Aller au contenu principal

Quel avenir pour les cultures de diversification ?

Pour accroître les surfaces dédiées aux cultures de diversification, il faudrait que les débouchés vers des marchés plus rémunérateurs se développent, à la fois pour la matière brute et les métabolites secondaires. Telles sont les conclusions une étude commandée par le ministère de l’Agriculture et réalisée par Ceresco en partenariat avec B4C et l’URD ABI d’AgroParisTech. 

Culture de lin
Le lin fibre fait partie des treize culture de diversification observées dans l’étude.
© Bruno Compagnon

Dans le cadre de la transition agroécologique, la politique agricole française vise une augmentation conséquente des cultures de diversification riches en protéines ou présentant un fort intérêt agro-environnemental. Le travail réalisé dans le cadre d'une étude du Ceresco intitulée « Analyse de tendance de la valorisation nationale des produits et coproduits végétaux » a porté sur treize cultures de diversification : sept légumineuses (soja, pois, féverole, lupin, lentille, pois chiche, luzerne), trois oléagineux (tournesol, colza, lin) et trois cultures à vocation non alimentaire (chanvre, lin fibre, miscanthus).

Lire aussi : nos articles sur les cultures de diversification

 

Difficultés techniques, économiques et logistiques pour les plantes à fibre

En ce qui concerne les plantes à fibres, plusieurs éléments pourraient contribuer à leur essor : certifications de traçabilité et d’origine des fibres végétales pour les marchés textiles, incitation à l’utilisation des matériaux biosourcés à faible empreinte carbone dans la construction (Réglementation environnementale RE2020), appui par la commande publique, etc. Malgré ces tendances, ces cultures sont confrontées à des difficultés techniques, économiques et logistiques qui freinent leur introduction dans les assolements. 

 

Prix de vente insuffisants

« Hors colza et tournesol, les cultures de diversification représentaient, sur la période 2015-2020, moins de 6 % de la surface agricole utilisée (SAU) nationale » note l’étude qui pointe différents freins : difficulté à produire du soja sans irrigation, manque de diversité génétique en lentilles et pois chiches, difficile gestion des ravageurs en l’absence de produits phytosanitaires suffisamment efficaces…  

Par ailleurs,  les prix de vente des cultures de diversification ne sont pas suffisamment élevés pour compenser les rendements plus faibles souligne l’étude. Ce constat est surtout valable dans les zones où sont déjà présentes des cultures industrielles (pomme de terre, luzerne, betterave) ou d’autres cultures spécialisées (légumes, semences), qui génèrent elles des marges à l’hectare élevées.

« Les débouchés se limitent trop à l’alimentation animale ou à l’exportation sous forme brute »

L’étude souligne aussi des contraintes de nature logistique. Selon elle, les quantités disponibles sont insuffisantes pour atteindre les volumes critiques aux différentes échelles (locale, régionale, nationale), qui permettraient de rentabiliser les activités de chacun des maillons de la chaîne de valeur. « De ce fait, les infrastructures et la recherche amont et aval ne se développent pas » avance-t-elle. Autre fait marquant : les débouchés se limitent trop à l’alimentation animale ou à l’exportation sous forme brute, ce qui est peu rémunérateur. A l’inverse, les débouchés pour l’alimentation humaine ou les utilisations non alimentaires, davantage créateurs de valeur ajoutée, sont peu développés.

etude

Une multiplication des surfaces  par 1,5 à 3

Dans l’hypothèse d’augmentation des surfaces, en accord avec les objectifs affichés par les différentes stratégies nationales et européennes (Stratégie nationale en faveur du développement des protéines végétales, Green Deal…),selon les cultures, cela se traduirait d’ici à 2035 par une multiplication des surfaces par 1,5 à 3. 

En combinant l’augmentation des surfaces et les valorisations futures, l’étude estime que la croissance de l’offre serait plus importante que celle de la demande, sur les marchés les plus rémunérateurs (utilisation non alimentaire ou alimentation humaine). Donc en 2035, les volumes et la part de produits bruts orientés vers la nutrition animale augmenteraient fortement et représenteraient plus de 80 % des surfaces de cultures de diversification, ce qui aggraverait le déficit de compétitivité des filières.

« Il sera de plus en plus nécessaire de valoriser les coproduits »

Selon l’étude, une valorisation plus complète des produits et coproduits végétaux issus de cultures de diversification sera nécessaire pour renforcer leur compétitivité. « Il sera de plus en plus nécessaire de valoriser les coproduits : ils représentent 40 % des volumes récoltés et seulement 26 % des chiffres d’affaires générés » affirme l’étude qui pointe cinq défis à relever. Ils concernent la concentration en protéines des produits issus de légumineuses, la valorisation de l’huile de soja, la conservation des légumineuses fourragères, la valorisation des coproduits de plantes à fibres et l’extraction des métabolites secondaires.

Il est à noter que depuis la date de réalisation de l’étude (juillet 2022), un Plan de structuration des filières protéines végétales a été lancé par le MASA en 2022. « Sous l’effet conjugué de ce plan et d’une dynamique générale porteuse, la structuration de ces filières a progressé pour leur permettre d’engager un positionnement sur les marchés les plus rémunérateurs » conclut l’étude.

Les plus lus

Carte des zones réglementées et vaccinées liées à la DNC au 5 novembre 2025.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : une partie du Rhône et la Loire passent en zone vaccinale

La zone réglementée DNC 2 couvrant une partie du Rhône, de la Loire et de l'Isère depuis le 18 septembre, évolue en zone…

Agriculteur faisant une déclaration de MAEC sur son ordinateur dans le cadre de la PAC.
Aides PAC 2023-2027 : quelles sont les productions affectées par la réforme ?

Après la réforme de la PAC entre 2022 et 2023, les aides PAC ont changé pour 61 % des exploitations, avec 27 % en baisse et 34…

Parc de machines agricoles en élevage laitier en Maine-et-Loire
Coûts de mécanisation en agriculture : « Il y a encore des économies possibles, d’environ 17 600 euros par an et par exploitation dans les Pays de la Loire »

Une étude de l’Union des Cuma des Pays de la Loire pointe des économies sur les charges de mécanisation réalisables pour 60…

Cartes des foyers de FC03 et FCO8 depuis le 1er juin 2025
Les cas de FCO 3 et 8 progressent toujours sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 6 novembre, 6621 foyers de FCO de sérotype 3 et 3075…

Gendarmes contrôlant une camionnette blanche
DNC : 8 verbalisations sur 679 points de contrôle des mouvements de bovins

La ministre de l’Agriculture fait le point sur les contrôles renforcés visant les mouvements illicites de bovins, responsables…

Carte des cas de DNC en Catalogne au 21 octobre 2025.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine : en Espagne, le nombre de cas de DNC grimpe à 17

Le dernier bilan fait état de 17 foyers de DNC enregistrés en Catalogne soit sept de plus en une semaine. 

 …

Publicité