En Val de Loire, l’offre de légumes primeurs s’élargit
La saison des légumes primeurs débute plutôt bien en Val de Loire, avec une bonne précocité. La recherche de l’origine France facilite aujourd’hui l’élargissement de la gamme et le développement de certains légumes.
La saison des légumes primeurs débute plutôt bien en Val de Loire, avec une bonne précocité. La recherche de l’origine France facilite aujourd’hui l’élargissement de la gamme et le développement de certains légumes.
En région nantaise et Anjou, le climat, les sols légers et la culture sous chenille permettent de produire très tôt des légumes de plein champ. Un légume phare de la gamme est le radis. L’essentiel des volumes est constitué de radis demi-longs destinés au marché français. La région produit aussi un peu de radis ronds rouges vendus en bottes ou équeuté, en vrac pour la IVe gamme ou la restauration ou en barquettes ou sachets pour la GMS. Même s’il s’en produit désormais toute l’année, l’essentiel des radis est récolté de mars à fin mai. Après avoir beaucoup augmenté il y a quelques années, la production sur la région s’est stabilisée à 28-32 millions de bottes par an. Nanteurop produit 11 millions de bottes et 1 300 t de sachets 200 g de radis rose et 250 g de radis rouge. Océane prévoit d’en commercialiser 8,5 millions de bottes en 2017 (8 millions en 2016). Fleuron d’Anjou devrait produire 7 millions de bottes ainsi que des sachets de 200 g de radis rose et 250 g de radis rouge. Val Nantais produit 6 millions de bottes de radis, dont 1,5 million au printemps. Après des essais de mécanisation, la récolte est aujourd’hui 100 % manuelle, sauf pour le radis équeuté. « Les légumes primeurs ont besoin d’un visuel irréprochable, souligne Alain Fradin, directeur des ventes de Nantial. Pour le radis, cela signifie des feuilles bien vertes, de belles couleurs rouge et blanche et une botte bien faite. Or la récolte manuelle permet une bien meilleure présentation de bottes. » Beaucoup ont aussi investi dans l’hydrocooling, qui augmente la durée de vie du produit de deux ou trois jours, et dans le stockage en froid humide. Enfin, la logistique est essentielle pour raccourcir le délai récolte-commercialisation. Les opérateurs essayent aussi de valoriser la qualité en mettant leur marque en avant. Tous les colis de radis de Nanteurop sont désormais recouverts d’un complexe à marque Priméale. Océane lance la pose d’une étiquette sur la botte de légumes mettant en avant sa marque et l’origine française du produit, avec un QR code permettant au consommateur de communiquer avec la coopérative.
Poireau et navet plat
Un autre légume important est le poireau primeur. Si 2016 s’est bien passé grâce au climat qui a favorisé la consommation, la production stagne, voire diminue. « Le poireau primeur se vend car il est beau, pas trop gros et avec du goût, souligne Dominique Calais, directeur d’Océane. C’est la qualité qui fait vendre. Mais il n’y a pas de nouveaux consommateurs. Les consommateurs de poireau primeur sont ceux qui achètent du poireau toute l’année et dont la moyenne d’âge augmente. De plus, le poireau implique de gros investissements en récolte et conditionnement et coûte cher en plants et main-d’œuvre. Depuis plusieurs années, il n’y a plus de nouveaux producteurs. ».
Le poireau semé, qui arrive fin avril, a beaucoup diminué au profit du planté, plus régulier mais qui n’arrive qu’au 25 mai. En 2017, Nanteurop devrait produire 4 200 t de poireaux primeurs, dont 800 t de semés, vendus en colis 5 et 10 kg. Val Nantais commercialise 5 000 à 6 000 t de poireaux semés et 3 000 t de poireaux plantés en colis vrac 5 et 10 kg et bottes de 1 kg. Océane, qui prévoit de commercialiser 3 800 t de poireau en 2017, a en revanche arrêté le poireau semé. L’essentiel est commercialisé en France. Mais la région exporte aussi beaucoup de poireaux en début de saison vers de nombreux pays d’Europe. Depuis quelques années, la concurrence espagnole se fait parfois sentir sur ces marchés export. Autre primeur traditionnel de la région : le navet plat, qui prend place pendant l’arrêt de production du navet rond normand, de mi-mars à début juin. Plus résistant à la montaison et plus tendre et gustatif que le navet rond, le navet plat est vendu en bottes ou en vrac. L’offre varie toutefois suivant les surfaces laissées disponibles par la mâche. Nanteurop en produit 1 200 t/an, vendus en colis bois 5 kg à marque Nantial. Val Nantais en commercialise 650-700 t, en colis 5 et 12 kg. Fleuron d’Anjou vend 700 000 bottes de navet.
La gamme s’élargit, aidée par la demande d’origine France
L’oignon blanc botte, vendu de mi-avril à début octobre, connaît un bon développement. Fleuron d’Anjou devrait en commercialiser 2,2 millions de bottes en 2017, contre 1,8 million il y a deux ans, avec des bottes de 5 ou 6 oignons et des bottes de dix oignons pour certains clients. Océane a développé l’oignon blanc il y a quelques années et en produit aujourd’hui 1,3 millions de bottes. La carotte, qui avait beaucoup diminué dans la région suite au boom de la production dans les Landes, s’y redéveloppe à nouveau. Fleuron d’Anjou devrait en commercialiser 1,2 million de bottes en 2017, soit 10 % de plus qu’en 2016. « La culture sur butte permet de proposer des carottes très longues et très droites qui se distinguent sur le marché », précise Pascal Laidet, directeur commercial de Fleuron d’Anjou. Océane, qui a développé la carotte il y a deux ou trois ans, prévoit d’en commercialiser 450 t en 2017, contre 220 t en 2016.
Et la gamme continue de s’étoffer. Océane, dont la stratégie est d’élargir sa gamme de légumes primeurs, a ainsi lancé la production de fenouil (460 t en 2016, 600 t prévues en 2017), cardes bottes (70 t), persil botte (130 t), salades entières (laitue, batavia, feuilles de chêne, 1,8 million de têtes) et cœurs de sucrine (2 millions de sachets de trois cœurs). « Les distributeurs veulent de beaux légumes et une gamme large, constate Dominique Calais. Mais ils recherchent aussi de plus en plus des produits français. Cela nous favorise par exemple pour le fenouil, en alternative au fenouil italien, et pour les cœurs de sucrine, majoritairement produits en Espagne. Nous devons toutefois être dans les prix du marché. La proximité est un plus pour la fraîcheur du produit. Mais nous devons aussi être très rigoureux sur les variétés et les itinéraires techniques pour assurer à la fois la qualité et le prix. » En fenouil, la coopérative a aussi travaillé avec les constructeurs sur le calibrage du fenouil et deux producteurs viennent d’investir en commun dans une calibreuse. Et en sucrine, il a fallu travailler le matériel de conditionnement des cœurs de sucrine par trois. Nanteurop, qui produit 1 200 t/an de jeunes pousses (batavia blonde et rouge, épinard, roquette) pour le frais et l’industrie, avec notamment des barquettes de 125 g pour la GMS, constate également une plus grande sensibilité à l’origine France. « Nos clients souhaiteraient de plus en plus avoir une origine France des jeunes pousses toute l’année », constate Alain Fradin.
Bonne dynamique de l’asperge
L’asperge bénéficie aussi du regain d’intérêt pour l’origine France. « Il y a quelques années, il y avait beaucoup d’asperges de Grèce ou d’Espagne, rappelle Pascal Laidet, directeur commercial de Fleuron d’Anjou. Aujourd’hui, dès que la production française arrive avec des volumes conséquents, les distributeurs basculent immédiatement sur l’origine France. » Depuis quelques années, Fleuron d’Anjou a donc relancé la production d’asperges. Très rapidement, elle devrait ainsi passer de 350 t/an à 550 t, dont 50 t de vertes. Toutes les asperges sont hydrocoolées chez les producteurs puis conditionnées en plate-forme et stockées en froid humide. Elles sont commercialisées en colis bois 5 kg et, depuis trois ans, en bottes de 500 g ou 1 kg sous flow-pack. « Le flow-pack allonge la durée de vie du produit de deux jours. Nous y mettons aussi notre marque, des conseils d’utilisation et des recettes. L’accueil est très positif. »
La pomme de terre primeur s’en sort bien
Alors que les surfaces en pomme de terre primeur ont beaucoup régressé et diminuent encore dans certaines régions, la production sur les îles de Ré et Noirmoutier est stable. À Noirmoutier, trente producteurs cultivent 450 ha de primeurs, dont 10 ha sous abri, pour 12 000 t récoltées de fin mars à fin juillet. Les principales variétés sont Sirtema, Lady Christl et Charlotte. La coopérative produit aussi 150 t de Bonnotte, variété relancée il y a 20 ans avec l’Inra et Monoprix, vendue la 2e semaine de mai. Et elle lance Iodéa, variété blanche résistante aux nématodes dont elle a l’exclusivité en France. 400 t d’Iodéa seront vendues cette année du 15 mai au 10 juin, en sachet fraîcheur 1 kg, sachet grenaille 500 g, bourriche bois 5 kg, colis 12,5 kg et sachet fraîcheur 750 g en début de saison. La coopérative travaille aussi sur un Label Rouge. Sur l’Île de Ré, 21 producteurs cultivent 110 ha de pomme de terre primeur en plein champ, pour 2 000 t commercialisées. La primeur y bénéficie d’une AOP depuis 1998. 80 % des volumes sont basés sur la variété Alcmaria, le reste sur Charlotte. Les principaux conditionnements sont la caisse bois 1,5 kg et 5 kg, le sachet fraîcheur 1 kg, le filet 2,5 kg et le carton 12,5 kg.