« L'AOP camembert de Normandie nous amène un bon prix du lait mais avec de grosses contraintes »
Au Gaec des prairies normandes, dans l'Orne, le produit lait bénéficie de la plus-value liée à l'AOP camembert de Normandie. Mais les exigences sanitaires du lait cru rendent l'accès à la prime maximale difficile.
Au Gaec des prairies normandes, dans l'Orne, le produit lait bénéficie de la plus-value liée à l'AOP camembert de Normandie. Mais les exigences sanitaires du lait cru rendent l'accès à la prime maximale difficile.


Le Gaec des prairies normandes a fait son entrée dans l'AOP camembert de Normandie en juin 2016. « Cela a vraiment assis la rentabilité de l'exploitation pour y faire vivre deux associés », estime Estelle Quellier, associée du Gaec avec son époux Sylvain Quellier. Le Gaec compte 80 vaches normandes (65 %) et prim'Holstein (35 %) qui produisent 518 000 l de lait en AOP camembert de Normandie, à 44,97 g/l de TB et 35,31 g/l de TP.
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Dès leur installation, les éleveurs voulaient entrer dans l'AOP mais la laiterie Lactalis n'avait alors pas besoin de volume de lait AOP supplémentaire. En 2016, ils ont pu profiter du fait que des élevages sont sortis de l'appellation en raison de l'obligation de disposer d'au moins 50 % des vaches normandes. « Notre système pâturant avec une majorité de normandes colle à l'AOP et nous étions motivés à œuvrer pour le fromage AOP. Et c'était aussi l'occasion de dégager un meilleur prix du lait », se rappelle l'éleveuse.
65 euros pour 1 000 litres maximum depuis janvier 2025
L'AOP apporte une plus-value sur le prix du lait à condition d'atteindre le maximum de primes tous les mois, de 65 euros pour 1 000 litres depuis janvier 2025. Elles étaient de 60 euros sur la période 2023-2024.
« Il nous faut le maximum pour couvrir les charges ; nous n'avons pas le choix. Nous y arrivons quasiment tous les mois, mais c'est stressant. C'est dur de l'atteindre car dès qu'un critère qualité n'est pas bon (germes, cellules, butyriques, listeria, Staphylococcus aureus, E. coli, salmonelles, inhibiteurs, cryoscopie), la prime tombe à 25 euros, puis à zéro en cas d'un deuxième mois ''mauvais''. Nous aimerions avoir droit à l'erreur. Cette pression pose aussi problème pour former des stagiaires, se faire remplacer ou pour embaucher un salarié », détaille Estelle Quellier.
L'AOP et le lait cru ont un coût
Si le Gaec n'était pas en AOP, « notre système serait le même, mais nous aurions moins de coûts. Nous achèterions des aliments moins chers : la certification non OGM a un coût. Nous gagnerions beaucoup de temps à la traite : le lait cru impose des protocoles de traite exigeants. Et du temps en préparation des rations : le lait cru nous conduit à trier sévèrement les parties à risques en termes de butyriques et listeria ».
Une bonne incidence des taux sur le prix du lait
Le prix moyen annuel du lait au Gaec des prairies normandes | |
Du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024 | |
Pour mille litres de lait | |
Prix de base AOP en 38-32, prime AOP de 50 € comprise | 487,5 € |
Prime Pack lait cru et prime fromagère | 9 € |
Incidence qualité sanitaire (germes, cellules, butyriques) | 11,6 € |
Incidence des taux (TB et TP) | 48,6 € |
Autres primes et plafonnement de la prime AOP due à la saisonnalité du prix | 6,6 € |
Total payé HT | 563,3 € |
Le prix de base AOP camembert de Normandie chez Lactalis se décompose comme suit : un prix de base composé à 60 % du prix AOP (449 €/1 000 l en 2023-2024) et à 40 % du prix conventionnel (419 €/1 000 l en moyenne en 2023-2024). Si ces critères sont bons, les primes pack lait cru et prime fromagère (10 € en 2023-2024, 15 € depuis janvier 2025) peuvent s’ajouter. Le total des primes peut alors atteindre 60 €/1 000 l en 2023-2024 (65 € depuis janvier 2025). Source : Factures de lait |