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Figue: la mouche devient la bête noire

La mouche noire du figuier occasionne des pertes considérables en Roussillon pouvant atteindre 80% de la production et remettre en cause le renouveau de la figue. 

Encore inconnue il y a cinq ans en Roussillon, la mouche noire du figuier, Silba adipata, inquiète les producteurs bio. L’explosion de sa population est à l’origine d’un travail collaboratif entre la structure Teraneo, le Civam Bio 66 et les sociétés AB7 Innovation et Open Nature. « En  2015, nous nous sommes intéressés de plus près à ce ravageur, et nous avons mis en place une série d’observations  afin de mieux connaître ce ravageur, la bibliographie étant très pauvre sur le sujet. Désormais présente dans tous les secteurs du département, cette mouche est à l’origine de dégâts importants allant de 20 à 80% de la récolte », explique Marie Singer du Civam Bio 66. Difficilement identifiable, Silva adipata, qui de surcroît à un sosie, présente un cycle long compris entre 19 à 48 jours en fonction de la température. Une mouche peut ainsi pondre de sept à huit œufs qu’elle positionne dans l’ostiole du fruit encore vert et présentant un diamètre 1,5 à 2,5 cm. 

Des pièges sélectifs mis au point

Faisant suite à des essais de piégeage réalisés en 2015, un nouveau réseau de piégeage a été mis en place sur quatre parcelles conduites en culture biologique sur des secteurs différents. Celui-ci vise à tester deux types de pièges, l’un à mouches et l’autre à guêpes, de différentes couleurs et avec treize attractifs alimentaires dissous dans deux solutions, l’une de levure de bière et l’autre de phosphate diammonique. Au total, 170 pièges ont été positionnés et pas moins de 60 combinaisons testées. Après une première phase de tests, les pièges blancs et transparents ont été sélectionnés ainsi que cinq attractifs alimentaires. Au terme d'une seconde étape, le choix du piège à guêpes blanc et transparent favorisant l’entrée de la mouche a été confirmé. Trois attractifs numérotés, dissous dans une solution de phosphate diammonique, ont été finalement sélectionnés. A noter que ce produit n’étant pas à ce jour homologué en culture biologique, une dérogation visant à l’autoriser en 2018 est en attente de réponse. « Son autorisation permettrait d’envisager un piégeage massif qui s’avère être l’unique solution pour espérer lutter efficacement contre Silva adipata. Dans l’autre cas, nous nous trouverions face à une impasse qui pourrait avoir de lourdes conséquences », insiste Marie Singer.

Près de 1 000 tonnes à l’horizon 2025

En effet, « depuis 4-5 ans, en lien avec le projet de développement porté par la coopérative Teraneo, la production de figues Bourjassotte noire connaît un fort développement en Roussillon et tout particulièrement en culture biologique », indique Hervé Lagrange, technicien arboricole de la structure. Ainsi, de 230 tonnes produites par une quarantaine d’arboriculteurs en 2017, la structure table sur près de 1 000 tonnes à l’horizon 2025. Un objectif atteignable à la condition de mettre en place un moyen de lutte efficace, notamment en culture biologique, contre Silva adipata devenue l’ennemi numéro un de la figue.
Face aux nombreuses interrogations subsistant autour de Silva adipata et, notamment, la date de son arrivée dans les vergers, les pièges vont rester positionnés dans les parcelles d’essais tout au long de l’année.

Favoriser la prophylaxie

Parallèlement au travail collaboratif entre les structures qui sera poursuivi en 2018, la mise en œuvre de mesures prophylactiques visant à enlever les figues touchées est vivement recommandée. « Bien que nous n’ayons à ce jour aucune certitude sur l’efficacité de cette pratique, nous pensons que le retrait des fruits atteints contenant des larves de Silba Adipta est à encourager », indique Denis Pla, producteur et président de la section Diversification chez Teraneo. Sur les 5 ha de figuiers qu’il cultive, il a pour sa part fait le choix d’ébouillanter les figues touchées afin de s’assurer de la destruction des différentes larves présentes dans les fruits. D’autres mesures visant à détruire les pupes présentes dans le sol, ou encore à installer des plantes répulsives au sein du verger, sont à l’étude. 

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