Egypte
L'Egypte revendique sa place sur les marchés mondiaux
Production et export en hausse, investissement dans le secteur du transport et de la logistique, accord de libre-échange..., la filière égyptienne se positionne.




L'Egypte sera décidément au cœur de l'actualité des Salons fruits et légumes en 2016. Hôte de Food Africa et du rendez-vous conjoint Mac Fruit Attraction au Caire du 4 au 7 mai (cf. fld hebdo du 4 novembre), l'Egypte est aussi le pays partenaire de l'édition 2016 de Fruit Logistica à Berlin du 3 au 5 février. Le pays exposera dans le hall 2.1. Le stand collectif égyptien est organisé par la EECA (Egypt Expo & Convention Authority). Alors que le pays expose depuis 1999, quatre-vingt-six exposants sont attendus cette année, un chiffre en progression, et toute la filière égyptienne sera représentée.
« L'histoire de l'agriculture en Egypte remonte à plus de 5 000 ans. Aucun autre pays au monde n'a une telle expérience, a déclaré le président-directeur général de Messe Berlin, Dr. Christian Göke, au sujet de ce choix. Aujourd'hui, l'Egypte joue un rôle important dans la filière f&l internationale avec des exportations vers 145 pays. » L'Egypte est en effet un acteur mondial désormais incontour-nable. Au cours des dix dernières années, l'Egypte a augmenté ses exportations de produits agricoles de 226 %, selon un communiqué de presse de Messe Berlin du 17 novembre, pour une valeur de plus de 1,8 Md€ pour la saison f&l 2014-2015. En volume, l'export a atteint 1,22 Mt en oranges – selon l'USDA, l'Egypte a même été le plus grand exportateur d'oranges de la saison.
Diversification de l'offre égyptienne
Le Ciheam (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes) estime que, par rapport à la décennie précédente, l'Egypte est passée d'un déficit dans ses échanges avec le reste du monde à un solde positif. De plus, l'évolution des exportations en f&l se caractérise par une augmentation moyenne annuelle en valeur plus que proportionnelle à l'augmentation en volume, révélant ainsi une orientation de l'Egypte vers des exportations à plus forte valeur ajoutée. L'Egypte a diversifié son offre de produits et introduit de nouvelles catégories dans le panier des produits destinés à l'exportation. Oranges, pommes de terre et oignons restent incontournables mais des produits tels que les fraises ou le raisin ont connu les années précédentes un taux de croissance annuel élevé (respectivement + 50 % et + 63 %).
La Russie, une destination qui se renforce
L'Egypte exporte dans 145 pays, en particulier sur les marchés européens et du Moyen-Orient, avec en tête la Russie (18 % de la production) et l'Arabie saoudite (18 %), mais aussi les Emirats Arabes Unis, le Royaume-Uni, l'Irak, la Libye, l'Italie, les Pays-Bas, et le Koweït. En 2014-2015, 743 000 t ont été exportées vers l'UE par 727 entreprises, tandis que le volume total a atteint 3,53 Mt, soit 23 % des volumes destinés aux pays de l'Union européenne. La diversification des marchés d'exportation s'est accélérée, au détriment des marchés de destination traditionnels. Elle a pour première conséquence d'accroître pour l'Egypte le poids relatif de certains débouchés (Russie, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni notamment). Cette situation est d'autant plus vraie depuis l'embargo russe sur les produits européens, avec une progression de l'export sur la Russie. En mai dernier, le pays moscovite représentait 25 % des envois égyptiens. Cet arbitrage pourrait se renforcer avec l'annonce de l'embargo russe sur certains f&l turcs, l'Egypte s'étant déjà positionnée comme prête à compenser le manque de volumes à la Russie (cf. fld hebdo du 9 décembre).
Une porte d'entrée vers l'Afrique et le Moyen-Orient
Plusieurs facteurs expliquent cette évolution positive sur les marchés mondiaux. Des conditions agro-climatiques favorables et un positionnement sur des produits de contre-saison, certes, mais aussi la proximité physique de marchés importants : la Méditerranée et l'Europe, le Moyen-Orient. L'Egypte se veut désormais être une plaque tournante logistique mondiale, importante pour les entreprises qui désirent faire des affaires ou établir des relations commerciales avec l'Europe, l'Asie et l'Afrique. C'est un point qu'elle a revendiqué lors de la conférence de présentation du futur Salon Mac Fruit Attraction (cf. fld hebdo du 4 novembre). Un nouveau pas a été franchi en juin lors de la création de la zone de libre-échange avec vingt-six Etats africains (accord tripartite de libre-échange Comesa-EAC-SADC qui devrait entrer en vigueur en 2017 et faciliter la circulation des marchandises entre les Etats membres). En plus d'être une porte d'entrée pour les marchés du Moyen-Orient, l'Egypte va devenir un passage obligé pour l'Afrique (500 millions de consommateurs, dont 85 millions rien qu'en Egypte, 100 millions d'ici 2020).
Des investissements dans le transport et la logistique
Pour cela, l'Etat a massivement investi dans le secteur du transport-logistique : constructions de centres d'emballages conformes aux spécifications internationales et d'entrepôts frigorifiques, progression de la capacité logistique du pays en développement. L'extension du Canal de Suez est un exemple : la capacité du Canal de Suez s'élevant actuellement à 49 bateaux/jour devrait ainsi passer à 97 bateaux/jour (double voie, la nouvelle permettant un tirant d'eau plus important donc le passage de porte-conteneurs type 18 000 TEU). Plus de 90 % des produits exportés par l'Egypte le sont par bateau. En parallèle, l'Etat a pris conscience du travail à faire sur le fret aérien, en particulier sur les produits à forte valeur ajoutée, d'autant que le pays dispose d'un entrepôt frigorifique à l'aéroport international du Caire. La filière se structure, se concentre sur le management, la formation technique des exportateurs égyptiens aux normes de qualité. L'Etat prend conscience de l'importance du secteur privé dans la prise de décision. L'Egypte est engagée dans des réformes structurelles et législatives pour créer un climat d'investissements favorable, malgré une situation politique compliquée. Côté production, elle investit aussi. L'agriculture en Egypte emploie 32 % des actifs et totalise 14,7 % du PIB. La production agricole représente presque 2,5 millions d'hectares de sols fertiles concentrés autour de la vallée du Nil et du delta. Les terres désertiques sont vues comme une opportunité de développement (projet d'irrigation Toshka New Valley...). Celui-ci, lancé à la fin des années 90, a pour objectif de créer une autre “vallée du Nil” et d'augmenter de 10 % les terres arables dans le Sud du pays.