Vers une pénurie de main-d’œuvre en élevage laitier ?
Plus de salariés permanents non familiaux, mais moins d’exploitants et de main-d’œuvre familiale… L’évolution des forces de travail en élevage bovin lait fait craindre un manque de main-d’œuvre.
Plus de salariés permanents non familiaux, mais moins d’exploitants et de main-d’œuvre familiale… L’évolution des forces de travail en élevage bovin lait fait craindre un manque de main-d’œuvre.
Entre 2010 et 2020, la main-d’œuvre des élevages ruminants s’est réduite plus vite que dans les exploitations sans herbivores : -20 % contre -9 %, d'après le dernier recensement agricole. Les écarts entre types d’élevage sont importants. Les élevages bovins lait enregistrent la réduction de main-d’œuvre la plus forte (-27 %), suivis par les bovins viande (-16 %), les polyélevages de ruminants (-15 %) et les ovins viande (-12 %). Les ETP ne reculent que de 4 % et 5 % pour les caprins et les ovins lait. L’étude « Élevage de ruminants : vers une pénurie de main-d’œuvre ? » du ministère de l’Agriculture, de la MSA et de l’Institut de l’élevage dresse un tableau inquiétant pour les élevages bovins lait, avec une main-d’œuvre qui peut devenir limitante pour cette production.
Départs massifs d’exploitants
Parmi les exploitants agricoles cessant leur activité, près d’un sur trois n’est pas remplacé. L’élevage bovin lait accuse un des taux de remplacement les plus bas en agriculture : 45 % des départs selon l’Idele. Il est lié à des départs massifs peu remplacés. L’année 2022 devrait se situer au milieu de cette vague de départs.
Point positif : le choc démographique n’est pas dû à un effondrement des installations. Le pourcentage d’éleveurs de moins de 40 ans semble s’être stabilisé depuis 2010, grâce au maintien d’un flux d’entrées : environ 2 000 personnes par an nouvellement immatriculées à la MSA en élevage de vaches laitières (1 600 en bovin viande, 1 000 en ovin et caprin).
Diminution des salariés apparentés
Le recours au salariat s’est développé. En 2020, il concerne 31 % des exploitations avec ruminants, contre 20 % en 2010. Néanmoins, la contribution de cette force de travail reste faible : 13,8 % des équivalents temps plein (ETP) totaux. En outre, les données de la MSA montrent qu’après la hausse de l’emploi salarié en bovin lait avant la fin des quotas (2010-2015), a suivi une stagnation provoquée par la crise laitière de 2015-2016 et une rentabilité insuffisante des élevages.
Le nombre de salariés apparentés aux associés diminue, même s’ils représentent encore un salarié permanent sur huit. Les salariés permanents familiaux sont évalués à 3 600 ETP en 2020, soit -38 % par rapport à 2010. À l’inverse, le nombre de salariés permanents non familiaux progresse.
Des rémunérations peu attractives
C’est un point négatif pour l’attractivité du métier : la rémunération brute est faible en élevage ruminant, particulièrement en bovin lait. En 2020, elle atteignait en moyenne 10,90 euros par heure. Et mauvais signal, elle baisse par rapport à 2010 (11,50 €/h), contrairement aux petits ruminants qui ont revalorisé les rémunérations.
Enfin, l’étude confirme que les salariés et apprentis constituent, en élevage ruminant, un vivier pour l’installation des chefs d’exploitation : 6,9 % des salariés de 2010 et 15 % des apprentis se sont installés dix ans plus tard en élevage ruminants.
Les femmes et les HCF moins attirés par les bovins
]]> Les femmes sont moins présentes dans les exploitations avec ruminants parmi les installés depuis 2010 : 24 % contre 33 % sans élevage d’herbivore. Ce n’était pas le cas pour les installés avant 2010 (23 % contre 25 %). Parmi les élevages ruminants, les bovins attirent moins les femmes que les petits ruminants. Parmi les installés récents, la place des femmes est très basse en vaches laitières, seul secteur à avoir vu cette place baisser.
]]> Mêmes observations pour les hors cadres familiaux (HCF). L’élevage de ruminants n’a bénéficié que de 28 % de HCF, contre 37 % en exploitation sans élevage pour les installations depuis 2010. Cet écart n’existait pas avant 2010 (19 % contre 21 %). Ici aussi, les bovins sont moins attractifs que les petits ruminants. Une donnée à mettre en lien avec le fait que les élevages bovins sont plus souvent en forme Gaec, comparé aux petits ruminants. Les Gaec attirent moins les HCF.