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Atelier complémentaire : « Nous améliorons l’autonomie alimentaire grâce à l’introduction de châtaigniers et du maraîchage »

Le Gaec élevage Théron, dans le Cantal, gagne en temps de pâturage depuis l’installation sur l’exploitation de châtaigniers et d’un atelier de maraîchage. La diversification des revenus est également une source de résilience face aux aléas.

Le Gaec élevage Théron élève 200 limousines sur deux sites à Roannes-Saint-Mary dans le Cantal et Saint-Julien-le-Pèlerin en Corrèze. « La plantation des châtaigniers constituait mon projet d’installation », retrace Benoît Théron, qui a rejoint son père Jean-Louis et son frère Mathieu en 2020. Aujourd’hui, l’exploitation compte cinq cents châtaigniers, dont un demi-hectare planté en verger et cinq hectares dans les prairies de pâturage. Lorsqu’ils atteindront leur pleine production, ils produiront cinq à six tonnes de châtaignes par an.

Passer au pâturage tournant dynamique grâce aux châtaigniers

L’introduction des châtaigniers sur le site de Roannes-Saint-Mary s’est accompagnée d’un changement de conduite au pâturage. En effet, des clôtures ont été mises en place pour protéger les rangées des jeunes arbres et les tuyaux d’irrigation contre l’appétit des bovins et de la faune sauvage (chevreuils) : « l’implantation de ces clôtures fixes sur nos parcelles a facilité le passage du pâturage au fil au pâturage tournant dynamique (PTD) ​​​ », apprécie Benoît. Entre le PTD, l’irrigation des châtaigniers et l’effet d’ombrage déjà perceptible malgré le jeune âge des arbres, « nous avons gagné trois jours de pâturage », estime Benoît, qui ajoute que « la présence des châtaigniers n’a, pour l’instant, pas dégradé le rendement en herbe ».

Pour irriguer les châtaigniers, le Gaec a investi dans un stockage d’eau de 2 000 m3, alimenté par forage. « Nos jeunes châtaigniers ont pour l’instant de faibles besoins en eau, nous en avons donc profité pour créer un atelier de maraîchage », retrace Benoît. Commençant par la pomme de terre et les haricots verts, l’atelier s’agrandit et se diversifie au fil des années. Il couvre désormais près de six hectares et 1 100 m² de serre, où sont cultivés une cinquantaine de légumes différents. Les écarts de tri sont distribués aux bovins, ce qui permet de réaliser des économies d’aliment tout en évitant le gaspillage.

En retour, le fumier des bovins fertilise ces deux nouveaux ateliers. « Pour les châtaigniers, nous utilisons du "fumier mou" venant du raclage du couloir. Il est naturellement dilué et nous l’utilisons comme un lisier », précise Benoît. Aucun autre engrais n’est nécessaire pour le maraîchage et la châtaigneraie.

Diversifier les revenus pour gagner en résilience

Outre les économies réalisées sur les intrants, les châtaigniers permettent également de bénéficier d’aides supplémentaires. « Le Plan châtaigneraies de la communauté de communes soutient la plantation des châtaigniers à hauteur de 25 euros par arbre afin de relancer cette tradition locale, car nous sommes situés en pleine châtaigneraie cantalienne. » Ce plan est en partie financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Seule production de l’exploitation certifiée en agriculture biologique, la châtaigne bénéficie des aides bio de la PAC pour un montant de 900 euros d’aide à la conversion.

La diversification des revenus est également une source de résilience face aux aléas. La région est, en effet, régulièrement touchée par la fièvre catarrhale ovine. Les aléas sont aussi d’ordre économique. « En 2021, la crise des broutards nous a laissés avec un manque à gagner de 10 000 euros. Cela nous a motivés à développer davantage notre atelier maraîchage », retrace Benoît. D’ici à une dizaine d’années, la production de châtaignes assurera, elle aussi, un revenu complémentaire. Leur commercialisation passe par un collectif de transformation, La Bogue du Cantal, dont fait partie le Gaec (voir encadré).

Les légumes, eux, sont commercialisés à Aurillac dans un magasin regroupant les produits d’une centaine d’exploitations. « Le magasin emploie cinq salariés, il n’y a pas de permanence à réaliser pour les producteurs », souligne Benoît. Sur l’exploitation familiale, ce dernier dédie la plupart de son temps de travail au maraîchage, à la châtaigneraie, et aux tâches administratives, tandis que Jean-Louis, Mathieu, un salarié et un apprenti, œuvrent majoritairement sur l’atelier bovin. « Nous prévoyons d’embaucher un saisonnier cet été pour aider à la récolte des légumes. Celle-ci constitue un pic de travail conséquent pendant les mois de juillet à septembre », indique Benoît. La récolte des châtaignes, pour l’instant encore limitée, coïncide en octobre avec l’unique période de vêlage et le semis des céréales.

La Bogue du Cantal, un collectif de transformation des châtaignes

« Nous nous sommes associés avec dix-neuf autres producteurs de châtaignes pour créer un collectif de transformation : la SAS La Bogue du Cantal », relate Benoît Théron, associé du Gaec élevage Théron. Ce collectif monté en 2020 a ouvert son outil de transformation en 2022. « Nous partageons le souhait de transformer localement nos châtaignes et de perpétuer cette tradition cantalienne. Tous les membres ne sont pas engagés en bio, mais l’orientation vers des produits haut de gamme valorise tout aussi bien nos châtaignes », précise Benoît, qui est le président de ce collectif. La Bogue du Cantal transforme 20 tonnes de châtaignes chaque année.

Chiffres clés :

 

  • 3 associés, 1 salarié, 1 apprenti
  • 2 sites distants de 40 km
  • 200 mères de race limousine, inscrites au herd-book
  • 320 ha de SAU dont 45 ha de céréales à paille, 5,5 ha de châtaigniers, 2 à 3 ha de maraîchage et 250 ha en herbe (150 ha de prairies permanentes, 100 ha de prairie temporaire multiespèce à base de trèfle).

 

 
Rédaction Réussir

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