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Produire partout à Paris ?
Paris, future capitale aux jardins suspendus?

Il faut se faire une raison : Paris ne peut pas nourrir Paris. Mais, sous l'impulsion de la Mairie, les projets d'activités agricoles au sein de la capitale relèvent de moins en moins du fantasme.

La ville autosuffisante en produits alimentaires, mythe ou réalité ? La volonté vers l'autonomie alimentaire de la capitale, si elle demeure encore largement un rêve (comment faire avec plus de 2 millions d'habitants aux goûts si divers ?), suscite néanmoins bien des expériences, renforcées par la récente modification du Plan local d'urbanisme votée par le Conseil de Paris en juillet et qui entend favoriser l'agriculture urbaine.

Plusieurs expériences sont déjà en cours, portées par des entreprises spécialisées dans l'agriculture urbaine. Souvent hyperlocalisées (dans un quartier, un immeuble), elles sont difficiles à chiffrer : l'agence régionale Natureparif a comptabilisé 743 espaces en Ile-de-France totalisant 187,5 ha, dont la moitié à Paris. Des démarches sont aussi plus abouties et dépassent le simple jardin : des sociétés comme “Paris sous les fraises” (culture de fruits rouges sur le toit des Galeries Lafayette), Topager (jardin potager sur le toit de l'hôtel Pullman pour approvisionner sa brasserie) ou Veni Verdi qui, depuis 2012, a installé huit jardins partagés dans la capitale.

Marchés de niche

La Mairie de Paris pousse fortement dans le sens du développement de l'agriculture urbaine. Son appel à projets (APP) “Parisculteurs” vise à végétaliser quarante-sept espaces dans la capitale : plus de la moitié est destinée à l'agriculture urbaine. Cent trente projets ont été déposés au 9 août (date de clôture). Pareillement, l'APP “Réinventons Paris” (réaffectation de bâtiments) a vu La ruche qui dit oui !, Terre d'avenir (marché alimentaire) ou UpCycle (production de champignons) parties prenantes de projets. On n'est désormais plus dans le domaine du symbolique.

Un premier projet commercial

Mais peut-on imaginer de vraies structures de production urbaines, vendant leur récolte aux Parisiens ? La première concrétisation de ce type devrait intervenir début 2017 avec l'ouverture d'une serre maraîchère urbaine à vocation commerciale. Le projet (2 M€ d'investissement, sans subvention), est développé par la société Toit tout vert. La serre devrait couvrir 1 500 m2 sur une toiture inexploitée d'un immeuble dans un quartier du XIIe arrondissement. Toit tout vert explique que « les techniques qui seront mises en œuvre sont issues du monde agricole traditionnel mais adaptées et optimisées pour leur implantation en milieu urbain ». La société s'est rapprochée du Critt Horticole de Rochefort (Charente-Maritime) et de la société Chabeauti à Glénay (Deux-Sèvres), plus connue dans le matériel à l'intention de la filière cunicole. La serre devrait produire tomates, salades, courgettes, herbes aromatiques... pour confectionner 500 paniers/semaine, vendus dans le quartier (zone de chalandise d'environ 1 500 personnes).

Un impact malgré tout limité

Cet engouement doit être tempéré par les chiffres. La production en Ile-de-France ne couvre que 24 % de la consommation francilienne de pommes de terre et moins de 10 % de celle de f&l. Lors des ateliers de l'agriculture urbaine organisés en juin dernier par Natureparif, Gilles Billen, chercheur au CNRS, a évalué la part des besoins alimentaires urbains qui pourrait être couverte par l'agriculture urbaine ou périurbaine. Il faudrait 140 000 ha de maraîchage en Ile-de-France. Or, sur les 530 000 ha de SAU dans la région, seuls 4 400 ha sont dédiés à cette production, dont 140 ha de potagers urbains (essentiellement des jardins familiaux, 80 ha). Et de conclure : « L'agriculture urbaine ne pourra pas satisfaire tous les besoins alimentaires de l'agglomération parisienne, même revisités (moins de gaspillage, moins de produits animaux)… ».

Même son de cloche chez l'association Terre de liens, qui, depuis 2003, acquiert du foncier agricole et des fermes pour les proposer en location à des agriculteurs. « Il convient de garder les pieds sur terre et d'avoir le sens des proportions. L'agriculture urbaine ne sera qu'un apport marginal pour la consommation alimentaire des habitants, indique l'association dans une note au printemps dernier. A l'évidence, la ville ne nourrira pas la ville. C'est donc ailleurs que dans le fantasme d'une autonomie alimentaire de la ville qu'il faut chercher les vrais enjeux de l'agriculture urbaine. »

Il faudrait peut-être alors élargir le débat. C'est ce qu'a proposé Benoît Grimonprez, codirecteur de l'Institut du droit rural (Université de Poitiers), lors d'un colloque sur le sujet organisé par le think tank saf agr'iDées, fin 2015. « L'agriculture intra-urbaine se caractérise uniquement par sa localisation géographique, a-t-il expliqué. Alors que le concept d'agriculture de proximité, qui englobe l'agriculture urbaine au sens large, combine deux éléments : elle est mitoyenne avec la cité, mais elle est aussi citoyenne. Elle rend des services à la ville et ses habitants. Pour favoriser son développement, on devrait mieux définir ses règles d'implantation, et mieux organiser ses filières, en partenariat, avec les communes. » Ce qui permettrait aux commerçants et producteurs d'avoir voix au chapitre.

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