Syndicat
L’UDSEA et JA proposent un modèle agricole attractif, audacieux et solidaire
Le congrès annuel de l’Udsea a été l’occasion pour le syndicat de dévoiler les orientations qu’il défendra dans le cadre des prochaines élections Chambre d’agriculture.
Le 17 novembre dernier, l’UDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Puy-de-Dôme ont dévoilé leur projet en faveur de la Ferme départementale. Un projet dans lequel le métier a un prix et où l’agriculture se veut «audacieuse, attractive et solidaire». Trois mots qui définissent les orientations fixées par les deux instances syndicales majoritaires et qui constitueront le ferment de leur campagne pour le renouvellement des membres de la Chambre d’agriculture en janvier prochain.
Mais le prix n’exclut pas le soutien des exploitations. Le président Trilon fait référence aux indemnités versées aux élevages des zones à handicaps naturels ou à vocation herbagère. « Ces aides doivent nous permettre de retrouver un niveau de compétitivité comparable aux élevages des autres régions européennes. C’est une priorité de notre combat syndical d’obtenir leur revalorisation. En revanche, nous n’accepterons pas que soit imposée une extensification supplémentaire de nos pratiques agricoles. Ce serait un recul de la production départementale et une déstabilisation complète des filières». «Extensifier l’herbe, c’est appauvrir le Massif central» complète Jacques Chazalet.
Une invitation lancée aux agriculteurs afin qu’ « ils se prennent par la main, se mobilisent, s’impliquent et s’unissent autour de la Chambre d’agriculture pour défendre leur avenir».
Jean Bernard Bayard : « Relever le défi collectif »
Voix puissante et verbe haut, le secrétaire général de la Fnsea a appelé les agriculteurs du Puy de Dôme à « relever le défi collectif » qui consiste pour l’agriculture à « se remettre en cause pour mieux affronter le contexte mondial que l’on ne peut nier.
L’agriculture ne sera plus ce qu’elle a été. Nous devons avoir une autre approche de notre métier. A Bruxelles, un certain nombre d’outils vont voler en éclat ; à nous alors de réfléchir à des schémas de remplacement dont le monde politique devra se faire le relais ».
Jean Bernard Bayard a présenté les objectifs pour la Ferme France : « avoir des Hommes qui vivent de leur métier, des gens responsables de leurs exploitations, de leur devenir ; présenter une agriculture qui corresponde à l’attente des jeunes et afficher une solidarité entre les productions, les régions et les Hommes.» Sur l’installation, le secrétaire général a d’ailleurs dénoncé « la dérobade de l’Europe » en matière de soutien et d’accompagnement, «on ne peut pas tirer un trait sur les prêts bonifiés, a-t-il expliqué, au risque sinon de déséquilibrer l’économie des installations et de fragiliser leur pérennité ». Concernant la conditionnalité des aides, il a décrié «une conditionnalité née de groupes de pression de type «bobocratie», associés à des pseudo paysans. Ceux qui ont piétiné leur métier sur la place publique ne méritent aucune considération de notre part ».
Enfin, s’adressant à l’administration, J.B Bayard a demandé à ce «que les contrôles s’en tiennent au texte. Face à des agents zélés qui ont tendance à se comporter en cowboy lors des contrôles, l’administration doit les rappeler à l’ordre et ne leur faire appliquer que le texte, rien que le texte ».
Les professionnels ont dit...
«Le modèle agricole que l’on veut pour le département est celui d’une agriculture qui continue à installer sur des exploitations économiquement et socialement viables. C’est la garantie demain, de vivre de notre métier et de maintenir une dynamique dans nos campagnes».
« L’agriculture est sans cesse remise en cause sur ses fondamentaux, notamment sur ses soutiens. Or nous devons veiller à ne pas détruire une agriculture professionnelle qui a rempli les missions qui lui étaient assignées par rapport à la nourriture, à l’hygiène, à la sécurité alimentaire. C’est nécessaire à l’ensemble de l’édifice mondial (…) L’évolution de l’agriculture passe par des fondamentaux ; nous les avons, alors pourquoi y renoncer ? En 2025 il manquera à l’Inde 60 M d’ha pour subvenir à ses besoins. Attention alors à ne pas détruire la production en Europe que nous aurons du mal à reconstruire le moment venu… ».
Jacques Chazalet, président de la Frsea Massf central
«La France ne serait pas ce qu’elle est s’il n’y avait pas le poids de l’industrie agroalimentaire dans le produit intérieur brut. Or, ce n’est pas cher payé le retour qui est fait aux agriculteurs ! ».
...et les politiques se sont exprimés
Catherine Guy-Quint, députée européen (PS)
«Notre PAC est en danger. Il faut la refondre complètement et proposer à l’UE une réforme qui puisse subvenir aux besoins du monde et être en adéquation avec l’OMC (…) Le pouvoir décisionnel n’est plus en France mais à Bruxelles. C’est là qu’il faut être présent».
««Il faut plus d’Europe pour essayer d’avoir moins de mondialisation. Cela ne veut pas dire qu’il faut élever des murs autour de nos frontières, mais travailler sur des coopérations et non sur la base d’un prix unique au niveau mondial, tiré vers le bas (…) Face aux coups portés au 2ème pilier de la PAC, il faudra bien envisager des aides compensatoires pour palier le désengagement européen ».
«Nous avons beaucoup de travail à faire ensemble sur les secteurs où l’agriculture est le minerai principal afin de maintenir un tissu d’exploitations, même si dans certains cas il faudra démarrer par des petites structures pour ensuite les aider à se développer».