Analyse du vin : le Sentia d’Universal Biosensors est parfait en routine
Les appareils d’analyse étant nombreux sur le marché, nous vous proposons une série sur les derniers modèles sortis. Voici le second épisode, avec le Sentia d’Universal Biosensors.

Et si vous pouviez mesurer votre taux de SO2 libre, d’acide acétique ou d’acide malique chez vous en moins de 3 minutes ? C’est la promesse de l’analyseur Sentia d’Universal Biosensors, commercialisé entre autres par Vivelys. Il s’agit d’un potentiostat portable qui « exécute des méthodes de détection électrochimique », introduit l’entreprise. Il peut actuellement titrer 6 paramètres : acide acétique, SO2 libre, fructose, glucose, acide malique et acidité titrable.
Cet analyseur, de la taille d’un téléphone portable, se comporte en fait comme un lecteur. L’utilisateur l’allume, choisit son menu, insère une languette contenant des réactifs, et dépose une goutte de vin. Les réactifs se dissolvent et réagissent avec le vin, tandis que l’appareil fournit de l’électricité aux électrodes de la bande. « Des électrons sont par conséquent transférés à la surface de l’électrode en bande, et le courant généré à partir de cet échange d’électrons est mesuré à l’aide de techniques électrochimiques, poursuit l’entreprise. En l’espace de quelques secondes ou minutes tout au plus, le résultat s’affiche. »
Un gain de temps, de réactivité et d’autonomie
Sandra Duboscq, œnologue conseil chez SD Consulting, dans le Médoc, en Gironde, en est équipée depuis août 2024. Depuis les vendanges 2024, elle s’en sert quotidiennement et ne tarit pas d’éloge à son sujet. « C’est un outil nomade de terrain, témoigne-t-elle. Il permet un gain de temps, de réactivité et d’autonomie. » Elle estime que l’outil est particulièrement utile en routine, pour l’analyse des paramètres de base. « Cela permet de suivre les fermentations et l’élevage, décrit-elle, mais n’affranchit pas d’analyses de contrôle en laboratoire, pour le SO2 total et le suivi microbiologique notamment. »
Après avoir comparé les résultats du Sentia avec des analyses Cofrac, elle juge l’appareil « extrêmement fiable ». Une assertion confirmée par Guillaume Baron, vigneron au Clos de Barthassade, à Aniane, dans l’Hérault. Il a acquis le Sentia pour mesurer le SO2 libre depuis le mois d’août 2024 et a, à plusieurs reprises, fait les analyses en double, Sentia et laboratoire. Et son verdict est clair : l’outil est très précis.

Jérémy Jung, vigneron au Domaine Tropez, à Gassin, dans le Var, est pour sa part équipé depuis 2021, afin d’analyser les taux de SO2 libre de ses vins avant mise. Comme ses collègues, il confirme que les valeurs affichées par le Sentia sont très proches de celles des laboratoires d’analyse. « Au départ, je comparais les deux pour connaître le delta entre les deux mesures, rapporte-t-il. Le delta est toujours le même, la valeur obtenue est très fiable. »
Ni calibration ni maintenance à effectuer
Autre atout, la simplicité d’usage de l’appareil est mise en avant par tous les utilisateurs. « À part pour le malique et le fructose où il y a une petite dilution à effectuer, c’est enfantin », assure Sandra Duboscq. Elle trouve l’interface très simple. L’utilisateur choisit entre essai, « settings » et historique à l’aide d’un stylet et se laisse ensuite guider. Les temps impartis pour insérer la bandelette et déposer le vin sont suffisamment longs pour ne pas stresser l’utilisateur. Jérémy Jung souligne néanmoins qu’il est important d’échantillonner au dernier moment, afin de ne pas fausser les résultats. « Si on attend 15 ou 20 minutes, les valeurs sont un peu déviantes », insiste-t-il.
D’un point de vue pratique, l’analyseur ne nécessite aucun entretien, étant donné que seule la languette entre en contact avec le boîtier. Un coup de chiffon de temps à autre, et le tour est joué. L’œnologue bordelaise nettoie en plus les micropipettes qu’elle emploie pour les dilutions, afin de ne pas jeter les embouts trop souvent. Sandra Duboscq plébiscite également le fait de ne pas avoir de calibration ou de maintenance à réaliser. Il suffit de connecter l’appareil à internet et il effectue seul les mises à jour. « C’est déroutant de simplicité », se réjouit-elle.
Disposer d’un réfrigérateur pour les bandelettes
À ce jour, aucun utilisateur contacté n’a eu de panne de l’analyseur. En revanche, une fois, Jérémy Jung a reçu un lot de bandelettes défectueuses, qui ont été remplacées par l’entreprise. À noter que les bandelettes ont une DLUO (date limite d’utilisation optimale) comprise entre 12 et 24 mois.
Les trois utilisateurs constatent une bonne autonomie de l’appareil. Sandra Duboscq n’a par exemple dû recharger que deux fois le Sentia en sept mois d’utilisation quotidienne. En revanche, elle souligne qu’un réfrigérateur est nécessaire pour conserver les bandelettes. Lorsqu’elle se rend chez ses clients, elle les met dans un sac isotherme. Jérémy Jung estime d’ailleurs que c’est l’inconvénient de l’appareil. Pour des questions d’organisation, à chaque analyse, il sort toute la boîte de bandelettes et oublie parfois de la remettre au frais après analyse.
Sandra Duboscq estime que le retour sur investissement est bon puisque le lecteur coûte 2 150 euros, auxquels il faut ajouter le coût des consommables. Elle a calculé qu’en languettes, elle s’en sort pour 2,25 euros par analyse de SO2 libre par exemple, contre 3,50 ou 4 euros dans un laboratoire. De plus, il y a moins de pertes de vin puisque au lieu de devoir apporter une bouteille au laboratoire, on a juste besoin d’une goutte.
Le bémol est que pour chaque analyse, on emploie une bandelette que l’on jette derrière, ce qui génère des déchets. Raison pour laquelle Guillaume Baron lui préfère l’Œnofoss pour toutes les autres analyses.
repères
Sentia d’Universal Biosensors
Objectif : doser acide acétique, SO2 libre, fructose, glucose, acide malique et acidité titrable.
Technologies employées : électrochimie (voltamétrie à onde carrée et ampérométrie) couplée à des algorithmes d’apprentissage.
Principal atout : gain de temps, de réactivité et d’autonomie.
Prix : 2 150 euros pour l’appareil, plus les consommables. Compter par exemple 56,25 euros pour 25 bandelettes SO2 libre, 88 euros pour 25 bandelettes acide malique ou encore 100 euros pour 25 bandelettes acide acétique, et ajouter les frais de port, les bandelettes provenant d’Australie.