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L’année 2018 a été plus favorable au maigre qu’à la viande

Du mieux pour le maigre mais toujours pas terrible pour la viande finie. L’année 2018 s’est globalement traduite par un écart croissant entre le prix des broutards et laitonnes et celui des animaux destinés à l’abattage.

L’année 2018 ne restera pas dans les annales pour les producteurs français de viande bovine. Calculé par FranceAgriMer, le prix moyen pondéré des gros bovins entrée abattoir a oscillé entre 3,47 et 3,62 €/kg carcasse. Il a surtout été bien inférieur au prix de 2017 une bonne partie de l’année et notamment au second semestre. En 2017, le prix moyen pondéré des animaux de boucherie avait oscillé entre 3,47 et 3,67 € du kilo carcasse mais avait été supérieur à 3,57 € la plus grande partie de l’année.

Les actions des activistes végans et le pouvoir d’achat à la peine d’une partie des Français ont eu un impact contrasté sur les niveaux de consommation, avec surtout des différences selon les circuits d’achat. Si on s’en tient aux données du Service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, la hausse des abattages et des importations ont conduit à une progression des disponibilités consommables en France. « Sur les neuf premiers mois de l’année, la consommation par bilan (abattages + importations – exportations) calculée par le SSP s’élève à 1,16 million de téc. », explique l’Institut de l’élevage. Cela représente une progression de + 2 % comparativement aux neuf premiers mois de 2017. En revanche, si on s’en tient aux niveaux d’achats des ménages mesurés par le panel Kantar, l’érosion se poursuit. « Sur les onze premières périodes de l’année, ils enregistrent une baisse pour toutes les catégories : - 5 % pour les viandes piécées, - 0,5 % pour les viandes hachées fraîches et - 2 % pour les viandes hachées surgelées », précise l’institut de l’élevage. Et d’en déduire que deux segments de marchés non mesurés par le panel Kantar sont susceptibles d’avoir progressé : la consommation hors domicile et la consommation de plats préparés incluant de la viande.

Ces deux créneaux sont notoirement connus pour être ceux qui utilisent le plus de viandes importées. Des importations qui s’expliquent d’abord par les prix plus attractifs des viandes importées. Mais des importations qui peuvent également être liées à la difficulté pour certaines entreprises à s’approvisionner sur un marché qui n’est pas toujours en mesure de fournir les muscles ayant les caractéristiques demandées. Les chaînes de restauration spécialisées dans les grillades ont par exemple des exigences précises pour les muscles tranchés avec une dimension et un grammage des portions qui ne sont pas en phase avec la dimension des muscles issus de la plupart des bovins allaitants français. Cet argument n’est en revanche pas recevable pour les préparations hachées.

Copieuses disponibilités en laitières de réforme

La mauvaise tenue en 2018 du prix des animaux destinés à l’abattage est souvent expliquée par les copieuses disponibilités en femelles et en particulier en réformes laitières une grande partie de l’année. Et ce phénomène est loin d’être franco-français. Il a eu lieu dans la plupart des autres grands pays européens. La conjoncture bien morose pour le prix du lait, les nombreuses cessations d’activité observées dans ce secteur et la très forte sécheresse de l’an passé ont contribué à aggraver ce phénomène. Cumulés sur les dix premiers mois de 2018, les abattages de vaches laitières ont nettement progressé (+ 3,6 %/2017 à 855 000 vaches abattues). Ce n’est qu’en fin d’année que ces abattages se sont réduits et ont permis une stabilisation des cours pour cette catégorie. Une plus grande fermeté commençait également à se faire sentir en fin d’année pour les allaitantes. Cela concerne en particulier les vaches maigres disposant d’un certain potentiel dont les tarifs se seraient tendus ces dernières semaines en prévision des mises à l’herbe à venir. Certains observateurs voient dans ce phénomène les prémices d’une amélioration, d’autant qu’après les abattages conséquents de 2018, les disponibilités 2019 seront être plus réduites. En 2018, la contraction du cheptel français a été assez sensible, que ce soit pour le troupeau laitier ou allaitant.

Des jeunes bovins dans le sillage des laitières

Pour les jeunes bovins, l’abondance des disponibilités en femelles a forcément contribué à tirer les tarifs vers le bas. « Sur l’ensemble de 2018, plus de 645 000 JB viande ont été abattus (+ 3 %/2017 ; - 1 %/2016). Avec ces abattages en hausse, les stocks de mâles de type viande âgés de 18 à 24 mois ont poursuivi leur baisse. » explique l’Institut de l’élevage. Au 1er décembre, d’après les données de la BDNI, il n’y avait plus que 3 000 têtes supplémentaires par rapport au même mois de 2017 (contre + 13 000 têtes au 1er novembre et + 15 000 têtes au 1er octobre). Les stocks d’animaux plus jeunes (12-18 mois) suivent la même tendance (-25 000 têtes au 1er décembre contre -17 000 têtes au 1er novembre). "Les sorties de JB viande devraient donc diminuer dans les semaines à venir », précise l’Institut de l’élevage. Ce recul serait encore plus sensible pour les JB laitiers.

Meilleure tenue du maigre

L’autre fait marquant de l’année écoulée est l’assez bonne tenue des prix du bétail maigre, favorisée par le recul du nombre de naissances. L’écart de prix entre les broutards alourdis de 450 kilos et les JB finis s’est donc nettement réduit.

Si l’on s’en tient aux statistiques, cela ne s’est pas pour autant traduit par une progression des exportations d’animaux maigres. Bien au contraire. « En cumul sur 2018, les exportations de broutards sont en net retrait, de l’ordre de - 5 % par rapport à 2017. Sur 11 mois, les effectifs de femelles exportées sont demeurés relativement élevés à 320 000 têtes, bien qu’en recul de 2,5 %/2017, mais en hausse de 4 %/2016 et 15 %/2015. Les effectifs de mâles exportés sont pleinement impactés par le manque d’offre. Sur 11 mois, ils atteignent 633 000 têtes, soit -6,5 %/2017, -8 %/2016 et -6 %/201 », précise l’Institut de l’élevage.

L’Algérie ouvre puis ferme

Les pays du Maghreb et en particulier l’Algérie constituent une destination devenue importante pour le bétail maigre français. Les envois vers ce pays ne concernent pas des volumes colossaux, mais sont souvent analysés comme des opportunités intéressantes pour offrir une porte de sortie supplémentaire à des animaux un peu lourds pour être orientés sur l’habituel débouché italien. L’an dernier malgré une longue période de fermeture, les envois cumulés sur 11 mois vers cette destination ont atteint 27 000 têtes, contre 15 000 en 2017 (+ 79 %). Après une brève ouverture en décembre, ce pays a refermé ses frontières le 31 du même mois. L’Algérie est en effet confronté à une épidémie de fièvre aphteuse laquelle s’est déclarée près de Tamanrasset dans le Sud du pays, au cœur du Sahara. La fermeture des frontières et des grands marchés aux bestiaux du pays font partie, avec la vaccination du cheptel bovin et ovin des mesures de lutte prises pour éviter la propagation. Mi-janvier, il était bien impossible de prédire quel sera la suite des événements et la date de réouverture des frontières.

Exportation de viande finie

Sur les dix premiers mois de 2018, les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée ont atteint 183 900 téc (+ 2 %/2017 et + 3 %/2016). Cette progression favorisée par les tarifs très dépréciés des JB français cache des évolutions contrastées. Les envois vers la Grèce ont légèrement augmenté, mais ils restent loin des niveaux antérieurs à la crise économique qui a touché le pays. Les envois de viande bovine fraîche et congelée sont stables vers l’Allemagne (36 700 téc sur 10 mois, =/2017) et reculent vers l’Italie (60 800 téc ; - 2 %/2017).

« Pour expliquer la progression des exportations françaises de viande bovine, c’est plutôt du côté des destinations 
'secondaires' qu’il faut regarder comme les Pays-Bas ou le Maghreb. Les opérateurs français paraissent, dans une certaine mesure, diversifier leurs clients dans l’Union européenne comme à l’extérieur », estime l’Institut de l’élevage.

 

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