Copagno
Crise sanitaire et prix en hausse : Copagno fait le bilan de 2024
Lors de son assemblée générale du 27 mai, la coopérative Copagno a dressé un bilan contrasté de l’année 2024, marquée à la fois par une grave crise sanitaire liée à la FCO et par une hausse inédite des prix des agneaux.
Lors de son assemblée générale du 27 mai, la coopérative Copagno a dressé un bilan contrasté de l’année 2024, marquée à la fois par une grave crise sanitaire liée à la FCO et par une hausse inédite des prix des agneaux.

L’activité 2024 de Copagno a été fortement perturbée par la résurgence de la fièvre catarrhale ovine (FCO), en particulier le sérotype 8, qui a lourdement frappé les élevages. « Les cheptels ont perdu entre 5 % et 25 % de leurs effectifs, auxquels s’ajoutent des pertes indirectes qui continueront à peser sur les exploitations plusieurs années », a expliqué Thierry Orcière, président de Copagno. Pour la coopérative, cela se traduit par une perte cumulée de plus de 5 000 brebis, soit 7 % de son cheptel total. En conséquence, 2 800 animaux de moins ont été commercialisés entre septembre et décembre 2024, par rapport à la même période en 2023.
Des prix jamais vus
Paradoxalement, cette période a également été marquée par une envolée des prix. En 2024, le prix moyen par tête a progressé de 17,50 €, contre 5,34 € en 2023. « Une valorisation historique », se félicite Thierry Orcière. Les agneaux Label Rouge Pays d’Oc et Agneau de l’Adret -150 jours ont atteint 10,90 €/kg en octobre, tandis que le Tendre Agneau franchissait la barre des 11,10 €/kg en fin d’année. Cette hausse s’explique par une stratégie de mise en marché en contre-saison, qui permet de mieux valoriser les animaux tout en maintenant les volumes sur les segments sous signe de qualité.
Le début de l’année 2025 a confirmé cette dynamique, avec des prix qui restent soutenus malgré une légère dégradation liée aux restrictions sanitaires dues à la FCO3 et FCO8. Le Label Rouge Pays d’Oc et l’Agneau de l’Adret ont été payés 10,20 €/kg en semaine 1 de 2025 (contre 8,60 € en 2024), et le Tendre Agneau 10,70 €/kg (contre 8,90 €).
Les différentes démarches Label Rouge portées par Copagno – Agneau fermier des Pays d’Oc, Agneau des Lys, Agneau de l’Adret, Tendre Agneau – continuent de structurer une offre différenciée, adaptée aux spécificités de chaque élevage. « Nous développons encore des élevages en production label, en lien étroit avec nos partenaires de l’aval », a précisé le président. Cette dynamique a été récompensée par une Médaille d’Or au Concours Général Agricole 2025 pour le Label Rouge Agneau des Pays d’Oc, en partenariat avec Bigard Castres.
"Une des forces de notre coopérative est le conseil et l'appui technique pour nos éleveurs. Un service performant pour répondre au mieux aux enjeux de demain sur nos exploitations" Thierry Orcière, président
Un chiffre d’affaires en progression
Malgré le contexte sanitaire tendu, Copagno affiche un chiffre d’affaires en légère hausse. L’activité commerciale approvisionnement a été portée par des projets de modernisation d’équipements, l’installation de bâtiments et par un élargissement géographique de son périmètre d’intervention. « La hausse des cours, combinée aux aides de la Région et de la MSA, a incité les éleveurs à investir », a souligné Christophe Guillerand, responsable Copagno. Le renforcement de l’accompagnement technique et la vente de vaccins ont également contribué à cette bonne tenue économique.
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De la production à la transformation
L'après-midi, en marge de leur assemblée générale, les adhérents de Copagno ont convergé en direction du GAEC du Puy de Cougoul situé aux portes de Saint Flour (15). Les trois associés du GAEC élèvent des vaches laitières et des brebis allaitantes. Ils conduisent également un atelier de diversification transformation/vente directe de produits laitiers et viandes d'agneaux séchées.
Lorsqu'ils ont repris l'exploitation, deux possibilités s'offraient à eux : soit produire plus, soit développer la transformation et la vente pour valoriser leurs productions. Ce deuxième choix a été conforté par la proximité du bassin de consommation de st Flour. Il correspondait également davantage à leur volonté commune de travailler sur la transmissibilité de leur exploitation en la tournant vers les attentes des consommateurs et les nouveaux codes de consommation.
Appui financier aux adhérents
Copagno s'engage dans l’installation de nouveaux éleveurs avec une offre de conseils et un suivi spécifique, mais aussi par un accompagnement financier pour la création ou le développement d'un troupeau d'ovins.
Au cours de l’année 2024, les adhérents ont ainsi bénéficié de prêts « Plan développement » et « Plan Cheptel » proposés par Copagno pour un montant de 116 100 € (vs 2023 : 70 892 €), répartis de la manière suivante :
- Prêts cheptel : 106 348 € (vs 2023 : 60 892 €)
- Prêts plans de développement : 9 753 € (vs 2023 : 10 000 €)
Zoom sur…
Les maladies émergentes en ovins
Dans le cadre de l’assemblée générale, Pierre Autef, vétérinaire, est venu faire un point sur les maladies émergentes des ovins. Si les principaux protagonistes demeurent les insectes (poux, mélophages, agents de myiases, vecteurs) et les acariens (agents des gales, tiques, vecteurs), on constate depuis une dizaine d’années l’émergence de maladies vectorielles nouvelles comme la FCO 8-4-3, la MHE, la Besnoitiose et autres myiases, cite le vétérinaire. Pour la FCO et la MHE, trois acteurs sont identifiés : les agents pathogènes (virus, BTV8), les culicoïdes (ou moucheron) porteurs du virus et capables de le multiplier, et l’hôte qui peut-être notamment un ruminant sauvage. Pierre Autef a rappelé les impacts de la FCO (BTV) sur la reproduction : baisse de la fertilité et de la prolificité des brebis, avortements, baisse de la qualité des semences chez les béliers, jusqu’à la stérilité. Sur les agneaux, la maladie complexifie les agnelages dans près de 10 % des cas et génère deux fois plus de mortalité des jeunes.
Pierre Autef incite les éleveurs à vacciner leurs animaux. « La vaccination empêche l’apparition de symptômes et réduit fortement, voire empêche la virémie souligne le vétérinaire. Elle limite le risque que des moucherons puissent s’infecter en piquant un animal vacciné et empêche la transmission du virus à un autre animal ». La mise en place d’une vaccination doit être discutée entre l’éleveur et son vétérinaire pour évaluer l’intérêt de celle-ci pour le cheptel.
C.Rolle