâtisserie, les compléments alimentaires…
En chiffres
- Prix du blé + 40 €/T : prix de base 2021 pour la féverole, qui représentera la majorité des surfaces, avec des compléments de prix à la traçabilité et à la qualité. Prix plancher de 215 €/t et prix plafond de 245 €/t (+ 15 €/t pour les producteurs utilisant la féverole pour leurs animaux).
- 3 millions d’euros (M€) investis dans un outil industriel de traitement des protéagineux par Tromelin Nutrition, à Plounéventer (29) et 2,1 M€ seront investis début 2021 par Valorex sur son site de Combourtillé (35)
- 225 000 €/an : le budget consacré par le GIE SVP, auquel s’ajoute le temps d’ingénieurs consacré aux essais (agronomie et élevage).