Préserver le gène Vat
La durabilité du gène Vat varie selon les pucerons présents dans l’environnement et selon leurs possibilités de maintien en inter-saisons. Il y a plusieurs clones d’Aphis gossypii (voir page 93). Le gène Vat confère la résistance à la colonisation par certains clones et à la transmission des virus par ces clones. Mais d’autres clones peuvent coloniser des variétés Vat. Plus les colonies de pucerons sont denses, plus la probabilité qu’elles comportent des clones contournant Vat est élevée et plus il y a de possibilités qu’il y ait production d’ailés et donc dispersion de ces clones. Par ailleurs, s’il y a à proximité des cultures de cucurbitacées toute l’année, ces clones peuvent se maintenir dans l’environnement. Le déploiement du gène Vat doit donc être réfléchi selon l’agro-système considéré.
Décharger les pucerons des virus
Dans le Sud-ouest, où les variétés Vat ne sont actuellement pas utilisées, les clones contournant Vat sont rares et il y a peu de cucurbitacées en hiver. On pourrait donc y déployer le gène Vat avec de bonnes perspectives de durabilité. Dans le Sud-est, où les variétés Vat sont très utilisées, la part des clones contournant Vat augmente. De plus, les exploitations cultivent souvent en automne et hiver des courges ou concombres qui peuvent permettre le maintien des pucerons. En revanche, aux Antilles, où les variétés cultivées ne possèdent pas Vat, des clones pouvant contourner Vat sont déjà présents dans l’environnement. Et comme il y a des cucurbitacées toute l’année, ces clones peuvent se maintenir. Déployer Vat ne servirait donc à rien. Pour préserver la durabilité du gène Vat, il faut donc tout faire pour réduire les populations d’Aphis gossypii. Les recherches menées pendant cinq ans ont montré que l’installation de bandes fleuries en bord de champ peut réduire à la fois la colonisation des cultures par les pucerons et la transmission des virus. La faune auxiliaire de ces bandes, constituées de bleuet, gesse, sainfoin, pimprenelle et marjolaine aide à réguler les populations de pucerons. Les bandes fleuries auraient aussi un rôle de filtre à virus en permettant aux pucerons de se « décharger » des virus non persistants qu’ils transportent, les espèces choisies n’étant pas hôtes de ces virus.
La faune auxiliaire des bandes fleuries aide à réguler les populations de pucerons »
ALEXANDRA SCHOENY, Inra