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Chez Claude Muller, dans les Ardennes
Un système broutards herbager simple et efficace

Sur 74 hectares de prairies, Claude Muller élève une soixantaine de Charolaises et vend des broutards. Une productivité numérique de plus de 95 % et une production brute de viande vive supérieure à 300 kg/UGB en font un système rentable.

Dans l’Argonne ardennaise, à Marcq, Marie-Claude et Claude Muller élèvent leurs Charolaises sur 74 hectares de prairies naturelles. Le troupeau est parti de quasiment zéro en 1983. La voie choisie était de développer d’abord le troupeau, qui a longtemps été logé dans d’anciennes étables entravées. À partir de 2000, les éleveurs ont progressivement investi dans des bâtiments. Deux stabulations avec aire paillée intégrale et un bâtiment de stockage ont pu être montés sans grèver les résultats par les annuités. « Pendant quelques années, nous avons labouré une quinzaine d'hectares et nous vendions des céréales. Mais étant donné le potentiel de ces parcelles, il est évident à nos yeux que la rentabilité est supérieure avec des prairies valorisées par les Charolaises », expliquent les éleveurs.

Le rendement des prairies naturelles est d’environ 6 tMS/ha en n’apportant que le fumier, et en moyenne, ramenée à l’ensemble de la surface, 18 unités d’azote. De l’enrubannage est récolté vers le 20 mai. Les 11 hectares ont rendu 3,5 tMS/ha cette année. Du foin est ensuite récolté le plus tôt possible (26 hectares). Cette année, il a été récolté tard et sera d’une qualité très moyenne pour 5,4 tMS/ha de rendement. Claude Muller récupère aussi 12 tonnes de foin qu’il fait chez un voisin.

17 hectares de prairies sont en zone Natura 2000 et inondables. C’est la première fois cette année que l’inondation a eu lieu au printemps. Les vaches sont restées bloquées une dizaine de jours sur la parcelle et ont du être nourries avec de la paille. Le foin récolté sur 4 hectares de cette parcelle sera inutilisable pour l’alimentation des animaux.

82 % des vaches vêlent seules et 16 % avec une aide facile

Les vêlages sont organisés en deux périodes de trente vêlages chacunes, du 20 août au 20 octobre et de début février à fin mars. Le premier vêlage intervient à 35 mois. Les deux tiers du lot vêlant à l’automne – la dizaine de génisses ainsi qu’une dizaine de vaches – sont inséminées depuis près de vingt ans. Un taureau est mis le 10 novembre avec les dix premières vaches vêlées. Ce sont les autres qui sont inséminées après observation des chaleurs « à l’œil et à la caméra ». Le taux de réussite est de 70 à 80 % à la première IA. « Nous partions avec un troupeau de vaches formées et assez petites. Depuis, nous avons beaucoup gagné en développement et en facilité de vêlage », soulignent les éleveurs. L’an dernier, 81 % des vaches ont vêlé seules, et deux avec une aide facile. Une seule césarienne a été réalisée. Les vaches vêlent en bâtiment et ressortent ensuite suitées.

Mâles et femelles reçoivent en bâtiment, puis au nourrisseur dans les pâtures jusqu’en mai ou juin, un aliment complet contenant des graines de lin et du tourteau de colza. En fin d’hiver, les veaux d’automne en mangent environ 2 kilos par jour. De la naissance au sevrage, leur consommation est estimée à environ 340 kilos. Les veaux nés au printemps reçoivent eux aussi au nourrisseur le même aliment depuis la mi-juillet ou le début août. Ils consomment environ 110 kilos ; ils sont sevrés fin octobre et vendus le jour du sevrage. Les GMQ naissance-abattage sont supérieurs à 1 200 g/j pour les deux lots de broutards. « La rentabilité de cette complémentation des veaux ne fait pas débat dans notre élevage. Nous la constatons », précisent les éleveurs. Les femelles d’automne sont sevrées vers l’âge de 9 mois, en juin ou juillet. Elles passent trois semaines en bâtiment avant de repasser au pâturage, en général sur des repousses derrière foin.

Très bonnes santé générale et productivité numérique

Une analyse du foin est réalisée chaque année. Les aliments concentrés et minéraux représentent en moyenne 141 euros par UGB (environ 20 tonnes par an au total). Pour faire simple, deux aliments sont achetés : un aliment broutard à 17 % de protéines et un aliment vaches à 18,5 % de protéines, qui est donné un peu avant et surtout après vêlage. Des minéraux simples (14-14 avec sélenium) à l’automne, et du sel toute l’année, sont distribués aux vaches. Une cure de vitamines et d’oligoéléments est assurée pour celles vêlant au printemps. « Assurer le vêlage, la qualité du colostrum et la vitalité du veau est primordial. Nous tenons de façon générale à maintenir une très bonne santé globale du troupeau », expliquent Marie-Claude et Claude Muller. Ils aiment avoir des vaches en état toute l’année même si, depuis deux ans, les conditions fourragères ne leur ont pas permis de faire aussi bien qu’ils le souhaitaient sur ce point. La mortalité des veaux est très faible (3 %) et ce très régulièrement. L’an dernier, le taux de gestation était de 95 %, l’intervalle vêlage-vêlage de 367 jours (et le taux de prolificité de 105 %).

Comme très peu de réformes sont rendues obligatoires par la perte de veaux, la plupart des vaches réformées sont les dernières à avoir vêlé. Peuvent s’y ajouter quelques vaches âgées ou moins bonnes. Les éleveurs essaient au maximum d’engraisser des vaches à l’herbe. En hiver, les vaches sont engraissées au foin et à l’enrubannage avec 2,5 kilos d’un aliment complet.

Toute la paille est achetée au champ, et l’éleveur la presse lui-même. Dans un rayon de 9 km, il trouve les 130 à 140 tonnes nécessaires. La paille constitue la variable d’ajustement pour la sécurité fourragère. C’est à l’automne qu’elle a servi cette année. En 2015, 20 tonnes avaient été consommées entre le 1er juin et le 1er septembre.

Un suivi rigoureux de chaque animal du troupeau

Difficile d’améliorer la compétitivité du système

Alors que la conjoncture défavorable des prix de la viande fragilise déjà les résultats, la réforme de la PAC a pénalisé ce type d'exploitation qui a perdu la prime à l'herbe et n'a pas accès à la MAEC herbagère, en raison des changements intervenus dans le mode de calcul du chargement. Cela représente près de 5 000 euros en moins de produit. « Il n’est pas facile de trouver des surfaces pour baisser le chargement et accéder à la MAEC herbagère. Nous avons aussi étudié depuis pas mal d’années l’effet d’une conversion en agriculture biologique, explique Claude Muller. Mais finalement le pas n’a pas été franchi."  Ceci notamment à cause de l’incertitude sur les aides au maintien en agriculture biologique, et parce que le différentiel d'EBE par rapport à la situation actuelle n’était pas décisif en passant en système bœufs.

Avis d'expert

" Une conduite pointue et économe "

Les résultats économiques sont corrects, mais pénalisés par la perte de la PHAE suite au changement de la règle de calcul du chargement. Sur cette exploitation de taille modeste et totalement herbagère, la rentabilité passe nécessairement par une conduite pointue et économe. Marie-Claude et Claude Muller maîtrisent bien leur système. Le suivi rigoureux du troupeau permet de bonnes performances : résultats de reproduction, faible mortalité, croissances. Tout en s'appuyant sur une bonne gestion et valorisation de l'herbe (6 tMS/ha environ). Dans le même temps, les investissements sont raisonnés et il y a peu d’annuités. Les charges sont maîtrisées, même s'il reste quelques économies possibles en ayant recours à des mélanges d'aliments simples.

Joël Martin, chambre d'agriculture des Ardennes, réseau d'élevage Inosys

Chiffres clés

74 hectares de prairies
57 vêlages de Charolaises
1,25 UGB/ha de chargement technique
1,2 unités de main-d'œuvre

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