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La fièvre Q en questions

Zoom sur la fièvre Q, une maladie bactérienne affectant les ruminants, mais également l’Homme.

L’assemblée générale du Groupement de défense sanitaire a laissé place à une intervention de Brigitte Trezzani, vétérinaire Responsable Gammes Biologie chez Ceva Santé Animale.

D’où vient cette maladie ?

Ce n’est pas une nouvelle maladie, elle a été décrite dès les années 30 suite à l’investigation d’épisodes fébriles chez des travailleurs dans un abattoir en Australie. Le « Q » qui figure dans le nom de la maladie est l’initiale de l’anglais « query », témoignant des questions soulevées par le foyer de maladie qui a frappé ces employés. L’agent pathogène responsable de la maladie, Coxiella burnetii, a quant à lui été identifié en 1937 par le Docteur Burnet. Il s’agit d’une zoonose, une maladie des animaux qui peut infecter les humains.

 

Est-elle suffisamment connue ?

J’ai coutume de dire que pour les vétérinaires, c’est un véritable jeu de piste. On n’y pense pas instinctivement, il faut procéder par élimination. La fièvre Q touche plus d’un élevage bovin sur trois, un élevage ovin sur deux et près de deux élevages caprins sur trois. Pourtant une étude récente montre que seul un éleveur sur dix perçoit un risque élevé d’introduction de cette maladie dans les élevages. Il semble donc que cette infection soit méconnue et sous- estimée, malgré ses conséquences pour la santé de l’homme et des troupeaux, et son impact économique. Pour les médecins généralistes également, cette maladie est très peu connue et le diagnostic est long.

 

Comment pourrait-on la définir ?

La fièvre Q est une maladie bactérienne due à Coxiella burnetii (Cb) affectant de nombreuses espèces animales, dont l’ensemble des espèces de ruminants et les hommes. Elle est très présente et assez facile à détecter chez les chèvres et les moutons. Elle passe souvent plus inaperçue chez les bovins laitiers et allaitants. Cette bactérie se caractérise par l’existence d’une forme de survie (pseudospores) qui lui permet de résister durablement dans l’environnement.

 

Chez les bovins allaitants, quels sont les principaux signes cliniques qui doivent alerter ?

Les signes d’appels se situent au niveau de la reproduction principalement. Des avortements en fin de gestation, des mortalités embryonnaires précoces ou encore des retours en chaleur retardés, des non-délivrances, des métrites, des veaux prématurés, faibles, sont rencontrés chez les bovins. Une fertilité qui se dégrade doit également alerter : taux de réussite à l’IA de plus en plus faibles notamment.

 

Quels prélèvements effectuer lors d’avortements chez les bovins en cas de suspicion de fièvre Q ?

Lors d’avortements répétés chez les bovins, la fièvre Q fait partie avec la néosporose et la BVD des trois agents à rechercher en première intention (protocole OSCAR). Les études menées dans les élevages avec avortements imputables à la fièvre Q montrent que la/les vache(s) ayant avorté peuvent être encore séronégatives au moment de l’avortement, la séroprévalence au sein du troupeau est en revanche le plus souvent élevée. Il est donc préférable de combiner PCR et ELISA, selon les animaux concernés.

 

Mon élevage est atteint de fièvre Q, que faut-il faire ?

Cela passe par deux aspects principalement : la vaccination et la biosécurité. Tout d’abord, vacciner les animaux vis-à-vis de la fièvre Q afin de limiter les avortements, améliorer la fertilité et diminuer l’excrétion de bactéries par les animaux dans l’environnement. En parallèle, mettre en place des mesures renforcées de biosécurité autour des mises-bas et des avortements (isolement des femelles qui mettent bas, port de masque et de gants pour collecter les avortons et placentas, stockage de ces derniers dans un contenant hermétique avant éliminimation...). Egalement, gérer de façon appropriée les effluents (fumier en particulier) : conditions de stockage à l’abri du vent, bâchage éventuel, manipulation par temps calme et humide, compostage des fumiers et enfouissement immédiat après épandage.

Au fil de l’AG

« L’action des GDS est celle d’une armée en temps de paix »

« Comme toutes les armées, elle coûte trop cher, mais on découvre ses vertus en temps de guerre ou de crise, tout en regrettant de ne pas l’avoir suffisamment entretenue avant », évoque Richard Moine, le président du GDS.


Le point sur les pathologies principales chez les bovins.

• IBR et BVD : Le bilan de la campagne révèle 95,32% des cheptels indemnes pour l’IBR et 96% des troupeaux en suivi favorable en BVD. « La notion d’élevage non conforme avec des restrictions aux mouvements pour les animaux issus de ces troupeaux a été introduite avec les récents arrêtés IBR ou BVD. Il me semblerait intéressant d’aller plus loin sur cette voie en interdisant tout mouvement d’animaux issus de ces élevages non conformes, au même titre qu’un animal non identifié. Ce serait sans doute une mesure sévère mais bien plus efficace et sécurisante pour tous nos circuits commerciaux, qui restent un point sensible pour notre sécurité sanitaire, comme nous l’a rappelé le dernier épisode IBR dans la Loire en 2022 ou dans l’Ain en ce moment. Je tiens à souligner que nous sommes vigilants sur ce point dans l’accompagnement des services de l’État dans la gestion des récalcitrants », souligne Richard Moine, le président du GDS dans son rapport moral. Et de poursuivre sur la BVD : « L’État refuse toujours de prendre un arrêté pour gérer le risque mouvement, alors qu’il a engagé le programme d’éradication dans son arrêté de 2019. De ce fait, les mesures aux mouvements ne peuvent qu’être encouragées dans l’attente d’un futur Programme Sanitaire d’Intérêt Collectif qui retardera d’autant ces mesures indispensables pour atteindre notre objectif. A ce titre, je tiens à souligner les excellents résultats obtenus cette année encore. Comme vous avez pu le constater, le GDS œuvre dans la diminution du coût de cette éradication ».

• Besnoitiose : Un sondage est actuellement proposé à tous les adhérents GDS sur la campagne de prophylaxie 2022/2023. « Le risque de contamination est multipliée par 3,3 lors de l’introduction d’animaux, attention à ne pas acheter la maladie », souligne t’on du côté du GDS.

• Paratuberculose : Une maladie insidieuse et incurable dont les plans d’assainissement sont en moyenne de 5,3 ans.

 

Sur l’ensemble des pathologies, Richard Moine rappelle le rôle de la biosécurité : « Les GDS œuvrent pour la surveillance et la prévention au sens large, comme celle préconisée par la biosécurité. À ce propos, je voudrais souligner que la biosécurité ne sauvera pas à elle toute seule la santé de nos animaux, pas plus que toute la pharmacopée disponible. C’est un outil complémentaire qui ne doit pas laisser tomber les autres moyens de lutte. Tout l’investissement engagé contre les maladies risquerait d’être remis en cause. Sur ce point, je constate avec effarement l’effet délétère des changements brutaux de politique, souvent pour des raisons économiques mais hélas avec une vue à court terme ».

 

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