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« En plus de la production d'asperge, nous misons aussi sur l'agrotourisme »

S’appuyant sur la production et la vente de leurs asperges, Romain et Victoire Bénard ont lancé un magasin à la ferme dans le Médoc. Motivés par son succès, ils développent de nombreuses activités pour faire de La Benarderie un lieu d’accueil touristique.

Au nord du Médoc en Gironde, entre côte atlantique et lacs, la route départementale qui mène à Hourtin borde les parcelles de La Benarderie. Tout a été pensé afin de rendre le lieu accueillant pour la clientèle de ce magasin à la ferme, devenu la tête de pont de l’entreprise de la famille Bénard et ses deux générations, Astrid, Jean-François, Romain et Victoire.

Ici, chacun a sa place et use de ses compétences. Le père en culture et production, le fils pour la commercialisation et le développement, la mère dans le registre administratif, la belle-fille sur la partie gestion-ressources humaines. « Mes parents étaient installés en grandes cultures, principalement du maïs, sur 350 hectares. Puis mon père a planté les premières asperges en 2010 sur 3 hectares », explique Romain Bénard. L’intérêt économique de cette culture à valeur ajoutée a rapidement été au rendez-vous.

Commencer de nouvelles activités sur l’exploitation

« Grâce à l’asperge, j’ai pu m’installer », précise le jeune chef d’entreprise. En effet, sur les 200 à 240 tonnes d’asperge produites sur près de 40 hectares, plus de 160 tonnes sont vendues en direct : une part auprès de grossistes, et 80 tonnes dans le magasin à la ferme et sur neuf marchés locaux. Une autre partie des volumes est commercialisée par la coopérative Maïsadour. Mais au-delà de l’installation du couple de jeunes producteurs, l’asperge leur a permis et leur permet encore d’entreprendre de nouvelles activités sur l’exploitation. Et les idées ne leur manquent pas.

Depuis 2019, Romain et Victoire ont élargi leur activité de producteurs à celle de commerçants. L’ouverture d’un magasin a marqué une étape cruciale, permettant de valoriser les produits de la ferme et d’autres producteurs locaux tout en créant un lien de proximité avec les clients. L’offre comprend des fruits et légumes mais aussi des fromages fermiers, de l’épicerie fine et de la viande. Mais la particularité de La Benarderie est d’être un magasin ouvert toute l’année, 7 jours sur 7. Une gageure dans cette région. Car l’affluence touristique estivale qui dope la fréquentation du lieu est contrebalancée par une période hivernale beaucoup plus calme dans cette zone éloignée des grands centres urbains.

« Nous misons aussi sur le tourisme »

C’est sans compter l’énergie et l’enthousiasme des jeunes responsables pour faire vivre le lieu avec des foires aux courges, à la pomme de terre, aux haricots verts… mais aussi aux conserves d’asperge et à la confiture de fraise, avec des ateliers culinaires. « Avec ces animations, les clients fidèles n’hésitent pas à venir de plusieurs dizaines de kilomètres », relève Victoire. La main-d’œuvre saisonnière pour l’asperge, des Andalous qui viennent en famille depuis sept ans, permet également de mettre en place trois hectares de libre cueillette de légumes et de fruits rouges pour le printemps et l’été. Un éventail de myrtilles, de framboises, de tomates déclinées en de nombreuses variétés, de courgettes, d’aubergines… le tout cultivé en agriculture biologique, est à ramasser soi-même de juin à septembre.

À l’automne, un verger de pommiers de 1,5 hectare est également en libre cueillette. Mais dès le printemps, La Benarderie propose des fleurs à bulbes, tulipes, jonquilles, narcisses, à cueillir dans des conteneurs à l’entrée du magasin. « L’agriculture c’est bien, mais pour nous développer nous misons aussi sur le tourisme », mentionne Romain Bénard. Et là aussi, les idées ne manquent pas, avec de nombreuses activités ludiques pour attirer les clients et leur proposer de rester sur le site de La Benarderie. De juin à septembre, on peut ainsi se perdre dans le labyrinthe de maïs de la ferme, une expérience immersive et éducative qui s’étend sur trois hectares, et s’initier au minigolf au milieu des arbres fruitiers, des potagers en fleurs, et des animaux de la ferme.

Plus de 10 000 visiteurs chaque année

« Le parcours est conçu autour du thème de la ferme, avec des obstacles inspirés de la vie agricole, tels que des moulins à vent, des bottes de foin, et des mini-tracteurs. Chaque trou raconte une histoire, vous plongeant dans l’univers rural », détaille le site internet de La Benarderie. Les plus sportifs pourront emprunter la piste de kart à pédales qui ravit les enfants comme les adultes et permet de faire un grand tour de la ferme. « Actuellement, nous accueillons plus de 10 000 personnes chaque année. Notre objectif à cinq ans est de stabiliser tous ces activités en optimisant les cultures, en valorisant les productions et en développant les animations », expliquent Victoire et Romain. « Nous croyons beaucoup à la communication sur notre site internet, mais aussi sur les réseaux sociaux, les radios locales. Plus nous investissons dans ce domaine et plus nous accueillons des nouveaux clients », assurent-ils.

 

« Être là au mois de mars »

La première aspergeraie a été implantée en 2013. Et très rapidement, avec le débouché de la coopérative Maïsadour, Jean-François Bénard, père de Romain, a planté 20 hectares en 2014 et 2015, puis 2 hectares en 2017. À partir de 2020, l’arrivée de Romain a relancé la vague de plantation, avec 3,5 hectares en 2021, 15 hectares en 2022, 4 hectares en 2024 et 6,5 hectares prévus pour 2025. Les variétés plantées sont essentiellement des sélections Limgroup, et principalement Vitalim. « C’est une variété précoce avec une jolie présentation qui correspond bien à nos modes de production et notre marché », précise-t-il. Pour l’asparagiculteur, l’objectif est « d’être là au mois de mars ».

Sans rechercher une très forte précocité car, selon lui, « le marché n’est pas en place et les toutes premières asperges coûtent cher à récolter ». Pour s’assurer d’être dans ce créneau, les parcelles sont conduites avec un film de paillage thermosoudé noir + thermique posé sur arceaux. « Le dispositif permet d’être précoce grâce au matelas d’air qui se forme entre les deux films et gagner en qualité de turion », précise le spécialiste. La Benarderie produit également de l’asperge verte pour son débouché de vente directe à partir des parcelles qui vont être arrêtées l’année suivante.

Un labyrinthe pour ne pas perdre les clients

Le labyrinthe de maïs est l’une des activités phares du site. Attraction touristique assez commune dans la région, celui de La Benarderie est « une expérience immersive et éducative, offrant une variété d’activités ludiques et pédagogiques pour tous les âges », détaille son site internet. Au départ il s’agit d’une simple parcelle de 3 hectares d’où on supprime les jeunes pieds de maïs, sur deux rangs, selon un plan bien précis et redessiné chaque année. Par la suite, l’entretien se fait à la tondeuse et l’arrosage par aspersion aux sprinklers. « Au grand plaisir des visiteurs les jours de canicule », plaisante Romain. Pour ceux qui s’y aventurent munis d’une carte, le parcours dure 1 à 2 heures avec un escape game pour les adultes et un parcours pédagogique pour les enfants. Celui-ci se termine dans l’espace cueillette par un jeu de questions-réponses, avec de nombreux lots à retirer lors du passage au magasin. Plus de 6 000 personnes sillonnent le labyrinthe durant l’été de juin à septembre.

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