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Drêches de brasserie : un groupe d’éleveurs du Grand Est organise leur valorisation locale

Des éleveurs de la région Grand Est se sont rassemblés au sein d’un GIE pour organiser des achats groupés de drêches humides de brasserie. Accès sécurisé à cette source de protéines, tarif négocié et bilan carbone amélioré sont au rendez-vous.

En 2018, le prix des drêches de brasserie a connu une brutale augmentation. Face à un marché qui devenait spéculatif, un groupe de douze éleveurs qui avaient l’habitude d’incorporer ce coproduit dans les rations de leurs troupeaux bovins ont pris les devants. « Nous avons créé un collectif pour continuer à avoir accès en direct aux drêches de brasserie, et être en mesure de les négocier auprès des industriels à un tarif préférentiel », explique Jonathan Zehr, éleveur laitier en Moselle et président du GIE. Le GIE « les éleveurs de l’Est » a ainsi vu le jour. Rapidement, une bonne centaine d’élevages, installés dans un rayon de 110 kilomètres à proximité des brasseries, s’y sont rassemblés.

Et la démarche a porté ses fruits. En 2021, un premier contrat a été signé avec Kronenbourg. Les années suivantes, d’autres ont suivi. Les volumes contractualisés ont représenté depuis 5 500 tonnes. Au vu de la densité d’élevages dans un rayon de 100 kilomètres autour des usines, toutes les drêches produites pourraient y trouver leur débouché.

Des coproduits à 20 % de MS

Valorisés dans les rations des bovins, ces coproduits locaux très riches en eau – les drêches font 22 % de MS - relèvent du bon sens et permettent aux élevages de limiter le recours aux produits d’importation générateurs d’émissions de gaz à effet de serre.

« La démarche est un partenariat gagnant gagnant, estiment les membres du GIE. Les industriels de la brasserie valorisent par ce biais leurs coproduits dans une démarche environnementale et sociale : le débouché des éleveurs locaux leur permet de réduire l’empreinte carbone de leurs drêches de brasserie et de soutenir l’activité économique locale. »

Les éleveurs du GIE ont choisi de créer un partenariat exclusif avec Pollen, entreprise locale en nutrition et prestation de mélange de coproduits. C’est elle qui négocie les achats de drêches avec Kronenbourg. Pollen s’occupe de la logistique entre les usines et les élevages. Le GIE a acquis des parts dans la société Drêches Franquin qui fait office d’interface juridique pour gérer l’activité.

Créer une dynamique de territoire

Les éleveurs intéressés se signalent via le site internet du GIE. Ils s’engagent pour un minimum de trois ans sur la commande d’un volume, et il leur est garanti une fourchette de prix par tonne de drêche rendue.

La demande dépasse les disponibilités depuis 2022, et les tarifs évoluent bien sûr dans le sillage de celui des protéines sur le marché mondial. Pour autant, la démarche conserve son intérêt économique et environnemental pour une bonne partie des élevages impliqués.

Même si les volumes engagés ne sont pas aussi importants que souhaité, ils ont une influence sur le prix de marché des drêches qui bénéficie à tous les éleveurs même à ceux hors du groupe.

Au-delà de leur activité sur les drêches, le GIE a créé une dynamique de groupe d’éleveurs sur le territoire du Grand Est.

Bilan carbone et économie locale

 

Une source de protéines naturellement protégées

Les drêches de brasserie humides sont une source de protéines naturellement protégées qui complémentent bien l’ensilage de maïs. Elles apportent environ 250 g MAT/kgMS selon le process industriel. Elles sont appétentes et non OGM. Elles sont appréciées en élevage laitier pour leur effet galactogène, mais sont aussi très intéressantes pour l’engraissement de jeunes bovins.

La saisonnalité de l’activité des brasseurs induit des disponibilités plus importantes au printemps et en été. Les drêches humides se conservent en silo sous une bâche plusieurs mois. Pour limiter l’écoulement de jus, on peut les stocker en mélange avec des céréales ou avec d’autres coproduits plus secs.

Gaec d’Aydoilles dans les Vosges : « Les drêches sont un facteur de consolidation de l’élevage »

 Rémy Benoit. « Le Gaec n'attend qu'un chose : des disponibilités en drêches, pour continuer comme depuis trente ans à utiliser des protéines locales. »

L’introduction des drêches de brasserie dans les rations de bovins, à l’élevage du Gaec d’Aydoilles dans les Vosges, est une pratique de longue date. « Depuis une trentaine d’années, nous en faisons rentrer sous différentes formes. Les drêches et les autres coproduits industriels sont un facteur de consolidation. Ils ont participé au développement de la ferme, explique Rémy Benoit, éleveur à Aydoilles dans les Vosges. Nous ne voulons pas être privés des drêches de brasserie, même si on arrive à s’en passer. »

Le recours aux drêches de brasserie a pour but dans cet élevage de limiter les achats de tourteau pour équilibrer les rations des vaches laitières et des jeunes bovins. « Les drêches de brasserie sont intéressantes car elles sont appétentes, et avec leur humidité, elles forment à la mélangeuse une belle texture d’aliment, apprécie l’éleveur. Il y a cinq à six ans, on parvenait à réduire le coût de la ration de 5 à 6 % en intégrant des drêches de brasserie à la place de tourteau de colza. »

La ration type pour les jeunes bovins charolais à l’engraissement avec des drêches se composait de : 300 g de paille, 10,5 kg d’ensilage de maïs, 2 kg d’ensilage de seigle, 5 kg de drêches de brasserie, 4 kg de corn gluten feed, 600 g de tourteau de colza, 3 kg d’ensilage d’herbe, 3 kg de pulpes surpressées et 2,5 kg de blé.

Leur tarif ayant nettement monté - elles ont dépassé les 60 euros par tonne rendue contre 28 euros en 2018 - la ration a été modifiée cette année, et elle n’en contient pas pour le moment.

Les éleveurs du Gaec d‘Aydoilles ont aussi l’habitude d’employer avec l’entreprise Pollen des silos de mélange de coproduits. Par exemple, cinq camions de drêches de brasserie, deux camions de corn gluten feed, un camion de drêche de soja okara (coproduit de la fabrication de boisson au soja), 30 t de farine de maïs et 50 t de tourteau de colza - le tout étant mélangé avant d’être bâché. « La drêche apporte des protéines plus digestibles, le corn gluten de l’énergie sous forme d’amidon, et les pulpes en bypass de l’énergie cellulosique. Ces aliments sont complémentaires, d’où l’intérêt de les assembler. »

Le Gaec n’attend qu’une chose : des disponibilités en drêches, pour continuer comme depuis trente ans à utiliser des protéines locales.

Chiffres clés

8 UMO

200 vaches laitières

800 places de jeunes bovins

Méthaniseur de 600 kW

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