Des références pour engraisser de jeunes génisses charolaises avec au moins 35 % d’herbe
Neuf rations ont été testées en fermes expérimentales sur des génisses charolaises abattues entre 15 et 18 mois. Un très bon niveau d’autonomie alimentaire peut être atteint, à condition de disposer d’une herbe récoltée d’au moins 12 % de MAT et plus de 0,8 UFV.
Neuf rations ont été testées en fermes expérimentales sur des génisses charolaises abattues entre 15 et 18 mois. Un très bon niveau d’autonomie alimentaire peut être atteint, à condition de disposer d’une herbe récoltée d’au moins 12 % de MAT et plus de 0,8 UFV.
L’Institut de l’élevage (Idele) a synthétisé les résultats d’essais conduits pendant deux ans dans trois fermes expérimentales - Les Établières en Vendée, Ferm’Inov à Jalogny en Saône-et-Loire, et Les bordes dans l’Indre - pour produire de jeunes génisses charolaises avec au moins 35 % d’herbe dans leur ration.
Les génisses maigres de 8 à 10 mois ont été abattues entre 15 et 18 mois d’âge, pour des poids carcasse allant de 300 à 330 kg. Les rations étaient basées sur l’enrubannage de luzerne, l’ensilage de prairies multiespèces, l’ensilage d’une association RGI et trèfles ou encore l’enrubannage de fétuque. Les fourrages testés représentaient, selon les modalités, entre 35 et 60 % du volume. « En utilisant des fourrages riches en protéines, il est possible de réduire, voire de supprimer complètement les correcteurs azotés dans la ration », explique Jean-Jacques Bertron de l’Idele. Ceci en comparaison à un régime type « babynette », soit des génisses engraissées au même âge mais avec des rations à base d’ensilage de maïs et de concentrés.
Jusqu’à 60 % d’herbe dans la ration
Dans le cadre de ces essais, le niveau d’autonomie protéique atteint au moins 75 %. Ce seuil s’est révélé encore plus important quand la qualité de l’herbe était particulièrement élevée. Cela a été le cas avec une ration enrubannage de RGI et trèfles, ensilage de maïs, blé et 350 g de tourteau de colza (autonomie protéique de 88 %), et avec une ration enrubannage de luzerne, blé et 180 g de tourteau de colza et paille (94 % d’autonomie). Il a été possible de se passer complètement de tourteau de colza avec une ration enrubannage de luzerne (58 %) et blé (42 %).
« Au final, ce type de ration pour des animaux jeunes nécessite de choisir un ensilage ou un enrubannage titrant au moins 12 % de MAT et plus de 0,8 UFV/kg de MS avec une bonne ingestibilité, résume Jean-Jacques Bertron. Si la valeur du fourrage est très moyenne, sur ce type d’animaux, il va falloir ajouter davantage d’énergie et surtout des protéines dans la ration à apporter avec les concentrés ou les autres fourrages. Autant alors utiliser un foin ou une paille pour maîtriser le coût de la ration ! »
Les ingestions ont été mesurées entre 9 et 10 kgMS/jour sur cette catégorie d’animaux (7,5 à 8,5 UF ingérés par jour). La croissance de la mise en lot à l’abattage s’est établie entre 1 050 et 1 150 g/jour. Dans la période d’essai proprement dite, les génisses ont pris entre 1 150 et 1 200 g/j, et jusqu’à 1 300 g/j avec une des rations qui était un peu plus dense en énergie.
Entre 1 050 et 1 150 g/jour de croissance
« Par le pilotage du poids vif avec les pesées, il a été facile de viser le poids de carcasse requis », indique Jean-Jacques Bertron. Il s’est échelonné entre 295 et 335 kgc. Ces génisses représentant le second choix dans les troupeaux, leurs conformations allaient de R = à R +. Les rendements en carcasse ont varié entre 50 et 58 %, pour une moyenne établie à 54,5 %.
« Sans surprise, la viande présentait peu de gras, et notamment peu de persillé », rapporte le spécialiste. Elle a obtenu une note entre 2,25 et 2,75 de moyenne sur la nouvelle grille interprofessionnelle de notation visuelle du persillé. Et sa couleur portait davantage sur le rouge clair que sur le rouge vif. La proportion d’herbe dans la ration n’a pas apporté une couleur plus soutenue, qui est avant tout déterminée par l’âge à l’abattage. « Au dire des abattoirs, les carcasses produites correspondaient bien à leurs attentes de marché », ajoute-t-il.
Engraisser ce type de jeunes génisses avec une ration de 40 à 50 % d’herbe engage une surface en prairies de 15 à 20 ares par animal. Par exemple, pour vingt génisses, il faut réserver 3 à 4 hectares à 6 tonnes MS/ha.
À retenir
Les ingestions ont été mesurées entre 9 et 10 kg de MS/jour. La croissance à viser s’établit entre 1 100 et 1 200 g/j. Le rendement carcasse a varié de 50 à 58 %, avec une note d’état corporel de 3. La surface en prairies engagée représente 15 à 20 ares par génisse.