Quel sera le futur de la Commanderie templière ?
La commanderie templière de Celles sort d’une longue léthargie grâce à la passion de Claude et Bernadette Aguttes, ses nouveaux propriétaires, les quatrièmes en 800 ans.
La commanderie templière de Celles sort d’une longue léthargie grâce à la passion de Claude et Bernadette Aguttes, ses nouveaux propriétaires, les quatrièmes en 800 ans.

Quatrième propriétaire en 800 ans
“Nous avons amené nos enfants sur place et ils ont été enthousiasmés. Alors nous leur avons avoué que nous venions d’acheter la veille.” Bernadette et Claude Aguttes se lancent, à près de 80 ans, dans un nouveau challenge, car il s’agit un peu de cela : restaurer et redonner vie à la commanderie templière de Celles.
Le couple en est devenu le quatrième propriétaire depuis... 1212 succédant à l’Ordre templier (jusqu’en 1322), aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (ordre de Malte), et à Gabriel Saraille en juillet 1793, quand la commanderie est vendue en tant que bien national suite à la Révolution.
Les descendants de ce dernier ont conservé ce bien jusqu’au 23 décembre 2024 jour de la signature de la dernière vente. Depuis mardi 27 mai, l’imposante bâtisse dévoile à nouveau sa silhouette en rive droite de l’Alagnon, entre Murat et Neussargues.
Affaire scellée à Celles
Sa ceinture de sapins est en cours d’abattage pour laisser respirer les murs et redonner l’image d’une autre époque où le fossé défensif était probablement en eau. “Je possède des racines familiales sur la commune et, enfant, lors de rares visites, j’étais fasciné par cet édifice", explique Claude Aguttes.
Cela fait une quinzaine d’années que j’attendais patiemment une réponse des propriétaires au cas où ils vendraient.” Claude Aguttes, nouveau propriétaire de la commanderie.
La réponse est arrivée deux ans après le décès du propriétaire, et quatre jours après l’achat par les Aguttes du château de Culan dans l’Allier. “Dans cette situation, nous sommes venus à Celles avec mon épouse et, comme j’attendais cela depuis des années, en une heure l’affaire était scellée”, s’amuse Claude Aguttes.
Acheté en une heure

Classé depuis le 24 septembre 1990 au titre des Monuments historiques, l’édifice a souffert d’un long manque d’entretien, notamment des toitures. Les fuites ont endommagé certaines maçonneries et boiseries. Le toit de la tour circulaire située à l’ouest s’est effondré interdisant certains accès vers les étages. Les infiltrations ont aussi eu des conséquences sur la chapelle Saint-Roc, propriété de la commune bien qu’attenante à la commanderie. Tout cela ne semble pas inquiéter outre mesure les nouveaux acquéreurs, rompus à ce type d’exercice au chevet de bâtisses historiques.
“Nous avons mis 20 ans pour restaurer le château de Tournoël dans le Puy-de-Dôme, mais je travaillais à l’époque, confie Claude Aguttes. Maintenant, je profite de plus de temps avec un objectif de réaliser, ici, les travaux en cinq ans.”
L’enthousiasme ne manque pas pour faire l’état des lieux et prioriser les travaux. Il y a surtout à finir de découvrir les lieux, l’évolution architecturale depuis le XIIIe siècle, la vocation des différentes parties, les destructions ou encore l’aménagement de l’aile ouest en maison d’habitation et mairie au XIXe siècle. Une véritable étude archéologique s’impose afin de renouer le fil de 813 ans d’histoire. L’urgence va aux toitures sur lesquelles ont été jetées des bâches de protection pour mettre un terme aux dégradations.
L’âme des templiers
L’étape suivante portera sur la restauration de la partie XIXe afin d’être rapidement habitable. La cour intérieure sera elle aussi nettoyée et ramenée à son niveau d’origine et probablement son pavage. Elle retrouvera aussi sa galerie qui permettait au commandeur de se déplacer au niveau du premier étage, le long de l’aile nord, depuis ses appartements vers les dortoirs et le réfectoire.
Le réfectoire constitue un élément surprenant dans l’aile est donnant sur la vallée. L’escalier de pierre, circulaire, tourne dans un sens et puis dans l’autre avant de déboucher sur une pièce d’une surface de 18 mètres sur 8. Celle-ci est agrémentée d’une vaste cheminée accolée à la tour-clocher. Elle est surplombée d’un plafond à caissons relativement bien conservé.
Une dendrochronologie sera pratiquée afin de dater les pièces de bois et en connaître l’année de réalisation. Le public pourra découvrir une partie de la commanderie dès cet été comme l’espère son propriétaire. Et, d’expliquer : “Je me lance dans ce projet par rapport à mes racines familiales et également à l’âme de ce lieu où 500-600 templiers ont travaillé et prié, peut-être plus d’une centaine sont enterrés côte à côte dans le cimetière. Je le vis comme une chance.”
“C’est un lieu avec une personnalité extraordinaire et de la force, complète Bernadette Aguttes. La partie XIXe sera prochainement très confortable.”
Claude Aguttes présente son projet de restauration dans une vidéo sur Youtube :