Maïs grain : un prix 2025 bien inférieur aux charges de production des maïsiculteurs français
Malgré une récolte 2025 correcte, les producteurs de maïs sont confrontés à une situation très défavorable marquée par un prix en berne à 165 €/t et des charges très élevées à plus de 200 €/t. L’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) tire la sonnette d’alarme.
Malgré une récolte 2025 correcte, les producteurs de maïs sont confrontés à une situation très défavorable marquée par un prix en berne à 165 €/t et des charges très élevées à plus de 200 €/t. L’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) tire la sonnette d’alarme.

Les récoltes de maïs suivent leurs cours, à un rythme proche de la normale, avec une légère avance dans l’Ouest, alors que la façade Est a pris du retard. Lors de sa conférence de presse annuelle le 14 octobre, Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) a décrit une campagne 2025 marquée par de nombreux aléas climatiques et un contexte conjoncturel très difficile. « L’inquiétude est grande pour l’équilibre de nos exploitations, de nos filières et pour le dynamisme de nos territoires ruraux. »
Un rendement moyen en maïs grain à 88,5 q/ha
Avec des surfaces en baisse de 5 % à 1,45 million d’hectares, après une augmentation de 12 % en 2024, la production 2025 de maïs grain est estimée par Arvalis à 12,9 millions de tonnes (Mt), en recul de 3,4 % comparé à la moyenne 2020-2024. Le rendement moyen s’établit à 88,5 q/ha, en baisse de 4,2 % (comparé à la moyenne 2020-2024), avec 110,1 q/ha en irrigué et 76,9 q/ha en pluvial. Aude Carrera, animatrice filière maïs chez Arvalis, précise que certaines régions ont été fortement impactées par les deux épisodes de canicule associés à un fort stress hydrique, avec un recul des rendements de 20 à 30 % en maïs pluvial (Poitou-Charentes, Pays-de-la-Loire, Centre, Sud-Ouest).
Côté qualité, les inquiétudes sont bien moindres que l’année dernière, néanmoins Aude Carrera signale quelques points d’alertes aux aflatoxines et fumonisimes, liées à l’expansion de certains champignons en année plus sèche. Les taux d’humidité sont généralement inférieurs à la moyenne.
En maïs semence, les surfaces se maintiennent à 65 600 ha (+ 2 %), avec une tendance de rendement un peu inférieure à l’objectif. Les surfaces de maïs doux sont en baisse de 20 % à 17 500 ha, avec un rendement moyen estimé entre 19,5 et 20 t/ha en conventionnel, tandis que le maïs pop-corn progresse (+ 16 %) à 11 000 ha, avec un rendement estimé à 6t/ha. Franck Laborde, président de l’AGPM, souligne la nécessité de « sécuriser ces filières spécialisées de petites tailles, plus sensibles sur le plan technique, mais créatrices de valeur ajoutée. »
Des prix très bas et des charges toujours élevées
Entre des prix qui s’effondrent et des coûts de production en hausse, « les perspectives sont alarmantes » énonce Franck Laborde. Les prix actuels du maïs grain, à 165 €/t, sont au plus bas depuis 15 ans (en euro constant) et sans perspective de hausse à court terme. Trois éléments de marché expliquent ces prix dégradés. Des surfaces aux États-Unis au plus haut et des rendements records portant la production du premier exportateur mondial à 427 Mt (première fois au-dessus de 400 Mt), une récolte également très importante au Brésil (deuxième exportateur mondial) entre 135 et 145 Mt et enfin, une parité euro/dollar défavorable, qui coûte 20 à 25 €/t.

En parallèle, « les coûts de production restent bien supérieurs aux prix de vente, au-delà de 200 €/t » énonce le président de l’AGPM. Certains postes sont soumis à une hausse structurelle (coût de la main-d’œuvre, coût du matériel…), et le prix des engrais reste très élevé et sous pression (taxes sur les engrais russes, taxe carbone aux frontières à venir). Les prix de vente, ne permettent donc pas de couvrir l’ensemble des charges et de rémunérer les producteurs.
Selon les projections d’Arvalis, le résultat courant avant impôt (RCAI) par exploitant est de -14 000 € en moyenne pour les céréaliers, marquant la troisième année consécutive de résultat négatif et 80 % d’entre eux ont un revenu inférieur à 1 Smic (négatif ou entre 0 et 1 Smic). Franck Laborde ne voit pas d’amélioration possible sur 2026 : « Nous estimons que nos coûts de production resteront largement au-dessus des 200 €/t et nous ne voyons pas d’embellie possible sur les prix. »
Moins de normes et plus de réciprocité
Pour supporter cette conjoncture, l’AGPM demande une activation de la réserve de crise de l’Union européenne dédiée à accompagner momentanément les filières en difficulté, et à ne pas augmenter la fiscalité des exploitations dans le cadre des PLF (projet de loi de finance) PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) 2026.
La priorité de l’AGPM est que « les agriculteurs puissent faire le choix de la plante maïs selon leur contexte », martèle Franck Laborde, qui estime qu’aujourd’hui que la production française est entravée par un manque d’accès aux moyens de production du fait des normes (produits phytosanitaires), et de contraintes d’accès aux engrais (prix, disponibilité), à l’eau d’irrigation et à l’innovation (NBT…). « Nous sommes en difficulté pour protéger nos maïs, alors que nos concurrents n’ont pas de problème. 77 % des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdits en France, et 98 % du maïs brésilien est OGM comme aux États-Unis. ».
Dans ce contexte, l’AGPM, demande une stricte réciprocité des normes de production avec les partenaires de l’Union européenne (Mercosur, Ukraine…), une révision du prix d’intervention pour une meilleure protection des marchés et des droits de douane efficaces. Enfin, en plein débat sur la PAC, les professionnels du maïs souhaitent « une politique agricole européenne ambitieuse, qui encourage la production, dans un cadre de souveraineté agricole. »