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Élevage ovin
Des races de massif au pays des estives

Lors de l’assemblée générale de Rom sélection, les races locales, la biodiversité et prédation étaient au cœur des échanges à Allanche, concentrés sur la thématique pastorale. 

L’ensemble des participants a d’abord assisté à une viste d’élevage, chez Yannick et Nadège Champaix. 
© Renaud Saint-André

Pâturages d'altitude et races de montagne

L’assemblée générale de Rom sélection (Races ovines de massifs), qui s’est tenue le 3 juin à Allanche, a mis en lumière l’importance du pastoralisme et des races locales dans la préservation de la biodiversité et des territoires. Cet événement a rassemblé des experts, des éleveurs et des passionnés autour d’un thème essentiel pour l’avenir de l’élevage et de l’agriculture de montagne

Claude Soulas, chargé des questions pastorales au Collectif des races locales de Massif (Coram), a plaidé pour une production sur les estives, mettant en avant la rusticité des races locales qui permettent de mieux lutter contre les soucis sanitaires et les écarts thermiques. 

La biodiversité, c'est d'abord la pâture" (Claude Soulas, du Coram)

“Une dynamique de filière qui permet d’installer des jeunes”, estime-t-il en prenant l’exemple de la filière lait de brebis dans les Pyrénées, avec de l’hébergement pour les éleveurs et des ateliers sur place. 

Année internationale du pastoralisme

Il a également évoqué “2026 année internationale du pastoralisme” comme une fenêtre de tir pour faire évoluer favorablement les textes législatifs : “Aux races de massif d’être force de proposition.” 

Laurent Bouscarat, directeur d’Auvergne Estives, a défini le pastoralisme - collectif ou non - comme “la pratique d’un pâturage, avec exclusivement des ressources herbacées, buissonneuses ou arborées”, et a souligné que “le pastoralisme n’est pas uniquement réservé à la montagne, mais concerne aussi les marais, les zones humides comme le Mont Saint-Michel, ou les plateaux comme les Causses.” 

Aménager les estives

un troupeau ovin monte aux estives, conduit par trois bergers

Il a présenté les plans pastoraux territoriaux comme un outil pour répondre aux défis révélés par une vaste enquête auprès de 1 500 acteurs : reconquête des espaces, gestion de l’eau, ouverture d’accès, contention, etc. Il a aussi évoqué le Sommet de l’Élevage comme un tremplin pour plaider la cause pastorale. 

Depuis 2023, l’espace et les conférences sur le sujet se développent. Lieu de rencontres nationales depuis l’an dernier, l’évènement vise désormais l’international, toujours avec 2026 en ligne de mire pour l’année dédiée comme l’a souhaité la FAO (organisation de nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).

Défense de l'élevage

Le président de Rom sélection et son directeur Jérôme Gueux, ont rappelé que, “en amont de tout ça, on ne sélectionne pas la génétique de nos races uniquement sur la production, mais aussi sur leur capacité pastorale.” Comme l’a rappelé Laurent Robert, chargé de mission montagne et territoires à la Draaf Aura, “les estives sont aussi un patrimoine culturel et immatériel. Il est nécessaire de communiquer et de sensibiliser le grand public à l’importance de ces territoires et de l’élevage pastoral.” 

De quoi donner du grain à moudre au Cantalien Patrick Escure, représentant régional de la Chambre d’agriculture, qui a vertement critiqué la vision de certains membres de la commission d’enquête parlementaire chargée du sujet, soulignant que “des parlementaires imaginent ces territoires sans les animaux !”. Il appelle donc à défendre l’élevage plus que jamais, soulignant que le pastoralisme est un outil pour défendre ces espaces. 

L’impuissance face au loup 

Le Lozérien Mickaël Tichit a exprimé sa fierté de représenter la race BMC qui a su prendre le tournant d’une sélection qui cultive la rusticité et la résistance au parasitisme. Mais il se sent très impuissant par rapport au sujet de la prédation. 

Au-delà d’un certain nombre, les mesures de protection ne sont plus suffisantes. La Lozère est en train d’abdiquer.” Mickaël Tichit, éleveur lozérien de BMC. 

Claude Font, secrétaire général de la FNO, a abordé le dossier de la prédation au niveau national. Il a critiqué les mesures de protection actuelles, jugées contraignantes et inefficaces : “Pour faire face à des meutes de loups, il faudrait des meutes de chiens ! Les prélèvements liés à une estimation ne sont pas suffisants. Il faudrait des autorisations de prélèvement en fonction du niveau de prédation.” 

Lire aussi : "L'objectif, c'est zéro attaque"

Autant dire qu’à l’heure de conclure, il était évident que les défis restent nombreux, mais que les opportunités le sont tout autant, avec une année internationale du pastoralisme qui s’annonce prometteuse. 

Un million d’euros et 55 000 brebis
Rom Sélection, que préside le Lozérien Dominique Pauc, est le premier organisme de sélection de France en termes de brebis allaitantes et le troisième opérateur français dans le domaine du contrôle de performance avec 19000 brebis contrôlées dans sept départements. En 2024, Rom sélection compte 163 adhérents : quatre de plus que l’année précédente. Soit un maintien de 55000 brebis. “Et dans le contexte actuel, un maintien, c’est en soi une performance”, jugeait le directeur, Jérôme Gueux. La taille moyenne des troupeaux participants au programme est de 320 brebis. Les races concernées par ce programme sont majoritairement les suivantes : bizet, blanche du Massif central (BMC), noire du Velay, grivette, limousine et rava. Pour le schéma de sélection, 1015 visites ont été effectuées auprès des adhérents. En partenariat avec la SAS Rom, Rom sélection gère l’évaluation des béliers sur trois sites situés en Haute-Loire, en Lozère et dans le Rhône. Sur les 999 béliers entrés en station, 861 ont été vendus. Par ailleurs, 10250 agnelles ont été vendues pour la reproduction et 9141 inséminations animales ont été pratiquées. Pour son fonctionnement, le budget de Rom sélection avoisine le million d’euros, dont 400000€ de subventions publiques. 

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