Répondre au feu des « anti »
Par leur activisme, les antiviandes et antiélevages sont devenus les bêtes noires des acteurs de l’élevage et de la viande. Des mouvements pas faciles à contrer dans la mesure où de nombreux médias véhiculent leurs thèses avec une évidente complaisance.
Par leur activisme, les antiviandes et antiélevages sont devenus les bêtes noires des acteurs de l’élevage et de la viande. Des mouvements pas faciles à contrer dans la mesure où de nombreux médias véhiculent leurs thèses avec une évidente complaisance.
Pas une journée sans que l’élevage et la viande ne soient attaqués et mis à l’index dans bien des médias. Et que dire de tout ce qu’il est possible de voir et de lire sur les réseaux sociaux. Cette situation exaspère les éleveurs et leurs partenaires de l’amont comme de l’aval. La dernière journée départementale bovine organisée mi-septembre par la chambre d’agriculture de l’Allier était largement consacrée à cette problématique. « Un fossé s’est creusé entre urbains et ruraux. Il tend à devenir de plus en plus profond au fil des ans ! », déplorait Patrice Bonnin son président. Et de rappeler que ce phénomène est pour partie lié à l’urbanisation de la société et à des Français qui, au fil des générations, s’éloignent de leurs racines rurales. Ne connaissant rien ou du moins pas grand-chose à la conduite des élevages du XXIe siècle, ils s’en tiennent souvent à l’image d’Épinal donnée par le Salon de l’agriculture, ou à la caricature exposée dans différents médias et en particulier à la télévision par des spécialistes autoproclamés de ce sujet. Lesquels donnent une vision souvent erronée du métier et du produit quand elle n’est pas franchement mensongère. Et que dire de la communication savamment orchestrée par les associations végans.
Contrer ces attaques incessantes
Les éleveurs participants à cette journée ont eu l’occasion d’exprimer leur ras-le-bol du moment. « On se fait démolir : nous, notre métier et notre produit. […] Vu de nos fermes, on a l’impression que rien n’est fait pour rétablir la part des choses et contrer ces attaques. Ce sont les journalistes qu’il faut attaquer. Comment être plus fort que ces gens-là ? Il nous faut une bonne communication et de bons communicants… », s’agaçaient les éleveurs. « Tout le monde sait qu’il faut communiquer davantage, mais concrètement que fait-on ? » Et de rappeler aussi qu’il serait bon qu’instituteurs et professeurs aient quelques notions sur l’agriculture pour éviter qu’ils enseignent moult contre-vérités à leurs élèves. Attention également aux enseignants « militants » dont la pédagogie est loin d’être « neutre » vis-à-vis de ces sujets dans la mesure où ils cherchent à faire passer auprès de leurs élèves des idées bien éloignées des seules matières qu’ils ont pour mission d’enseigner. Et ceci, même dans des lycées et collèges d’un département rural comme l’Allier.
Apporter des réponses aux interrogations
Éleveur dans le Cantal, président de la Fédération nationale bovine mais également président de la Commission des enjeux sociétaux d’Interbev, Bruno Dufayet avait lors de cette journée et dans le cadre de cette dernière fonction mission d’apporter quelques réponses à ces interrogations. Un travail de veille est évidemment réalisé par le service presse d’Interbev pour recenser ce qui est dit dans les différents médias sur la viande et l’élevage. Moult courriers sont ensuite envoyés en retour pour chercher à rétablir la part des choses sur les fausses informations proférées. Et Bruno Dufayet de préciser certaines vérités devant des éleveurs pas forcément très au fait du fonctionnement de ces mêmes « grands » médias. « Si je vous dis que tout ce travail de relation presse est réalisé au quotidien par Interbev, vous n’allez pas me croire. Mais pourtant oui, c’est fait et c’est même fait très rigoureusement. Les 'vedettes' de la télévision et de la radio qui trop souvent assassinent notre produit doivent recevoir pas loin d’un courrier par semaine. » Mais chaque fois que le service communication d’Interbev envoie un dossier à un journaliste ou à un animateur pour corriger certaines des inexactitudes qu’il a pu prononcer, le média dont il dépend en accuse le plus souvent simplement réception et cela s’arrête là. Ceux qui utilisent le rectificatif envoyé sont rares pour ne pas dire très rares. « En dehors de la semaine précédant le Salon international de l’agriculture où on arrive à faire passer des messages positifs, on nous donne de moins en moins la parole dans ces grands médias. » Et de citer les chaînes du groupe France Télévision (NDLR : financées pour partie par la redevance acquittée, entre autres, par les éleveurs !), où la ligne éditoriale a évolué dans un sens peu favorable aux éleveurs depuis que sa nouvelle présidente, Delphine Ernotte, est arrivée aux manettes en août 2015.
« Si vous avez une solution pour faire en sorte que les éleveurs ou leurs partenaires de l’aval soient davantage présents sur les plateaux de télévision et de radio pour prendre le micro et exprimer leurs positions, je suis preneur. On n’attend que cela. Croyez bien que l’on fait tout notre possible pour défendre la cause de notre métier et de notre produit », insistait Bruno Dufayet. Et de rappeler que les émissions en direct sont les plus intéressantes dans la mesure où on est certain que les idées exposées pourront être diffusées et surtout ne seront pas supprimées ou déformées par des coupures au moment du montage. Attention aussi aux caricatures de débats où, après des reportages à charge, l’intervenant chargé de porter la voix des défenseurs de la viande et de l’élevage se retrouve bien seul face à une meute de contradicteurs, coutumier des plateaux de télévision et radio et habitués à prendre et garder la parole. Bruno Dufayet de rappeler à ce propos l’existence de formations organisées par les comités régionaux d’Interbev pour être le plus à l’aise possible devant un micro ou une caméra et apprendre à faire passer au mieux son message.
Utiliser les réseaux sociaux pour défendre son métier
« Il faut utiliser les réseaux sociaux pour défendre notre métier. » Mettre des photos de sa ferme, de ses animaux… Tout cela donne de bons résultats même si cela peut sembler être un travail de fourmi face à l’impact désastreux d’un reportage ou d’une émission à charge à une heure de grande écoute. « N’hésitez pas à aller consulter le site de l’interprofession (interbev.fr) où ont été rassemblées de nombreuses informations, à votre disposition pour répondre aux contre-vérités classiquement mises en avant par nos détracteurs. » Les jeunes agriculteurs et les filles et fils d’éleveurs qui jonglent souvent avec davantage de dextérité que leurs aînés sur leur smartphone ont un rôle important à jouer pour apporter la contradiction aux militants antiélevages et antiviandes. « Donnez des chiffres simples et concis. Pas la peine d’en écrire des tartines, même s’il convient d’argumenter sa réponse. Il ne faut pas laisser nos détracteurs prendre seuls la parole à notre place pour parler de notre métier. On est dans une société de communication. On peut le regretter, mais il faut faire avec. »
Le test du repas de famille
Bruno Dufayet a rappelé que l’un des premiers exercices pratiques pouvait être réalisé au moment des repas et fêtes de famille. Il est bien rare qu’il n’y ait pas dans ces occasions un cousin, beau-frère, belle-sœur, neveu, nièce… prompt à dénigrer les éleveurs et la viande bovine quand il n’est pas lui-même végétarien ou végan. « Si vous arrivez à les convaincre calmement et sereinement dans ce type d’occasion et à leur faire réviser leurs positions, vous faites partie des champions de la communication. Les repas de famille sont souvent la situation la plus difficile pour faire passer des messages ! »
Discuter plutôt que s’affronter dans les médias
Nous, acteurs de la filière avons trop longtemps été dans l’affrontement. Il fallait changer de posture », soulignait Bruno Dufayet. D’où la création en 2014 de la Commission des enjeux sociétaux d’Interbev. Une de ses premières actions a été de rencontrer des ONG (1) œuvrant pour la défense de l’environnement et le bien-être animal. Toutes sont loin d’avoir des positions extrémistes. Certaines sont ouvertes au dialogue et ont envie de bâtir des projets avec les éleveurs dans la mesure où ils répondent aussi à leurs attentes. « On a fait le choix de discuter sur le terrain, dans des élevages. » Interbev a réalisé avec certaines de ces ONG un document de synthèse intitulé Élevage bovin allaitant français et climat, facile à trouver sur internet dans lequel sont rassemblées les concertations communes.
Pour les résumer très succinctement, le souhait de ces ONG, est que les élevages soient les plus autonomes possibles. Elles reconnaissent toute l’importance de la prairie et ont parfaitement intégré que sans les ruminants qui pâturent, il n’y aurait pas — ou très peu — de surfaces en herbe !
(1) France Nature Environnement, Fondation pour la Nature et l’Homme, Green Cross et le WWF.Réussir-Agra lance une pétition
Non au totalitarisme alimentaire ! Pour garantir le libre choix de son alimentation, professionnels et partenaires de la filière agricole et alimentaire française dénoncent la montée en puissance d’une forme de totalitarisme alimentaire. Le groupe Réussir-Agra lance un appel au Président de la république. Sur change.org, une pétition est donc créée pour défendre le pluralisme en matière d’alimentation.