Le défi de l’autonomie protéique
Si les élevages ovins allaitants français sont autonomes à 83 % pour l’alimentation des troupeaux en protéines végétales, il n’en est pas de même pour les ovins laitiers avec 68 % d’autonomie protéique. Pourtant, il est possible d’accroître la production de protéines en élevage grâce à des légumineuses pures, des prairies à base de légumineuses ou des mélanges céréales-protéagineux. De même, on peut valoriser en élevage les tourteaux et graines d’oléoprotéagineux produits en France et en Europe en lieu et place des tourteaux de soja importés. Le programme Cap Protéines renforce les connaissances agronomiques et zootechniques et veut montrer des exemples réussis d’élevages autonomes. Explication des enjeux.
Si les élevages ovins allaitants français sont autonomes à 83 % pour l’alimentation des troupeaux en protéines végétales, il n’en est pas de même pour les ovins laitiers avec 68 % d’autonomie protéique. Pourtant, il est possible d’accroître la production de protéines en élevage grâce à des légumineuses pures, des prairies à base de légumineuses ou des mélanges céréales-protéagineux. De même, on peut valoriser en élevage les tourteaux et graines d’oléoprotéagineux produits en France et en Europe en lieu et place des tourteaux de soja importés. Le programme Cap Protéines renforce les connaissances agronomiques et zootechniques et veut montrer des exemples réussis d’élevages autonomes. Explication des enjeux.
Avec 68 % d’autonomie protéique en moyenne, les élevages ovins laitiers français ont encore des marges de progrès pour produire eux-mêmes les protéines végétales consommées par les brebis laitières. Par comparaison, les élevages ovins allaitants sont en moyenne autonomes en protéines à 83 %.
Pourtant en produisant des plantes riches en protéines ou en nourrissant différemment ses troupeaux, l’élevage ovin français peut réduire sa dépendance aux importations de soja sud-américain, dont la France importe chaque année 1,5 million de tonnes. 44 % des tourteaux de soja sont consommés par les ruminants. En ce moment, les cours élevés des matières premières de l’alimentation animale incitent à valoriser davantage ses propres fourrages riches en protéines (légumineuses, protéagineux, prairies multiespèces…) ou à substituer le soja importé par d’autres tourteaux produits localement. La flambée des prix des engrais azotés peut également inciter à profiter des légumineuses et de leur fixation symbiotique de l’azote.
Des ressources protéiques locales à valoriser
La hausse des matières premières, renforcée par la guerre en Ukraine, se traduit par une hausse de 20 % de l’Ipampa ovin sur un an. Pour les matières riches en protéines, les prix atteignent des sommets. Depuis mars, la cotation du tourteau de soja n’est pas descendue sous les 500 euros la tonne en OGM et les 750 euros en non-OGM.
Cap Protéines veut redonner sa place à l’herbe, aux légumineuses et aux protéagineux
Autre problème, le soja importé en France est principalement produit en Amérique du Sud. Or, sa culture est l’objet de controverses. En effet, son extension se fait aux dépens de la forêt amazonienne, des savanes du Cerrado ou de la pampa argentine. En plus de contribuer à la déforestation, le soja sud-américain se cultive souvent en monoculture, avec des semences OGM et en utilisant beaucoup de produits phytosanitaires. Le bilan carbone d’aliments produits à l’autre bout de la planète n’est pas non plus des plus reluisants. Autant de griefs de moins en moins acceptés par les citoyens-consommateurs européens qui obligent l’élevage à adapter ses pratiques.
L’État français s’est inquiété de cette situation et a lancé fin 2020 une stratégie protéines végétales qui se base sur une aide aux investissements matériels, un appui à la structuration des filières et un vaste programme de recherche et développement. Ce programme Cap Protéines de recherche, innovation, développement et transfert est piloté pendant deux ans (2021-2022) par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage. La partie élevage de Cap Protéines comporte une quarantaine d’essais agronomiques et autant d’essais zootechniques, la création d’une vingtaine de plateformes de démonstration dans les lycées agricoles et le suivi de 330 fermes pilotes sur toute la France. Parmi elles, 35 élevages ovins laitiers et 45 élevages ovins allaitants ont été repérés pour leur gestion innovante du pâturage, leur production de légumineuses fourragères ou de méteils, le développement de prairies multiespèces ou l’installation de séchage en grange.
80 fermes pilotes, des vidéos, des portes ouvertes et deux webinaires
14 octobre à Garindein (Pyrénées-Atlantiques), dans un élevage laitier avec des prairies multiespèces et du séchage en grange ;
7 novembre à Erdre-en-Anjoudans (Maine-et-Loire) sur une ferme bio de 250 brebis allaitantes qui a réduit ses achats alimentaires extérieurs ;
15 novembre à Lombers (Tarn) dans un élevage ovin viande en polyculture élevage avec 680 brebis sur 120 hectares.