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Agrivoltaïsme : Verso Energy mise sur une cohabitation réussie entre solaire et agriculture

Face à la raréfaction du foncier disponible pour les centrales solaires au sol, Verso Energy mise désormais sur l’agrivoltaïsme. L’énergéticien, qui porte une cinquantaine de projets en France, veut construire des installations « solides et inattaquables », pour produire de l’électricité décarbonée tout en améliorant les performances agricoles et le revenu des agriculteurs.

<em class="placeholder">Panneaux photovoltaïques sur parcelle agricole. </em>
Les panneaux s'adaptent aux besoins des cultures, ce qui entraine une baisse de 10 à 15 % de la production d'énergie, explique Antoine Huard, directeur général de Verso Energy.
© MC. Bidault

Pour Antoine Huard, directeur général de Verso Energy, la transition énergétique passe par plus d’électricité renouvelable, indispensable notamment à la production de carburants de synthèse, l’une des activités de son entreprise. « Pour être plus compétitifs et résilients, nous souhaitons produire une partie de cette électricité bas carbone », explique-t-il. 

Verso Energy exploite déjà plusieurs centrales solaires au sol, installées sur des terrains anthropisés, friches ou surfaces dégradées. Ces espaces se raréfient, d’où la volonté de développer l’agrivoltaïsme : « C’est une réponse aux besoins de l’entreprise comme à ceux des agriculteurs confrontés au changement climatique et aux difficultés économiques », considère le dirigeant. Selon les filières agricoles, les technologies agrivoltaïques retenues peuvent améliorer le potentiel agronomique des cultures ou encore le bien-être animal.

Une cinquantaine de projets agrivoltaïques en cours de montage

Verso Energy dit avancer vers l’agrivoltaïsme avec prudence. « Notre objectif est de monter des projets solides qui soient inattaquables. Nous ne voulons pas de projets mal conçus qui aboutiraient à des échecs, sans bénéfices pour l’agriculteur », insiste Antoine Huard. Une cinquantaine de projets agrivoltaïques sont aujourd’hui à l’étude, en grandes cultures comme en élevage. Ils sont nés de sollicitations d’exploitants agricoles. Mais toutes les demandes n’aboutiront pas. « Nous éliminons d’emblée les sites trop éloignés du point de raccordement ou situés dans des zones peu ensoleillées : ils ne seraient pas rentables. »

 

Antoine Huard, directeur général de Verso Energy

Antoine Huard, directeur général de Verso Energy

 

Sur le plan économique, la taille du site joue un rôle déterminant. En effet, sous 10 ha, même dans le Sud, l’équation économique devient difficile : le prix de l’électricité produite serait trop élevé pour trouver preneur. « Nos projets sont dimensionnés pour des surfaces agricoles comprises entre 10 et 30 ha. En dessous de 2 MWh, un projet n’est pas viable », explique le directeur général.

Des projets agrivoltaïques suivis de près par les élus des territoires

Le montage d’un projet agrivoltaïque, qui s’étale sur environ 4 ans, repose sur la réalisation d’un grand nombre d’études préalables : impacts sur la faune et la flore, ainsi que sur l’activité agricole. Cette dernière est confiée à un bureau d’études indépendant. Les projets sont suivis de près dans les territoires, par les élus, les chambres d’agriculture, dans une logique de partage de la valeur. « Les chambres d’agriculture sont vigilantes aux loyers proposés pour ne pas créer de surenchère dans les transmissions d’exploitations », précise Antoine Huard. 

Il rappelle également que « les besoins français en électricité renouvelable ne justifient pas que l’on couvre toutes les surfaces agricoles de panneaux. Le potentiel théorique est supérieur d’un facteur 20 à 30. » D’où la volonté affichée de se concentrer sur les « meilleurs projets ».

Un partage de la valeur équitable entre énergéticien, propriétaire et fermier

Verso Energy construit et exploite l’installation pour son propre compte et contractualise avec le propriétaire du terrain sous la forme d’un bail emphytéotique de 40 ans, dont le loyer dépend du nombre d’hectares et de mégawattheures (MWh) de panneaux installés. Son montant peut être estimé entre 1 000 et 2 000 €/ha/an. L’ensoleillement, la proximité du réseau et le soutien ou non de la chambre d’agriculture conditionnent le montant final de la rémunération. 

Le fermier signe, lui, une convention d’exploitation. Il ne paie pas de fermage à son propriétaire, et touche une rémunération destinée à compenser les contraintes d’exploitation (passage des machines…). « L’objectif est que chacun y trouve son compte, souligne Antoine Huard. Et quand le propriétaire est aussi l’exploitant, il cumule les deux rémunérations. »

Des rémunérations moins élevées du fait de l’activité agricole

Les centrales agrivoltaïques génèrent des loyers « trois à quatre fois moins élevés » que les centrales installées sur des terrains délaissés, du fait des contraintes d’intégration agricole. Le directeur de Verso Energy explique que la présence d’une activité agricole entraîne des investissements supplémentaires : davantage d’études préalables, plus de câbles… En élevage, il faut des panneaux plus hauts, des fondations renforcées, des piliers plus solides capables de résister aux animaux.

La production d’électricité est impactée également. L’espacement plus large entre panneaux en grandes cultures réduit mécaniquement la production électrique par hectare. « Une centrale agrivoltaïque n’est jamais exploitée de façon optimale pour l’électricité seule », reconnaît Antoine Huard. En grandes cultures, la performance électrique dépend aussi du stade végétatif et de l’ombre portée, l’orientation des panneaux bougeant au bénéfice de la culture.

La centrale d’Outarville, un laboratoire pour optimiser les modèles agrivoltaïques

« Les études théoriques nous ont montré qu’il y avait des bénéfices pour l’agriculture et nous en sommes convaincus, mais nous voulons les maximiser. Nous allons donc tester le pilotage des algorithmes, divers écartements entre panneaux, différentes cultures, et identifier les éventuels ajustements à faire, sur notre site d’Outarville », indique Antoine Huard. Le projet expérimental Pépite de Beauce dans le Loiret, inauguré en septembre dernier, va permettre à l’énergéticien de tester l’impact de panneaux photovoltaïques sur 3 hectares de grandes cultures.

Le directeur tient à préciser que le projet d’Outarville a la particularité de fonctionner en autoconsommation (alimentation d’une usine de conditionnement de pommes de terre), une configuration « très rare ». Il faut en effet une consommation d’électricité très importante à proximité immédiate de la centrale solaire, pour qu’un projet d’autoconsommation soit rentable. 

« Dans le cas d’Outarville, pour que l’équilibre économique existe pour Verso Energy, il faudrait que nous vendions l’électricité bien plus cher à l’exploitant, ce qui n’aurait aucun intérêt pour lui par rapport à un raccordement au réseau », précise le dirigeant. Les résultats de cette expérimentation sont très attendus et devraient permettre aux premiers projets agrivoltaïques portés par Verso Energy d’être mis en service en 2027.

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