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Céréales/Débouchés industriels
En dix ans, le blé a séduit l´amidonnerie

La croissance de l´amidonnerie française bénéficie au blé, matière première abondante et attractive. Le rejet des OGM a également fait son oeuvre.


Il y a dix ans, les volumes de blé utilisés en amidonnerie ne dépassaient guère le million de tonnes. La fécule de pomme de terre mise à part, ce débouché était largement réservé au maïs. La stabilité du volume de maïs utilisé en amidonnerie témoigne, du reste, que celle-ci est un débouché solide pour cette filière. Cependant, l´essentiel de « la croissance soutenue de notre industrie est lié au fort développement de la production d´amidon de blé. Celle-ci est tirée par la demande en gluten dont l´Union européenne est le leader mondial », expliquait Marc Roquette, à l´occasion d´un atelier du dernier congrès de l´AGPB. L´amidonnerie française devrait en transformer 2,5 millions de tonnes cette année.
L´évolution de son approvisionnement au profit du blé résulte aussi du virage de la Pac de 1992 « qui a rendu le blé compétitif et s´est accompagné d´un repli du maïs dans la zone Nord-Loire », rappelle-t-on à l´Usipa(1). « Depuis 1992, comparée au blé, la production française de maïs a été davantage sujette à des irrégularités de volumes. Et elle a connu des fluctuations de prix plus importantes ».
©E. Baratte


Matière première abondante autour des usines
Aujourd´hui, l´UE n´occupe que la seconde place dans la production d´amidon de maïs toujours loin derrière les États-Unis. Mais sa particularité est de produire à elle seule 70 % de l´amidon de blé et 70 % de l´amidon de pomme de terre dans le monde.
Alors qu´en France les sites industriels sont situés sur une ligne allant du Nord à l´Alsace, « les amidonniers cherchent autant que possible à rapprocher leur source d´approvisionnement », poursuit l´Usipa. Le maïs alsacien est aux premières loges et celui de la région Rhône-Alpes relativement proche grâce au fluvial et au rail. Quant au blé, c´est une matière première abondante, produite autour des industries. Il assure un approvisionnement à prix attractif et régulier à des usines qui engloutissent « jusqu´à 2000 tonnes par jour », explique l´Usipa.

Atout de poids au yeux d´une industrie pour laquelle « la performance logistique est un critère primordial, poursuivait Marc Roquette. Notre matière première est moins chère à transporter que nos produits finis. 18 euros la tonne (120 F/t) pour du maïs. 45 à 53 euros la tonne (300 à 350 F/t) pour du glucose, à titre de comparaison. C´est pourquoi les amidonneries sont implantées là où se trouvent les populations. De ce point de vue, la Picardie ou la zone de Reims sont pour nous des origines privilégiées », d´où une large part de la récolte va en amidonnerie (jusqu´à 50 % dans la région de Reims). Alors que l´amidonnerie française réalise plus de la moitié de son chiffre d´affaires sur le marché communautaire, ces régions sont de grands bassins céréaliers situés aux portes des zones les plus peuplées d´Europe. Enfin, il faut noter que, s´il contient moins d´amidon, le blé a un coproduit : le gluten. Celui-ci se valorise très bien comme améliorant des farines pour la meunerie.
Source : Usipa

Le rejet des OGM resserre les cahiers des charges
Le rejet des OGM a poussé les industriels et les organismes stockeurs à resserrer les cahiers des charges et la traçabilité du maïs. Il a aussi renforcé la tendance favorable au blé. « Nos amidons sont destinés à trois grands types de débouchés, expliquait récemment Augustin Chazal, Cerestar-Cargill, devant des agriculteurs réunis par le semencier Maïs Adour. La moitié est transformée en une gamme de produits utilisés en alimentation humaine, 20 % va en papeterie et cartonnerie, le reste emprunte la voie de la chimie et de la pharmacie. Le critère numéro un de nos clients est la garantie non OGM ».
La qualité de blé recherchée correspond à « de bons blés meuniers standards ». Avec une teneur en protéines entre 11 % et 11,5 %, selon l´Usipa. « Nous cherchons une matière première de bonne qualité mais celle-ci ne nécessite pas de contractualisation avant semis sur des critères particuliers. Nous souhaitons de plus garder de la flexibilité dans nos approvisionnements en fonction du marché », précisait Marc Roquette. Ce qui n´empêche pas un partenariat étroit avec les organismes stockeurs notamment sur « la logistique et la traçabilité ».

Finalement, « l´amidonnerie de blé souhaite que le tas de bonne qualité soit le plus important possible dans la région de Reims, résumait-il et c´est souvent le cas ». Restent les aléas climatiques de chaque campagne. Un amidonnier peut être conduit à « changer de bassin d´approvisionnement sur un problème de temps de chute de Hagberg par exemple ».
Source : Usipa - Campagne 2001-2002.


(1) Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés.

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