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Farine de feuilles de luzerne : résultats décevants en engraissement

Soixante porcs nourris avec un aliment contenant 5 % de farine de feuilles de luzerne ont eu de moins bonnes performances que leurs contemporains. Un essai mené par la chambre d’agriculture dans un élevage des Côtes-d’Armor.

Les essais de digestibilité de la farine de feuilles de luzerne sur les porcs menés par l’Inrae ont montré les limites de ce fourrage. © Chambre d'agriculture de ...
Les essais de digestibilité de la farine de feuilles de luzerne sur les porcs menés par l’Inrae ont montré les limites de ce fourrage.
© Chambre d'agriculture de Bretagne

Un aliment d’engraissement contenant 5 % de farine de feuilles de luzerne a dégradé les performances de croissance et d’indice des porcs charcutiers qui l’ont consommé, en comparaison aux autres animaux de la bande qui ont reçu l’aliment habituellement utilisé par l’éleveur. Ces animaux étaient moins lourds et ont été abattus plus tardivement : moins 13 kilos de poids vif et 8 jours de plus au départ à l’abattoir. Ceci représente un manque à gagner pour l’éleveur de 14,84 euros par porc. Ils ont aussi consommé 15 kilos d’aliment de plus que leurs contemporains, soit une charge supplémentaire de 2,97 euros par porc, dans le contexte de prix du porc et de prix d’aliment du 1er semestre 2019.

Une matière première stable et facile à utiliser

Si la luzerne est bien valorisée au sein des élevages de ruminants, il n’en est pas forcément de même pour le porc. En effet, la luzerne plante entière est un fourrage, certes riche en protéines, mais aussi en fibres, donc moins bien adaptée à une valorisation par les porcs charcutiers. C’est pourquoi la société Trust’ing a développé un nouveau procédé de récolte de la luzerne permettant de séparer deux fractions : l’une comprenant essentiellement les feuilles riches en protéines et l’autre partie composée des tiges riches en fibres. L’idée étant que les feuilles de luzerne puissent alors constituer une ressource protéique appréciable pour le porc en croissance. La déshydratation et le broyage des feuilles de luzerne en farine présentent l’intérêt d’offrir aux éleveurs un produit extrêmement stable et facile à distribuer aux animaux avec les équipements actuellement en place dans les élevages français.

Mais une faible digestibilité

Cependant, les essais de digestibilité de la farine de feuilles de luzerne sur les porcs menés par l’Inrae ont montré les limites de ce fourrage. Les résultats indiquent une faible digestibilité de l’énergie et des principaux acides aminés. Les chercheurs soulignent par ailleurs la difficulté d’évaluer correctement la valeur nutritionnelle de ces fourrages. L’Inrae émet l’hypothèse que cette faible digestibilité pourrait s’expliquer par les conditions de déshydratation des feuilles de luzerne. Une partie des nutriments des feuilles qui étaient très humides (82 % d’humidité) a pu être détruite lors du processus (100 °C pendant une heure). Par ailleurs, la présence de facteurs antinutritionnels (saponines, flavonoïdes) dans les feuilles joue aussi un rôle important. Ils affectent la consommation de la luzerne par les animaux et ont, par conséquent, un impact sur les performances. De plus, ils seraient en proportion davantage présents dans les feuilles que dans la plante entière, la déshydratation ne les détruisant pas. Ces facteurs antinutritionnels pourraient être partiellement détruits dans un ensilage de feuilles de luzerne par le processus de fermentation. Mais dans l’essai réalisé en élevage, ce procédé de conservation n’a pu être testé du fait de problèmes techniques de stockage et de distribution.

Repères

Essai réalisé en élevage sur 180 porcs en engraissement

60 porcs alimentés en soupe avec la formule « luzerne », dans une petite salle d’engraissement
120 porcs logés dans une salle voisine et alimentés en soupe avec l’aliment usuellement utilisé par l’éleveur.
Deux aliments en comparaison à base de maïs et de blé et 25 % de complémentaire.
Dans le complémentaire, 20 % de farine de feuilles de luzerne ont remplacé 20 % de tournesol représentant 5 % de l’aliment fini.
La conduite alimentaire des porcs est identique pour les deux lots : plan d’alimentation, nombre de repas, taux de dilution de la soupe.


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