Aller au contenu principal

Le film plastique alimentaire élimine les goûts de bouchons dans les vins

Des chercheurs de l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) ont publié les résultats d’une étude qui démontre que le film plastique alimentaire absorbe les composés responsables des goûts de bouchons, sans dénaturer le vin.

L’astuce était déjà connue de certains amateurs de vin, mais elle n’avait jamais fait l’objet d’une étude scientifique. C’est désormais chose faite. Les chercheurs de l’ISVV viennent de démontrer que faire tremper du film plastique alimentaire dans le vin élimine les haloanisoles, responsables des goûts de bouchon. « Initialement on cherchait à trouver l’origine de ces déviations, et à vérifier l’hypothèse selon laquelle les barriques pouvaient être impliquées, et pas seulement les bouchons. C’est ce qui nous a conduit en 2016 à mener des essais », commente Kleopatra Chira, directrice scientifique du groupe Oak Nation à l’ISVV.

Des baisses des teneurs en TCA jusqu’à - 82 % en 48 heures de contact

Les chercheurs ont réalisé leurs essais sur un vin rouge composé de 30 % de merlot et 70 % de cabernet sauvignon du millésime 2013, contaminé par des molécules de la famille des haloanisoles à la suite d’un élevage de deux ans en barrique. Du film plastique de formulation brevetée à la dose de 20 m2/hL a été mis au contact du vin pendant 48 heures. Au bout de 8 heures d’immersion, dans deux des trois barriques étudiées, des baisses respectivement de 47 % et 57 % des teneurs en TCA (trichloroanisole) ont été observées. « L’efficacité du traitement est d’autant plus remarquable que les temps de contact vin-film augmentent », observent les chercheurs. En effet, au bout de 48 heures, ces baisses étaient respectivement de 74 % et 82 %. Dans la troisième barrique, nettement moins contaminée aux TCA, les teneurs sont passées sous le seuil de détection en 48 heures « Les haloanisoles PCA (pentachloroanisole) et TBA (2,4,6-tribromoanisole) n’ont pas été détectées dans les vins analysés. En revanche, tous présentaient des traces de TeCA (2,3,4,6-tetrachloroanisole), éliminées lors des premières 8 heures de traitement », commentent les chercheurs.

Pas d’effet notable sur les paramètres œnologiques classiques

Les chercheurs n’ont par ailleurs pas constaté d’effet significatif sur les paramètres œnologiques classiques : pH, densité, alcool, acidité totale et volatile, rapport glucose/fructose, teneurs en acides malique, lactique et tartrique. Seule une augmentation légère des teneurs en anthocyanes a été détectée, sans toutefois que les scientifiques puissent l’expliquer. « La forte réactivité des anthocyanes avec les tanins fait que normalement, si ça bouge sur les anthocyanes, ça bouge aussi sur les tanins. Or ce n’était ici pas le cas », explique Kleopatra Chira. Le fait que les chercheurs ne connaissent pas la composition exacte du film, qui n’est donc pas tout à fait le même que celui que l’on trouve en supermarché, est un problème pour expliquer ce phénomène. Certifié alimentaire, le film breveté garantit toutefois l’absence de relargage de molécules du film vers le vin.

Des vins jugés plus fruités malgré l’absorption d’esters éthyliques

Du côté de l’absorption de composés aromatiques, les chercheurs dressent un double constat. « Le film plastique ne semble pas avoir d’effet sur les arômes boisés », commentent-ils. En revanche, le film absorbe certains esters éthyliques, impliqués dans les arômes fruités. Toutefois, les dégustateurs ont eu tendance à juger les vins traités plus fruités et plus boisés. « Les goûts de bouchons agissent clairement comme un puissant agent de masquage », affirment les chercheurs. Si la technique est donc efficace, elle n’est toutefois pas autorisée dans le codex œnologique. Difficile donc de pouvoir s’en servir à grande échelle. Mais si vous êtes un jour confronté à un vin contaminé, plutôt que de le jeter, vous pouvez tout à fait y laisser tremper un peu de film alimentaire. « À titre personnel j’ai vérifié, et ça marche », conclut Kleopatra Chira.

Les plus lus

<em class="placeholder">Jean-Chrisophe Delavenne, viticulteur champenois bio dans ses vignes</em>
« La lithothérapie me permet de diminuer mon nombre de traitements dans les vignes »
Jean-Christophe Delavenne, viticulteur champenois bio, expérimente la lithothérapie depuis quatre ans. Il n’y voit pratiquement…
Prix des vignes 2024 : quelle évolution par région ?

La Safer a livré son bilan 2024 du prix des terres viticoles. La tendance générale est à la baisse des prix mais le nombre de…

<em class="placeholder">Vignoble expérimental en Italie avec essai sur les hydrorétenteurs.</em>
Les hydrorétenteurs préparent leur grand retour dans les vignes

Une nouvelle génération de polymères super-absorbants issus de matériaux biologiques est en train de naître. Un espoir pour…

Vignes en Entre-deux-Mers
Prix des vignes 2024 : la baisse se généralise

Le mouvement de baisse des prix moyens à l’hectare entamé en 2022 se poursuit en 2023, selon le bilan Prix des Terres 2024 de…

<em class="placeholder">Thomas Saleilles produit désormais, en plus du raisin, du jus et des plants de grenade.</em>
Diversification viticole : « La grenade est un bon complément à la vigne »

Facilement compatible avec l’activité viticole, la grenade demande peu d’interventions. Rencontre avec Thomas Saleilles, dans…

<em class="placeholder">Tracteur Same Frutteto Pro</em>
Same - L’autoguidage sans GPS sur les Frutteto Pro
Le constructeur italien Same lance les tracteurs spécialisés Frutteto Pro toute équipée.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole