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Fruits à coque : Amandera lève 1 M€ et se lance dans les noisettes

Actualités riches pour Amandera, la société de l’économie sociale et solidaire spécialisée dans le développement de filières de fruits secs bio et agroécologiques français : acquisition d’une nouvelle exploitation, levée de fonds, diversification, projet croisé avec le cacao du Pérou… Les premiers volumes conséquents devraient être disponibles dans deux ans. Le point avec les fondateurs Rémy Frissant et Frédéric Lagacherie.

Amandera, c'est 22 ha d'amandiers bio agroécologiques à Aix-en-Provence. Sur la photo : les vergers au début de l’été après une première tonte de l’inter-rang.
© Amandera

SAS agricole montée en 2019, Amandera produira et distribuera une gamme fruits secs bio agroécologique française, avec pour missions la restructuration des sols, des environnements, et fédérer autour de ce projet pour convertir toujours plus de territoire à l’agroécologie et l’agriculture biologique. Sur un marché des amandes et autres fruits à coque ultra-demandeur, les projets qui ambitionnent de fournir des produits de qualité, durables et surtout made in France, se multiplient.

« Ce qui nous différencie des projets similaires qui émergent en ce moment ? Nous sommes nous-même agriculteurs, nous faisons nos propres expérimentations et nous montons des partenariats et des formations avec d’autres agriculteurs, des instituts techniques, les chambres d’agriculture…, revendiquent les fondateurs Rémy Frissant et Frédéric Lagacherie. La raison d’être d’Amandera et des autres structures du groupe est la volonté de mettre en œuvre un ensemble de techniques et de savoir-faire pour démontrer qu’il est possible de répondre aux besoins du marché (des fruits secs bio par exemple) grâce à une pratique agricole régénératrice (restructuration des sols, stimulation de la biodiversité, anticipation des changements climatiques) ».

Expérimenter l’agroécologie en amande et désormais en noisette

Amandera consiste en effet, d’une part, en une exploitation de 22 ha d’amandiers à Aix-en-Provence. Les itinéraires techniques sont toujours en construction et en test continu pour le côté agroécologie (densité des arbres à l’hectare, matières vivantes et travail du sol…) car aucune étude, aucun modèle n’existe encore vraiment.

Forte de ces expériences et compétences anciennement et nouvellement acquises, Amandera propose aussi de la prestation de services pour diffuser son savoir-faire et accompagner des agriculteurs (« on l’a déjà fait une fois pour un producteur d’amandes à Aix-en-Provence », précise Rémy Frissant). Une session de formation sur les biofertilisants a ainsi été organisée (lire encadré en fin d’article).

Et après les amandes, les noisettes ! Mi-juin, Amandera acquiert 24 ha de noisetiers dans le Lot-et-Garonne. Suite à un partenariat de long terme, les arbres sont déjà plantés et devraient entrer en pleine production dans deux ans, comme les amandiers de l’exploitation provençale.

 

Objectif : répondre aux besoins du marché et créer une vraie filière bio agroécologique

« L’objectif est de croître et de planter chaque année à la fois en amandes et en noisettes, cultures pour lesquelles il y a peu d’origine France en bio, explique Rémy Frissant. Les courbes de consommation de la viande et des fruits et légumes secs sont en train de se croiser, la tendance va à une alimentation plus durable, avec moins de viande. Fruits et légumes secs et légumineuses, répondent à ces enjeux et sont source d’énergie, facile à conserver… Les demandes du marché portent à la fois sur le local ou au moins le Made in France et sur le bio, un peu sur l’équitable ».

Dans les quatre ans à venir, Amandera a pour vocation de développer 400 ha de fruits secs bio agroécologiques en France en fonction de la disponibilité des terres, tout en gardant une cohérence de durabilité tout le long de la chaîne (production, finance, logistique, emballages, formations…). Les amandes de Provence et les noisettes du Lot-et-Garonne en seront les principales productions mais la diversification est aussi en réflexion, avec la pistache par exemple.

Amandera, Forestera, Amasisa : trois entreprises pour des projets de filières agroécologiques financée par l’épargne solidaire

Amandera découle d’une société-mère, Amasisa. Celle-ci est spécialisée dans la mise en place de projets agroécologiques et agroforestiers dans un but de restauration des sols et de la biodiversité, avec une dimension sociale très prégnante. Elle a l’agrément d’état Esus (Entreprise solidaire d'utilité sociale). Chaque projet lancé l’est par la création d’une entreprise dédiée : Amandera en 2019 pour les fruits secs français bio, mais aussi Forestera depuis 2015, avec une production de cacao au Pérou en agroforesterie.

Les entreprises sont financées par de l’actionnariat privé, le crowdfunding représente entre 25 % et 50 % du financement, le reste provenant des fonds institutionnels issus de la finance solidaire et à impact. Forestera a été financée à hauteur de 2,5 M€ dont 1 M€ par le crowdfunding et le reste par les institutionnels (grande majorité du FCP Finance et Solidarités d’AMUNDI).

Fin juin, Amandera annonce avoir levé 1 M€ auprès de partenaires financiers engagés : 860 investisseurs issus du crowdfunding à travers la plateforme Wiseed, la Fondation Daniel et Nina Carasso (à travers son fonds d’impact dédié à l’alimentation durable géré par Quadia), le pionnier de la finance solidaire France Active, et le spécialiste importateurs de fruits secs bio Agro Sourcing.

GMS et distribution spécialisée bio, industrie, ingrédients : multiplier les débouchés

Les amandes et noisettes d’Amandera, dont les premiers volumes conséquents sont attendus pour dans deux ans, seront commercialisées sous différentes formes (entières, en vert, en coque, en brisures, en poudre…) et sur différents marchés : en grande majorité sur les marchés PGC, fruits et légumes et vrac en GMS et distribution bio spécialisée, et en transformés (premiers transformateurs, industriels…).

Amandera prévoit déjà « une gamme très large », avec la possibilité à long terme de « développer de nouveaux savoir-faire, dans la transformation pourquoi pas ».

L’ambition est aussi de croiser les discussions des produits de France métropolitaine avec celles des produits péruviens. « La société-mère Amasisa a déjà des contacts avec des chocolatiers et industriels français dans le cadre du projet cacao péruvien Forestera, rappelle Frédéric Lagacherie. Ce qui permet d’envisager la commercialisation de produits bruts (cacao, amande, noisette…) et transformés à base de ces ingrédients. Notre projet de fruits secs est né du marché, suite à ces discussions lors des démarchages des industriels pour notre cacao péruviens qui ont aussi des besoins forts en fruits secs ».

Cacao, banane et piment péruviens avec Forestera

Forestera produit du cacao au Pérou en agroforesterie, c’est-à-dire associée à d’autres cultures qui fonctionnent en symbiose : banane, piment, fruitiers. Ces productions secondaires sont pour le moment écoulées sur le marché local, comme le cacao. Dès l’année prochaine, un premier conteneur de cacao arrivera en France, à destination des chocolatiers et transformateurs. Les cultures associées devraient elles aussi être valorisées.

Amandera forme à la bio-fertilisation et expérimente la LiFoFer. Dans une démarche de catalyseur et d’incubateur, Amandera, avec la société Symbiotik et soutenue par la chambre d’agriculture et la Station d’Expérimentation Arboricole la Pugère, a réuni durant six jours (16-17 décembre ; 17-18 février ; 30-31 mars) de formation des viticulteurs, céréaliers, arboriculteurs, maraîchers afin de les sensibiliser à la microbiologie et à la fertilité des sols. Les participants ont aussi pu produire leurs propres biofertilisants et notamment la LiFoFer (Litière Forestière Fermentée, une alternative agroécologique aux engrais de synthèse) en version liquide. Celle-ci fait l’objet d’une expérimentation menée par la Pugère. Amandera continuera à organiser ce type de formations et de diffusion de ces méthodes agroécologiques.

 

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