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A quoi pourrait ressembler la filière viande bovine à l’horizon 2040 ?

Une étude prospective à l’horizon 2040 a été réalisée à la demande d’Interbev par FranceAgriMer. Cinq scénarios, qui vont du noir au rose pour les éleveurs allaitants, ont été écrits.

 © F.Alteroche
© F.Alteroche

Près de 1000 hypothèses ont été formulées et les 92 jugées les plus déterminantes pour l’avenir de la filière ont été sélectionnées, pour aboutir à l’écriture de cinq scénarios.

Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais « d’élaborer des scénarios pour l’avenir de la filière viande bovine qui puissent servir aux décideurs de la filière, en vue de l’élaboration de stratégies gagnantes » explique FranceAgriMer.

Inquiétudes liées au changement climatique, politique et orientations de la distribution, évolution des systèmes de production, impacts des accords commerciaux, pression sociétale sur le bien-être animal, modification des comportements alimentaires… quelle combinaison de ces facteurs sera déterminante sur la demande adressée à la filière viande bovine ?

Le groupe de travail animé par la Mission prospective de FranceAgriMer à la demande d’Interbev, associant des professionnels de la filière, des acteurs de la recherche et de l’administration, s’est attelé à répondre à cette question entre juillet 2016 et mars 2018.

Le premier scénario s’intitule « repli national dans un contexte de crise économique et énergétique »

La hausse du prix du pétrole affecte les systèmes de production et de consommation. La consommation mondiale de viande bovine diminue. Le « citoyen–consommateur » est prioritairement preoccupe par la chute de son pouvoir d’achat. Dans un contexte de crises sanitaires, les acheteurs français (restauration collective, grande distribution) privilegient l’offre nationale pour fournir un marche français en contraction. Les importations d’Amérique du Sud deviennent non compétitives à cause du coût du transport et s’effondrent….sans que cela ne profite à la filière bovine française, qui sert de monnaie d’échange dans les négociations commerciales au profit d’autres secteurs économiques. Les distorsions de concurrence intracommunautaires sur le plan social et environnemental pénalisant les entreprises de la filière élevage et viandes sont supprimées. Le marché intra-européen se recompose, et le marché italien est fortement réduit, ce qui se traduit par une forte diminution du troupeau allaitant français.

Les exploitations spécialisées en viande bovine sont moins nombreuses. Elles tendent vers des systèmes plus extensifs où l’herbe représente l’essentiel de la ration, et sont performantes en matière de valorisation des effluents, stockage du carbone, fertilisation des sols. Elles ont diversifié leurs sources de revenu. Des solutions locales de soutien a l’activite des éleveurs sont mises en place dans certaines regions (« locavorisme » pour la restauration scolaire, valorisation volontariste des coproduits : cuirs, ...).

Deuxième scénario : Viande à bas coût et importations dans un contexte de crise économique et de limitation des émissions de gaz à effet de serre.

Les déséquilibres financier et monétaire débouchent sur une crise mondiale, et la baisse de l'activité économique et donc de la demande énergétique entraine une chute du prix du pétrole.

La communauté internationale se mobilise contre le changement climatique et notamment sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un quota pour la taille du cheptel national est mis en place, ce qui pousse à améliorer la productivité par tête et à intensifier l'élevage.

Le consommateur, contraint par son pouvoir d'achat, achète de la viande bovine quasi-exclusivement pour assurer un apport en protéines animales, sans trop prendre de temps pour la cuisiner (« viande ingrédient »). Il accepte la pérennité des systemes actuels d’elevage et de transport des animaux vivants : la réglementation n'est pas durcie. La consommation de viande bovine chute fortement en France.

Compte tenu du faible consentement à payer des consommateurs, l’aval de la filiere importe des viandes à forte competitivite-prix notamment en provenance d'Amerique du Sud, grâce à un prix du fret au plus bas permis par la chute du prix du pétrole.

Dans ces conditions, le marché s’effondre. En compl ément de la viande issue des elevages laitiers et d’un engraissement intensif de jeunes bovins à l’auge, la rémunération des services environnementaux rendus par l’elevage et la diversification des activités permettent le maintien résiduel d’exploitations extensives, respectueuses des contraintes environnementales.

Troisième scénario : montée en gamme sous fortes contraintes sanitaires et sociétales

La situation économique et financière mondiale est stabilisée. De nouvelles maladies des bovins émergent avec le changement climatique et la demande mondiale en viande bovine se porte plus sur la qualité que sur la quantité. Les pays émergents privilégient la sécurité sanitaire pour une part significative de leurs importations. Au plan international, la vision française/européenne sur les rapports « homme animal » et le bien-être animal s'impose. Ainsi, la restauration collective accroît sa part de viandes françaises dans ses approvisionnements.

L’innovation en matière de préparation et de transformation des morceaux traditionnellement les moins consommés favorise l’accroissement de leur demande, ainsi qu’une amélioration de la rémunération globale de la carcasse. La génétique permet d'accroitre la productivité à l’herbe des bovins et le recours aux concentrés est limité. Les viandes « origine France » et de proximité deviennent un produit, certes cher, mais de « plaisir ».

Le recul des soutiens publics aux services rendus par l’elevage herbager permet, dans un second temps, que se redéveloppent de maniere limitée des élevages intensifs.

Ce sont principalement les exploitations écologiquement intensives basées sur la valorisation de l’herbe, et celles bénéficiant d’une proximité de sources de sous-produits alimentaires, qui parviennent à capter une part significative de la valeur ajoutée, les autres courant apres le respect de normes de plus en plus contraignantes.

Quatrième scénario : Concentration et intensification à l’herbe et différentiation dans un marché international freiné par le coût de l’énergie.

La situation économique et  financière mondiale est stabilisée. Suivant la demographie , la demande en viande bovine augmente, et cela malgré la prise de position des protéines végétales perceptible dans certains pays développés. L’augmentation délibérée du prix des énergies fossiles dans un contexte de limitation volontaire des gaz a effet de serre freine les échanges internationaux. Les exportations françaises d’animaux vivants sont impactées, d’autant plus que les nouvelles normes de bien-être animal compliquent leur transport sur longues distances. Grâce aux progrès génétiques, et soutenu par les politiques publiques environnementales, l’elevage allaitant basé sur l’utilisation intensive de l’herbe est de plus en plus compétitif. La filière française s’organise pour construire et rémunérer la qualité de la viande à l’instar de ce qu’elle a su faire pour garantir la sécurité sanitaire. L’offre se segmente et la part du premium, sous signe de qualité, français ou d’importation proche, s’etoffe que ce soit pour les pièces, la viande hachée, ou les plats préparés à base de viande.

Cinquième scénario : Filière organisée et innovante, avec une offre segmentée dans un marché mondial porteur

La situation économique et financière mondiale est stabilisée et la découverte de nouvelles ressources d’énergies fossiles, couplée au progrès technique, assure le maintien d’une énergie disponible et bon marché.

Dans ce contexte, à la faveur d’une convergence mondiale des régimes alimentaires entre populations aisées et plus modestes, la dynamique démographique génère une augmentation globale de la demande de viande bovine avec une croissance des échanges internationaux facilitée par un coût modéré du fret, et les alternatives végétales ou artificielles rencontrent peu de succès.

Cette accélération des échanges induit la diffusion des épizooties, apparues avec le changement climatique, contre lesquelles la France (filière et Etat) se mobilise avec succès, imposant avec l’UE une vision de la qualité sanitaire tout au long de la chaîne de production.

Sous pression des attentes sociétales (climat, environnement, bien-être animal), cette démarche est transposée à la construction de la qualité collective dans la filière française de la viande bovine. La filière s’organise pour communiquer au consommateur des informations précises et détaillées sur la viande et son origine, quel que soit le circuit de distribution et le produit (viande spécialisée ou co-produit issu du troupeau laitier).

Ainsi l’offre française de viande bovine, segmentée et innovante,  fidélise ses consommateurs et rémunère ses producteurs.

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