Vêlage à deux ans
Le vêlage à deux ans exige une grande technicité
Faire vêler ses génisses à 2 ans exige une certaine technicité. Le suivi de l’alimentation est une donnée clé tout particulièrement au cours de la première année puis de la première lactation.
Contrairement à beaucoup d’élevages laitiers où faire vêler les génisses dès 2 ans est devenu une banalité, la plupart des élevages allaitants français restent axés sur un premier vêlage à 3 ans, avec une conduite peu poussée des génisses les deux premières années. A l’étranger, dans plusieurs pays gros producteurs de viande bovine à partir de troupeaux allaitants, cette pratique est plus couramment rencontrée. Les cheptels sont, il est vrai, souvent composés d’animaux de race Angus ou Hereford, une génétique nettement plus précoce et donc probablement mieux adaptée à ce type de pratique que la plupart des races à viande françaises spécialisées de grand format. Chez nous, la mauvaise image du vêlage précoce est souvent liée à la découverte, un beau matin, de son taureau ou de celui du voisin qui a gaillardement franchi la clôture pour aller batifoler avec le lot de génisses d’1 an. Le bilan de l’opération est généralement peu concluant. Ces vêlages à 2 ans non planifiés avec des animaux qui n’ont pas été nourris en conséquence se traduisent par des vaches dont le format est durablement pénalisé avec des conditions de vêlage fréquemment délicates. Pour les éleveurs ayant deux périodes de vêlage dans l’année, la pratique d’un premier vêlage à 30 mois est une option intermédiaire plus communément rencontrée, en optant pour un premier vêlage à l’automne des animaux nés en fin d’hiver et inversement pour ceux nés à l’automne. L’augmentation constante et régulière du poids moyen du cheptel de souche et l’amélioration des itinéraires techniques pour la conduite des génisses d’élevage incite cependant certains éleveurs à se reposer plus sérieusement la question de premiers vêlages plus précoces. La pratique du vêlage à 2 ans pourrait être une voie d’optimisation économique permettant d’augmenter la production du système d’élevage, sans modification importante du nombre d’UGB, en réduisant la période de vie improductive des animaux. Cette pratique est jugée à la portée d’éleveurs disposant déjà d’un bon niveau de technicité, avec une conduite de cheptel déjà parfaitement rôdée en vêlage 3 ans et un système fourrager bien conduit assurant des stocks confortables, puisque la bonne conduite alimentaire des animaux est le facteur clé de réussite. Le poids est considéré comme le facteur prépondérant du déclenchement de la puberté chez les génisses à l’âge de 14 à 15 mois. En fonction des races, de leur précocité et du format adulte des animaux, une étude canadienne explique qu’entre une grande Charolaise ou une petite Angus, la génisse doit avoir atteint entre 65 et 70 % de son poids adulte au moment de la première saillie à 14 ou 15 mois. En France, c’est le chiffre de 60 % du poids adulte qui est le plus couramment avancé. Une fois les génisses pleines, la seconde plus grande difficulté du vêlage à 2 ans n’est pas forcément le vêlage en lui-même — qui ne pose pas plus de problème qu’à 3 ans si le taureau a été bien choisi — mais la seconde mise à la reproduction. La première lactation est pour la jeune reproductrice plus éprouvante que la première gestation. Elle doit alors pourvoir à son entretien, allaiter son veau, se rétablir de la mise-bas, revenir en chaleurs, concevoir de nouveau et continuer à se développer. Le niveau alimentaire doit donc être en conséquence en quantité comme en qualité, pour ne pas s’exposer à des déceptions. Au risque de se répéter, cette pratique est exigeante sur le plan de la conduite. Il existe cependant des éleveurs français qui l’ont adopté avec d’excellents résultats et n’entendent pas revenir en arrière. Une preuve que cette conduite n’est en rien insurmontable. ■