Céréales
La filière Grandes cultures bio victime de son succès ?
82 % des Français ont confiance dans le bio, mais 50 % souhaitent en savoir plus sur les modalités de production, alerte Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio.
82 % des Français ont confiance dans le bio, mais 50 % souhaitent en savoir plus sur les modalités de production, alerte Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio.
Avec une hausse des exploitations spécialisées dans les grandes cultures en conversion bio (cf. graphe) et des surfaces de l’ordre de 20 % entre 2017 et 2018, à 480 000 ha (incluant celles en conversion C1 et C2), le secteur poursuit sa progression, d’après l’Agence Bio. « La jeune génération se sent concernée par les questions de santé et d’environnement : 20 à 25 % d’entre eux y réfléchissent dans leurs actes d’achats (étude Crédoc). Cela donne beaucoup d’espoir dans la pérennité de la demande en produits bio », s’est exprimé Olivier Deseine, dirigeant des Moulins de Brasseuil, lors des Rencontres des grandes cultures bio à Paris le 22 janvier. Néanmoins, Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio, alerte sur un chiffre qui incite à la prudence. « Notre dernier baromètre révèle que 82 % des Français ont confiance dans le bio. Mais, 50 % d’entre eux souhaitent en savoir plus. » Selon le directeur, il est nécessaire d’accroître la transparence sur le bio, afin d’éviter que cette confiance ne s’effrite, et de voir la demande s’effondrer.
Pour la campagne 2018/2019, la consommation de blé tendre par les meuniers devrait atteindre 168 000 t, et 55 000 t pour les fabricants d’aliments pour animaux (Fab), contre respectivement 144 729 t et 47 917 t en 2017/2018, pour des volumes récoltés de 106 000 t cette année (118 000 t en 2017), selon FranceAgriMer. Meuniers et Fab veulent continuer de soutenir l’offre hexagonale, afin d’être autosuffisants en 2022. Néanmoins, Florent Guhl signale un paradoxe : « stimuler l’offre est une bonne chose. Mais j’entends dire de plus en plus que, s’il y a beaucoup de volumes, c’est que le bio perd en qualité ». Ainsi, il milite pour une communication accrue dans les médias. « Il ne fait pas hésiter à débattre, intervenir dans des reportages à charge, ne pas rester dans l’entre-soi », ajoute le directeur. Son objectif pour le 20e anniversaire du Printemps bio en 2019 est d’encourager transformateurs et importateurs à « montrer la réalité des filières ». Emmanuel Leveugle, vice-président du groupe Bio Grandes cultures de Terres Univia, ajoute : « Des consommateurs se demandent si les contrôles dans le bio sont toujours aussi rigoureux. La réponse est oui, et il faut le montrer ! »
Allègement du cahier des charges des meuniers
Cela n’empêche pas la meunerie et les Fab de proposer des solutions pour stimuler l’offre et répondre à la demande.
Côté meuniers, « nous réfléchissons cette année à alléger le cahier des charges, en abaissant le taux de protéines de 11 % minimum à 10,5-11 % », indique Olivier Deseine. Bertrand Roussel, responsable du segment Nutrition animale bio de Terrena, prône la contractualisation « sur trois à cinq ans, avec des conditions de quantités, de tunnels de prix etc. ».