Pomme golden : le climat la pousse vers le nord-est
Le cabinet d’études Agroclimat 2050 a modélisé la biogéographie, ou aire de répartition, de la pomme golden d’ici la fin du siècle, à travers une carte animée accessible en ligne. Son fondateur, l’agronome Serge Zaka, nous résume ces prévisions.
Le cabinet d’études Agroclimat 2050 a modélisé la biogéographie, ou aire de répartition, de la pomme golden d’ici la fin du siècle, à travers une carte animée accessible en ligne. Son fondateur, l’agronome Serge Zaka, nous résume ces prévisions.
Quelle sera la biogéographie de la golden sur la période 2035-2055 ?
Serge Zaka : Dans un premier temps, cette pomme qui était très présente en Pays de la Loire et dans le Sud-Ouest (Aquitaine, Limousin…) s’étend vers la Normandie, le Pas de Calais, le Massif central, les Alpes, le Jura, en altitude et moyenne altitude. Elle gagne du terrain vers le nord-est de la France, car les conditions de maturité et de vernalisation (1) y sont meilleures. À l’inverse, l’extrême Sud-Est, le Roussillon et la pointe bretonne commencent à passer du vert au rouge. Le principal facteur est le manque de froid hivernal, ces pommiers ayant besoin de 1 000 heures de froid par an.
Et plus tard, sur la période 2050-2070 ?
S.Z. : La tendance continue. La golden s’échappe vers l’Allemagne et la Pologne, qui seront nos principaux concurrents dès 2035. Puis elle viendra s’installer jusqu’au sud de la Suède. En France, le front de perte par le Sud-Ouest continuera, la golden quittera progressivement le Languedoc-Roussillon, l’Aquitaine, le Limousin, le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire, la Bretagne et l’ouest de la Normandie, soit toutes les régions qui auront des hivers trop doux.
Après 2070, la golden disparaît-elle de France ?
S.Z. : La golden disparaît presque entièrement de la France, sauf en altitude, dans les alpages, le Massif central et certains sommets du Jura. Elle ne pourra plus être en plaine, à cause de nombreux facteurs comme le manque de froid ou l’excès de sécheresse. Si les politiques mondiales évoluent, le réchauffement sera plus faible, mais cela ne changera pas la tendance.
Comment les pomiculteurs français peuvent-ils s’adapter ?
S.Z. : De nombreuses autres variétés de pommes pourraient être cultivées, en fonction du climat, du terroir, du type de sol… Par exemple, la pomme Anna a besoin de seulement 400 heures de froid, Pink Lady de 600 heures.
Quels indicateurs avez-vous utilisés pour cette modélisation ?
S.Z. : Nous avons utilisé des indicateurs agroclimatiques clés, dont la vernalisation (1), les dates de floraison et de maturité, le risque de gel après floraison, la sécheresse, l’excès d’eau pendant la floraison, les températures hivernales et estivales mortelles ou encore le nombre de jours caniculaires.