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Agroforesterie
Cultiver des arbres fruitiers en parallèle de la vigne entraîne une période de suractivité en juin

Dans le cadre de sa politique de développement durable, la cave coopérative Wolfberger, en Alsace, encourage ses adhérents à cultiver des arbres fruitiers en plus de cultiver la vigne. Si les débouchés existent avec la production d'eaux-de-vie de fruits, cela implique pour les producteurs une période de suractivité en juin. Explications.

 © J.-C. Gutner
© J.-C. Gutner

Kirsh, poire williams, mirabelle... En Alsace, la production de fruits est une tradition. Adhérent à la cave coopérative Wolfberger, Jean-Luc Ostertag dégage un peu moins de 5% de son chiffre d’affaires de l’activité arboricultrice. « Traditionnellement on avait des arbres pour la consommation familiale puis, à la demande de la coopérative dans les années 80, on s’est diversifié en faisait du verger une activité professionnelle », explique le viticulteur. Il a implanté 1,88 ha de cerisiers à proximité des 9,5 ha de vignes, afin de fournir à la coopérative les fruits destinés à produire des eaux-de-vie.

Des terroirs à vignes et à arbres fruitiers

« Les terres viticoles sont de très bons terroirs pour les cerisiers qui ont besoin de sols bien drainés, pas excessivement fertiles et bien exposés », commente Jean-Luc Ostertag. Le viticulteur n'a pas fait d'investissements spécifiques pour entretenir ses fruitiers, ses tracteurs s'adaptant tout à fait aux deux productions. " Il faut toutefois avoir un tracteur sans cabine pour éviter de casser les branches lorsqu'on travaille près des arbres", précise-t-il. Il explique que les travaux de taille des arbres ne se superposent pas, car les cerisiers peuvent se tailler en plein été ou l’hiver. Et passé 10 ans, la taille n’est plus nécessaire. « Le seul problème, c’est que la récolte des fruits a lieu la deuxième quinzaine de juin, en plein pendant la période de traitement de la vigne », note-t-il. Il invite donc les viticulteurs qui souhaitent se diversifier à être vigilants sur ce point, et à bien raisonner les ratios entre surfaces de vignes et surfaces de fruitiers au sein de l'exploitation.

Lire aussi " Agroforesterie : Les clés pour assurer un bon taux de reprise des arbres "

Deux débouchés pour les alcools de fruits

Jean-Luc Ostertag recommande également de s'assurer d'avoir des débouchés pour commercialiser les fruits avant de se lancer. Pour lui, le problème ne s'est pas vraiment posé car la cave coopérative est également propriétaire d'une distillerie et produit des eaux-de-vie de fruits. " Nous avons deux circuits de commercialisation pour nos alcools de fruits, à savoir les eaux-de-vie de bouche et les eaux-de-vie de gastronomie", expose Carole Couret,responsable commerciale et marketing chez Wolfberger. Chacun représente 50% du chiffres d’affaires. « Les eaux-de-vie de bouche sont un peu en perte de vitesse. Nous travaillons à dépoussiérer leur image et à mettre en avant leur potentiel en association dans les cocktails », rapporte Régis Syda, responsable de l’activité distillerie et président du syndicat des distillateurs et liquoristes d’Alsace.

Troquer les arômes artificiels contre les eaux-de-vie en pâtisserie

Le créneau des eaux de vie gastronomiques est de son côté nettement plus porteur. « Il y a un regain d’intérêt pour ces alcools utilisés en pâtisserie ou par les chocolatiers, relève Carole Couret, responsable commerciale et marketing chez Wolfberger. Les chefs les utilisent comme exhausteurs de goûts pour éviter d’utiliser des arômes synthétiques ou pour limiter le sucre. » Autre atout pour les eaux-de-vie : l'alcool qui leur donne un rôle de conservateur naturel. Et les émissions à succès comme Top chef contribuent à redonner de l'attrait à ces produits "made in France". « Les chefs ont à cœur de travailler avec des produits locaux ; la France et notamment l’Alsace possèdent un savoir-faire très reconnu à l’international en matière d’eaux-de-vie de fruits. » Elle indique une demande forte pour ce type d'alcool au Japon, principal marché export.  

Vins et eaux-de-vie n’ont pas les mêmes codes marketing

L’approche commerciale n’est pas tout à fait la même lorsqu’il s’agit de vendre des alcools de fruits et des vins. « Les codes ne sont pas les mêmes. Les acheteurs d’eaux de vie sont moins sensibles au packaging : les caractéristiques du produit, dont la teneur en alcool, doivent être immédiatement lisibles », indique Carole Couret. Elle estime que la saveur occupe une place prépondérante, et que les eaux-de-vie sont des produits nettement moins marketés que le vin. Pour répondre à la demande mais également pour inciter ses adhérents à produire de façon durable, selon les principes de l'agroécologie, Wolfberger a récemment relancé une dynamique de diversification auprès de ses viticulteurs. « Ceux qui ont déjà la double casquette ont tendance à délaisser la partie verger, mais on a de jeunes adhérents qui prennent le relais », note Régis Syda. D'après le responsable, l’aspect biodiversité et l’attrait pour le « consommer local », sont leurs principales motivations.

Lire aussi " L’arbre va (re) trouver sa place dans les vignes "

 

 

 

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