En agriculture, le recours au service de remplacement est un vrai projet d'entreprise
Pour le président du Service de Remplacement Auvergne-Rhône-Alpes, Christophe Chatet, agriculteur dans l'Allier, le dynamisme du réseau doit passer par davantage de communication et d’informations auprès des futurs salariés et employeurs agricoles.
Pour le président du Service de Remplacement Auvergne-Rhône-Alpes, Christophe Chatet, agriculteur dans l'Allier, le dynamisme du réseau doit passer par davantage de communication et d’informations auprès des futurs salariés et employeurs agricoles.

L’activité du Service de Remplacement en agriculture connaît-elle une diminution en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Christophe Chatet : Il s’agirait plutôt du contraire, puisque la baisse du nombre d’agriculteurs et le maintien de l’activité du Service de Remplacement en agriculture font automatiquement augmenter le nombre d’heures par adhérent.
Accidents, maladies, congés maternité et paternité : dans le top 3 des motifs de recours des agriculteurs au Service de Remplacement
Si le principal motif de recours au service de remplacement reste les accidents et les maladies, nous notons tout de même une augmentation d’heures relatives aux demandes de congés maternité et congés paternité. Autre changement notable : cette année fut la première durant laquelle le motif de congés loisirs a été le plus plébiscité par les agriculteurs adhérents, dont le nombre est passé de 14 à 17 jours il y a deux ans.
Les agriculteurs recourent davantage au Service de Remplacement dans les territoires d'élevage laitier
Christophe Chatet : Le Service de Remplacement est davantage utilisé dans les territoires où l'élevage laitier domine. En Savoie, nous trouvons facilement des agents formés pour traire les vaches ou fabriquer de fromages. Mais dans certains départements, comme l’Allier, nous peinons à trouver des personnes qualifiées pour travailler sur des machines mécanisées, comme les tracteurs.
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Le Service de Remplacement en agriculture recherche des salariés
Christophe Chatet : À titre d’exemple, le département de la Loire compte beaucoup d’adhérents au Service de Remplacement, mais rencontre des problèmes de recrutement. À l’inverse, dans l’Allier, certains secteurs fonctionnent bien, tandis que d'autres sont pénalisés par un manque de salariés à mettre en relation avec les agriculteurs. Nous rencontrons donc tous les cas de figure. C’est pour cela que nous devons davantage travailler sur le recrutement des salariés en agriculture. De leur côté, les agriculteurs doivent intégrer le Service de Remplacement comme un projet d’entreprise et faire le pas vers nous. Parallèlement, nous faisons face à un marché de l’emploi très compliqué.
Le métier de salarié agricole a pourtant du sens, et le Service de Remplacement est un très bon moyen pour rentrer dans le monde agricole et se former. La communication que nous effectuons auprès de France Travail, des missions locales et des écoles est donc primordiale.
Pour aller plus loin Consultez toutes les offres d'emploi en agriculture proposées par le Service de Remplacement
La Haute-Savoie, département pilote pour améliorer la qualité de vie et les conditions de travail dans les services de remplacement en agriculture
Christophe Chatet : Le projet « qualité de vie et conditions de travail dans les services de remplacement » est porté à l’échelle nationale, mais s’est inspiré d’un travail déjà mené en Haute-Savoie.
L’objectif est d’améliorer les conditions de travail des agents de remplacement et des agriculteurs pour lesquels ils travaillent en définissant quelles sont les meilleures relations à mettre en place.
Nous considérons que c’est un point essentiel et sécurisant. La phase de concertation est en cours jusqu’à la fin de l’année, et porte sur plusieurs thèmes, dont le remplacement en situation quotidienne et en situation d’urgence, ainsi que l’accueil du salarié agricole. Nous espérons que les solutions se dessineront au cours des prochaines années.
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24 % des exploitations agricoles d'Auvergne-Rhône-Alpes font appel au Service de Remplacement
Depuis fin 2023, la moitié des exploitants agricoles a plus de 50 ans et un tiers aura atteint l’âge légal de départ à la retraite dans les dix prochaines années. Cette situation démographique ne représente pas seulement un problème pour la souveraineté alimentaire du pays. À terme, elle affectera également certains appuis et soutiens aux exploitations agricoles, comme le service de remplacement. Il constitue pourtant un rouage essentiel à la vie quotidienne des exploitations. À l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 44 Services de Remplacement regroupent plus de 10 000 adhérents, soit 24 % des exploitations, et 2 310 salariés disponibles pour travailler.
Stéphane Bonne, jeune agriculteur installé en Gaec dans l'Ain depuis 2016 et président du service Agri Emploi de l’Ain utilise régulièrement le Service de Remplacement
« Nous avons utilisé le service pour mon associé qui était président d’une coopérative laitière et également vice-président de la chambre d’agriculture. Comme il était souvent absent, nous voulions plus de confort de travail avec un remplacement le week-end, notamment pour la traite du samedi soir et du dimanche soir. Mais nous l’utilisons également pour les congés loisirs !
Beaucoup d’agriculteurs ne voient que le coût, sans penser aux aides qui existent, comme le crédit d’impôts ou les enveloppes de certains départements. »
Afin d’attirer et de sensibiliser davantage de salariés et d’adhérents, de nombreuses interventions sont menées dès les formations agricoles ou lors des stages d’installation en agriculture.
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