Analyse du vin : le Nomad d’Alimpex, une boîte de Petri 3.0
Les appareils d’analyse étant nombreux sur le marché, nous vous proposons une série sur les derniers modèles sortis. Voici le troisième épisode, avec le Nomad d’Alimpex.

Un outil de suivi d’hygiène de chai aussi simple et précis qu’une boîte de Petri ? C’est le concept de base qui a conduit à la naissance de Nomad, un petit kit d’analyse de chai quantitatif et semi-qualitatif. Jetable, il contient un milieu nutritif permettant aux colonies de levures, bactéries et moisissures de se développer, à l’instar d’une boîte de Petri.
L’utilisateur réalise un prélèvement solide ou liquide et ajoute quelques millilitres d’eau dans le Nomad. Il met la languette au contact de l’eau durant 30 secondes, puis il démarre l’incubation. Au bout du temps indiqué, qui est fonction des germes (3, 5 ou 7 jours), l’utilisateur prend une photo avec son Smartphone et l’envoie sur la plateforme d’Alimpex via un QR Code. Une IA dénombre alors les colonies de micro-organismes et peut les identifier.
Elle sait discriminer 32 germes, parmi lesquels les Saccharomyces cerevisiae, des Pediococcus, des Lactobacillus, les germes de l’eau, et les Brettanomyces. « On est en semi-qualitatif, précise Jérôme Sciacchitano, dirigeant d’Alimpex. Cela signifie que l’intelligence artificielle sait parfaitement dénombrer les colonies et donne une indication sur le type de germes en fonction d’un indice de confiance exploitable en expertise. En général, le client fait uniquement les observations en CFU (unité formatrice de colonie) et en déduit son niveau de contamination. » La connaissance du type de germe « est plutôt réservée aux consultants ou œnologues, pour déceler les contaminations croisées et en tirer des hypothèses », poursuit-il. Le test vaut 15 euros, auquel il faut ajouter le coût de l’abonnement, qui est de 160 euros par an pour trois utilisateurs.
Des résultats corroborés par des analyses de laboratoire
Selon Aurélie Melleray, directrice technique du Domaine Montemagni, à Patrimonio, en Corse, l’appareil tient ses promesses. Elle s’en est équipée à la veille des vendanges 2024, afin de vérifier la qualité de ses pratiques d’hygiène. Et là, quelle n’a pas été sa surprise ! « Nous nous sommes aperçus que nous avions un gros problème au niveau du réseau d’eau dont nous nous servons pour laver le matériel de chai, relate-t-elle. Nous y avons trouvé des Candida et des Pseudomonas ! »

Un rappel automatique pour la prise de photos
Le kit en lui-même satisfait les deux utilisateurs. La directrice technique le juge très simple d’utilisation. « Il faut juste se discipliner pour respecter le temps d’incubation nécessaire », indique-t-elle. « C’est très intuitif, complète Nathan Namur. Tout est bien expliqué et même un opérateur non formé peut s’en servir en suivant les dessins de la boîte. » Il affectionne particulièrement la vitesse d’obtention des résultats. « En 72 heures on a les premiers, alors qu’en laboratoire, c’est beaucoup plus long », observe-t-il.
Aurélie Melleray apprécie pour sa part que l’interface lui rappelle automatiquement de prendre des photos lorsque le laps de temps est écoulé par alerte calendrier ou par e-mail. Elle l’emploie sur tous types de matériels, de la récolte au bec de tireuse. Et depuis qu’elle en est équipée, elle a fait évoluer sa procédure d’hygiène. « J’ai changé le cumulus pour avoir de l’eau plus chaude », cite-t-elle. Elle a également rallongé le temps de contact entre le désinfectant et le matériel de 20 minutes et alterne davantage les matières actives des nettoyants.
Sa prochaine étape sera de tester le nettoyage enzymatique, afin de venir à bout des biofilms. Et pourquoi pas, de diminuer les doses de produits. « Je vais peut-être tester des doses de 2 % au lieu de 4 % par exemple », illustre-t-elle. Elle estime que le Nomad est rentable : une analyse lui revient à 45 ou 50 euros, contre 75 euros en laboratoire, « sans compter le temps économisé car on n’a pas à se déplacer jusqu’au laboratoire ». Le seul bémol de cet appareil est le fait que cela génère un déchet à chaque analyse, « mais au même titre que l’ATPmétrie », nuance Nathan Namur. Les kits sont à éliminer dans la poubelle classique, comme une boîte de Pétri. « On préconise de mettre de la javel sur les Nomads », informe Jérôme Sciacchitano.
Découvrez tous nos articles consacrés aux appareils d’analyses sur notre site internet
Retrouvez le premier épisode de notre série dédiée aux matériels d’analyse avec le Chronos d’Œnobiote, qui permet de quantifier chez soi les micro-organismes d’un échantillon.
Découvrez le second épisode qui se concentre sur Sentia, d’Universal Biosensors, un appareil portable qui dose l’acide acétique, le SO2 libre, le fructose, le glucose, l’acide malique et l’acidité titrable en moins de 3 minutes.
repères
Nomad d’Alimpex
Objectif : quantifier et identifier les micro-organismes présents dans un échantillon.
Technologies employées : microbiologie couplée à des algorithmes de comptage.
Principal atout : rapidité.
Prix : 15 euros le kit jetable, plus abonnement de 160 euros par an pour 3 utilisateurs, 520 euros par an pour 5 utilisateurs.