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« Irresponsables et méprisants » divorce prononcé entre la FNSEA-JA 63, les Écolos et LFI

Au lendemain du rejet de la loi Duplomb, le débat semble définitivement clos entre le syndicat agricole majoritaire et les groupes Écologistes et LFI. La FNSEA-JA les accuse d'avoir privé la loi de débat.

tracteurs devant l'assemblée nationale
© FNSEA

Le rejet de la loi Duplomb était la seule issue qu’une majorité de députés issus des rangs macronistes, républicains et du Rassemblement national ont trouvée pour contrer les plus de 3 500 amendements déposés. Par 274 voix contre 121, ils ont voté une motion de rejet ce lundi. Celle-ci évite un long débat dont les seuls cinq jours d’échanges prévus auraient été insuffisants. C'est d'ailleurs ce qui, depuis le début de cette semaine, agite la classe politique jusqu'aux rangs des ministres. Environ 65% des amendements à la loi ont été déposés par les groupes les Écologistes et la France Insoumise (LFI). De nombreux députés ainsi que la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, ont dénoncé « la stratégie d’obstruction délibérée, assumée et méthodique » des groupes de gauche pour « asphyxier le texte (…) désintégrer le débat (…) et saturer le temps parlementaire (…). C’est du sabotage organisé », a lancé le député et rapporteur de la loi Julien Dive (LR, Oise).

Dès le rejet de la loi, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a suspendu les actions en cours et programmées sous les colonnes du Palais Bourbon. Dans un communiqué de presse, « JA et la FNSEA saluent le vote des députés » mais regrettent « l’incapacité de l’hémicycle à mener des débats apaisés et constructifs ».

À lire aussi : Censure des articles de la loi Entraves : "C'est un bras d'honneur fait aux agriculteurs"

FNSEA-JA 63 ont rencontré les députés et sénateurs fermement opposés à la loi

Depuis une semaine, les syndicats locaux FNSEA et JA se tenaient prêts à battre le bitume. Dans le Puy-de-Dôme, des actions devaient être menées jeudi dernier. Face à la menace de nouvelles manifestations, les élus professionnels ont été invités à rencontrer les parlementaires en Préfecture à Clermont-Ferrand. Un rendez-vous en huis clos, qui devait être l'occasion pour les agriculteurs d'expliquer aux députés et sénateurs les bénéfices de la loi Duplomb, sur leur activité. 

Ils ont respecté notre demande de les rencontrer mais la discussion était déjà dans l'impasse » rapporte Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA 63.

 L'agricultrice thiernoise témoigne que les députés et sénateurs de gauche étaient soit absents soit fermement campés sur les positions de leur groupe. 

Encore une fois Marianne Maximi (députée LFI) a brillé par son absence. Depuis le début de son mandat, pas une seule fois elle n'a répondu à nos invitations. Elle vote des textes de loi notamment sur l'agriculture, avec un seul prisme ! » 

Le député Julien Brugerolles (Gauche Démocrate et Républicaine) était également absent. Le député écologiste Nicolas Bonnet et le sénateur Éric Gold (Rassemblement Démocratique et Social Européen) ont participé à ces échanges même « s'ils ont affiché des positions fermes et très marquées (...) il n'y avait clairement pas de discussion à avoir, ils étaient opposés à la loi».

Un débat clos d'avance auquel s'attendaient les professionnels, selon eux. Ce n'est pourtant pas ce qui a le plus marqué Henry Ferret, président de JA63 également présent à cet échange. 

Ils (les députés) ont une méconnaissance complète des sujets agricoles. Ils ignorent totalement ce qui se passe dans les cours de fermes. Ils suivent aveuglément les positions de leur groupe politique sans chercher à les remettre en cause, ni même les enrichir. »

La motion de rejet de la loi Duplomb perennise le texte

« La récente tournure des événements autour de cette loi est ce qui pouvait arriver de moins mauvais » assure Sabine Tholoniat

Le vote de la motion de rejet par les députés permet en effet à la loi de repartir dans le circuit législatif. Une commission mixte paritaire va être constituée de 7 députés et 7 sénateurs qui retravailleront sur le texte initial. Les 3 500 amendements déposés lors de ce premier débat sont abandonnés, ainsi que les recommandations des commissions de l'Assemblée. La commission mixte paritaire représentera alors le texte aux députés qui devront l'accepter ou le rejeter, sans recours au débat parlementaire.

À lire aussi : Proposition de loi Entraves : quelles mesures ont été conservées, lesquelles ont été censurées ?

L'épisode de lundi laisse toutefois un sentiment de colère au sein du syndicat puydomois majoritaire. 

« C'est une certaine victoire pour la FNSEA, fruit de 18 mois de travaux, mais ces événements montrent encore une fois que la situation politique de notre pays bloque le débat parlementaire et nous prend en otage. Les Écologistes et LFI font tout pour ne pas avancer sur les textes. 

Ils donnent l'impression d'occuper la place pour l'occuper, pour avoir une vie de bobo parisien. 

Et en plus de cela, ils nous méprisent et nous prennent pour des idiots. C'était une attaque délibérée contre l'agriculture et contre la FNSEA. Ils mettent en danger notre souveraineté alimentaire et la vie socio-économique dans nos campagnes parce qu'ils sont incapables de regarder autre chose que le bout de leur nez. 

Leur comportement est irresponsable et indigne de la fonction de député qui leur a été confiée par les Français. 

Et ce matin (mardi 27 mai NDLR), ils crient au "hold-up" parce qu'il n'y a pas eu de débat sur la loi ! Comment pouvait-il y en avoir avec plus de 3 500 amendements dont 2 200 déposés par leurs seuls groupes ? On croit rêver! Pendant ce temps, les agriculteurs continuent de souffrir d'une concurrence déloyale au sein même de l'UE, sans réelle solution.»

Ce mardi 27 mai, à l'heure où sont écrites ses lignes, la date exacte de remise en examen au sein d'une commission mixte paritaire est inconnue. Les premiers échos font état d'un début des travaux entre juin et juillet.

 

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